Ca se passe en Europe : les inégalités sociales ne cessent de s’accroître en Italie

Revue de Presse

Italiens risquent de passer sous le seuil de pauvreté. Une hausse de 3,5 points en deux ans malgré le retour, timide mais réel, de la croissance.

La peur et la colère ont été les deux moteurs qui ont propulsé les deux partis anti-système  lors des dernières élections législatives en Italie . Au nord, qui a promu la Ligue, celles du déclassement social et de l’appauvrissement des classes moyennes, avec une globalisation qui rime souvent avec délocalisation dans des régions denses en PME/PMI.

Au sud, qui a fait triompher le M5S, celles de l’abandon de la part d’un pouvoir central qui ne fait pas figurer au rang de ses priorités un Mezzogiorno accusant de profonds retards économiques et d’infrastructures. Le taux de chômage y est le triple de celui enregistré dans les régions septentrionales et le taux de pauvreté bien plus important.

23 % des Italiens au seuil de la pauvreté

Celui-ci a atteint un niveau record au niveau national, 23 % des Italiens risquant aujourd’hui de passer sous le seuil de pauvreté. Une hausse de 3,5 % en deux ans malgré le retour, certes timide  mais néanmoins réel, de la croissance .

C’est ce qu’indique une étude de Bankitalia. Il y a 10 ans, ils étaient 19,6 % dans cette situation, aujourd’hui, près de 14 millions d’Italiens vivent avec moins de 830 euros par mois. Fracture géographique puisque ce taux est de 40 % ans le Sud, mais aussi générationnelle. Quelque 30 % des personnes vivant dans la précarité et glissant dans la pauvreté sont des moins de 35 ans. Alors que 15 % des plus de 65 ans vivent dans cette condition.

Génération sacrifiée

Cette sensation de faire partie d’une génération sacrifiée est corroborée par Censis. Dans sa dernière étude, l’institut de recherche socio-économique estime que si rien n’est fait, plus de 5,7 millions de personnes risquent de rejoindre la catégorie des pauvres en 2050. Dont les plus de plus de 3 millions de «  Neet » (18-35 ans), essentiellement concentrés dans les régions méridionales, qui ont renoncé à toute perspective d’avenir à cause du manque de travail.

Il s’agit d’une véritable bombe sociale, on risque de perdre une génération entière.

A cela s’ajoutent 2,7 millions de travailleurs confinés dans une activité non qualifiée de laquelle il est difficile de sortir du fait d’un manque de formation et de perspectives professionnelles. «  Il s’agit d’une véritable bombe sociale, on risque de perdre une génération entière », s’inquiète Maurizio Gardini, président de la Confcooperative qui a mené l’étude aux côtés de la Censis.

Cette inquiétude diffuse sur l’avenir a rendu populaire la proposition phare du programme du M5S voulant introduire un revenu citoyen de 780 euros par mois. Un argument qui a permis au Mouvement de devenir le premier parti en Italie, avec plus de 32 % des suffrages au niveau national, avec des pointes de 65 % dans le Sud mais aussi des scores importants de plus de 25 % dans le Nord. De Confindustria aux syndicats en passant par les forces politiques dans leur ensemble, tous insistent sur l’obligation de la réduction des inégalités sociales. Quelque 5 % des familles détiennent 30 % de la richesse nationale.

Source : esechos.fr (15 mars 2018)