Comment Emmanuel Macron doit réformer les retraites

Revue de Presse

Ce spécialiste des retraites a inspiré la promesse de campagne du candidat d’En marche!. Il détaille les grands principes à respecter pour une véritable réforme systémique.

10000000000003e8000002ef63a72fa96320d917.jpgL’équilibre financier du système de retraite actuel est trop dépendant de la croissance future du PIB.

L’équilibre financier du système de retraite actuel est trop dépendant de la croissance future du PIB.

Source : COR

La réforme des retraites est engagée. Le haut-commissaire qui en a la charge, Jean-Paul Delevoye, a précisé le calendrier des travaux devant déboucher sur une loi en 2019. Pourquoi cette réforme ? Notre système souffre de plusieurs défauts structurels. D’abord, il est illisible, complexe, et les règles différentes entre régimes entretiennent un soupçon d’injustice délétère. Ensuite, son pilotage de long terme est déficient : l’équilibre financier du système ne peut être atteint que par hasard, si la croissance est suffisamment élevée pour compenser le vieillissement de la population. Enfin, les mécanismes redistributifs fonctionnent mal et peuvent même aller à l’opposé du but poursuivi.

L’enjeu majeur d’une réforme structurelle est de résoudre ces défauts. Une partie du débat a porté sur l’opposition entre un système de comptes notionnels, selon l’exemple suédois, et un système à points, selon l’exemple des régimes complémentaires français. Cette opposition est en partie un faux débat. Il est préférable de souligner les principes qui devraient régir, de toute façon, le futur système. En premier lieu, l’acquisition des droits à la retraite doit s’appuyer sur l’ensemble de la carrière et ces droits doivent être revalorisés selon la croissance des salaires : c’est la seule façon de garantir l’engagement de campagne « 1 euro cotisé donne les mêmes droits pour tous ». Second principe, il faut garantir l’équilibre des retraites sur le long terme par des règles d’évolution du coefficient de liquidation des pensions qui dépendent des évolutions démographiques, dont l’espérance de vie en retraite. Avec ces principes, un système à cotisation définie, en points ou en euros, offrira une garantie plus solide qu’actuellement aux assurés sur le taux de remplacement qu’ils peuvent espérer, tout en donnant des perspectives d’équilibre de long terme du système. Avec des règles communes à tous les régimes, l’accumulation des droits dans différents régimes ne posera plus de problème d’illisibilité, ni n’alimentera les soupçons d’injustice.

Ces principes étant posés, il reste d’autres choix importants à faire. D’abord, dans quelle mesure souhaite-ton aller vers une harmonisation des taux de cotisation, au-delà de l’harmonisation des règles de calcul de la pension ? A quelle vitesse mettre en place cette transition vers le nouveau système ? Comment améliorer les dispositifs de solidarité dans le nouveau système ? On ne peut qu’espérer qu’un débat public bien informé puisse présider aux discussions sur cette réforme d’ampleur qui est susceptible de marquer durablement notre système de retraite.

Source :   challenges.fr (23 juin 2018)