Critiqué par ses employés, le responsable d’une boutique Orange à Montauban tente de se suicider

Revue de Presse

Il est aujourd’hui tiré d’affaire. Mais Richard reste suivi de près au CHU de Purpan, à Toulouse, après avoir été transféré durant le week-end depuis l’hôpital d’Auch où il avait été admis en soins intensifs jeudi dernier. Ce jour-là, ce salarié d’Orange avait en effet tenté de mettre fin à ses jours dans la campagne gersoise, du côté de Cologne, en avalant des somnifères mélangés avec de l’alcool. Une bouteille de gaz ouverte était également dans sa voiture. A l’origine de ce drame, selon son épouse, sa situation professionnelle au sein de la boutique Orange, rue de la Résistance à Montauban. 

Un mode de management mis en cause

Depuis quelques semaines, le manager, cadre de 1er niveau, traversait a priori une passe très difficile en interne. Travailleur handicapé, dans l’entreprise depuis 32 ans, Richard était sous le coup d’une alerte portée par un syndicat. Trois des dix salariés de la boutique, qu’il avait sous ses ordres, se seraient plaints de son mode de management. Prenant l’affaire au sérieux, la direction d’Orange avait décidé d’ouvrir une enquête interne pour « harcèlement moral avec violence ».

Puis les deux parties ont été convoquées à Toulouse afin d’entendre leurs versions des faits. Le 5 mars, Richard a été écarté de son poste de travail, invité à ne plus se présenter à son poste tout en continuant à être payé. Une suspension à titre conservatoire pour le protéger lui-même et son équipe, assure la direction d’Orange. « Il a été mis à l’écart injustement, assure son épouse Céline, à son chevet depuis la semaine dernière. Cette situation l’a détruit psychologiquement. Cela faisait huit ans qu’il était responsable de cette boutique et il faisait très bien son travail, jusqu’à alors ».

L’épouse du malheureux estime, en outre, qu’Orange n’aurait pas respecté les règles dans ce type de situation : entretien en dehors des heures de travail, non-respect de la procédure d’enquête interne, non information du salarié. Un avocat a été saisi pour « faire respecter ses droits ».

« Pas de procédure disciplinaire »

Pour la direction, l’affaire est évidemment sensible : « « Nous avons appris, le jeudi 5 avril, que le responsable de la boutique de Montauban avait été admis aux urgences de l’hôpital d’Auch. Il n’était pas au travail au moment des faits, nous a-t-on répondu. Les informations sur son état de santé sont naturellement réservées à sa famille. Nos pensées vont bien évidemment à notre collègue et à ses proches. Nous lui souhaitons de se rétablir très vite et nous restons à sa disposition et à celle de sa famille. Il n’y a pas de projet de fermeture de la boutique de Montauban. Par ailleurs, à ce jour, aucune procédure disciplinaire n’est engagée à son sujet. Pour autant, suite à un signalement de difficultés managériales à son encontre, et conformément au droit du travail et à la politique d’Orange en matière de protection de ses salariés, une analyse de la situation est actuellement menée de façon paritaire »

Nous nous sommes rendus à la boutique d’Orange pour rencontrer les salariés qui n’ont pas souhaité s’exprimer et nous ont renvoyé vers la direction.

‘Il a un bon fond’

« Il n’y a rien de factuel dans le dossier qui permette de le mettre en cause, assure un Délégué Syndical Richard parle certes parfois un peu mal, cash comme on dit, mais beaucoup le font aussi. Il a un bon fond. Et j’observe aussi que, comme c’est habituellement le cas, dans ce type de situation, il n’y a pas eu d’arrêt maladie, avant la dénonciation.» Pour le délégué syndical, « il est triste d’en arriver là ».

Que s’est-il passé ? Le manager a-t-il failli ou les objectifs économiques ont-ils pesé sur l’ambiance générale, entamant alors la sérénité des troupes ? Souffrait-il de problèmes personnels qui se sont ajoutés à sa situation professionnelle ? Orange faisait-il peser des pressions de résultats trop forts ? Autant de questions compliquées dont on ne sait pas si elles trouveront des réponses. Le plus important étant que Richard recouvre l’intégralité de sa santé.

Source : Extrait de ladepeche.f r (10 avril 2018)