10 choses à savoir sur Geoffroy Roux de Bézieux, nouveau patron du Medef

Revue de Presse

Cet entrepreneur des télécoms succède à Pierre Gattaz à la tête du Mouvement des entreprises de France, qu’il veut transformer en ‘force de propositions’.

1 Obstination

Dix ans, au minimum, qu’il visait le poste. En 2010 déjà, Geoffroy Roux de Bézieux avait songé à se présenter contre Laurence Parisot, avant de reculer. Candidat en 2013, il avait échoué dans la dernière ligne droite face à Pierre Gattaz. Cette fois, il lui a fallu aller jusqu’au vote de l’assemblée générale du Medef pour l’emporter sur Alexandre Saubot, le représentant de l’UIMM, la puissante fédération de la métallurgie. Une issue contraire aux traditions du patronat : jusqu’à présent, les candidats en lice finissaient toujours par se ranger derrière l’un d’entre eux avant le scrutin, afin de préserver un semblant d’unité. 

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2 Télécoms

Roux de Bézieux aime à se présenter comme un ‘serial entrepreneur’. Après dix ans chez L’Oréal, il a fondé en 1996, à 34 ans, les magasins The Phone House, revendus en 2000. Il a ensuite créé en 2006 un opérateur mobile, Virgin Mobile, cédé en 2014 à Patrick Drahi. Depuis, The Phone House a fermé toutes ses boutiques, et la quasi-totalité des salariés de Virgin Mobile ont quitté l’entreprise. ‘Il a su créer des business au bon moment, qu’il a su revendre au bon moment’, résume Jean-Claude Volot, une des figures du patronat. Roux de Bézieux est désormais à la tête d’un fonds qui possède notamment les huiles et boutiques Oliviers & Co.

3 Armée

Descendant d’une famille lyonnaise anoblie au XVIIIe siècle, Roux de Bézieux a grandi à Neuilly-sur-Seine en vouant un culte à son père, Bruno, longtemps légionnaire avant de devenir banquier. D’où son choix, à la sortie de l’Essec, d’aller faire son service chez les commandos marine, avec lesquels il a servi à Djibouti et au Liban. Il reste aujourd’hui officier de réserve dans la marine.

4 Milton Friedman

Quand on l’interroge sur ses influences politiques, Roux de Bézieux évoque d’abord Tocqueville et affirme : ‘Quand l’Etat s’occupe d’autre chose que du régalien, il se perd.’ Avant de mentionner l’économiste américain Milton Friedman  :

‘Attention, Friedman explique que la liberté économique amène la liberté politique, pas le monétarisme du capitalisme sans foi ni loi. 

Je pense que la liberté est supérieure à l’égalité, notamment parce que c’est grâce à elle que les hommes innovent. Mais parallèlement, chacun doit être responsable de ses actes.’

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5 Macron

Le nouveau patron du Medef a rencontré en 2007 celui qui allait devenir chef de l’Etat dix ans plus tard, quand tous deux participaient à la commission Attali – Macron, tout jeune haut fonctionnaire, en était le rapporteur adjoint. ‘Mais je ne suis absolument pas un intime’, prévient Roux de Bézieux, qui a voté Sarkozy en 2007 et en 2012.

Et en 2017, Macron ou Fillon ? Silence radio.

6 Propositions

Après le ‘Medef de combat’ de Gattaz, Roux de Bézieux prône un ‘Medef de propositions’ :

‘En face de nous, nous avons un gouvernement que je ne qualifierais pas de ‘pro-business’, mais qui, au moins, connaît l’entreprise et réforme. Il faut donc dépasser la posture défensive pour proposer des changements. Notamment pour anticiper l’impact sur l’économie des mutations technologiques phénoménales en cours.’

7 Partage

Roux de Bézieux se veut le chantre du partage de la valeur ajoutée entre actionnaires et salariés. Chez des anciens de Virgin Mobile, le souvenir est là-dessus contrasté  : ‘L’intéressement dépassait à peine 1.000 euros quand tout allait bien, et le plan d’épargne d’entreprise n’était pas abondé par la société, raconte l’un d’eux. Et quand Virgin a été vendu à Drahi, chaque salarié a touché 1.800 euros alors que les neuf plus gros cadres se sont partagé 10 millions d’euros.’

8 Rugby

Avec la chasse, c’est l’autre grande passion de sa vie. Il a longtemps joué ouvreur ou trois-quarts centre dans une équipe baptisée les ‘Black Pampers’, où il a croisé d’autres futurs grands patrons comme Laurent Mignon (BPCE), Jean-François Palus (numéro deux de Kering), Olivier Wigniolle (Icade), Pascal Lebard (Sequana)…

9 Prélèvement à la source

C’était le dossier que Roux de Bézieux, vice-président du Medef ces cinq dernières années, devait faire capoter. En vain, comme ne manquent jamais de le rappeler ses détracteurs dans le monde patronal. Leur reproche principal ? C’est un bon communicant, pas un homme de dossier.

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10 Patriotisme

Partir en Belgique pour payer moins d’impôts ? Roux de Bézieux jure qu’il n’y a jamais pensé  : ‘Il aurait fallu un taux d’imposition de 95%, et encore… Je suis profondément patriote.’ A ceux qui ont cédé à la tentation, il veut dire que ‘c’est le moment de revenir’ :

‘Il faudra bien démontrer, d’ici à deux ou trois ans, que la suppression de l’ISF a été efficace.’

Source :   nouvelobs.com (3 juillet 2018)