En plaçant leurs économies sur le livret A, les Français perdent de l’argent

Revue de Presse

Le livret A ne rapporte que 0,75%, c’est-à-dire moins que l’inflation. Les Français, qui ont placé 880 millions d’euros sur ce placement réglementé en juillet, y perdent donc. C’est que les placements rémunérateurs sont rares, à moins d’accepter de prendre des risques.

Le Livret A et sa rémunération négative, une fois l’inflation déduite, ne rebutent pas les épargnants. En juillet, les Français ont placé 880 millions d’euros supplémentaires sur ce placement réglementé rémunéré à 0,75%, et près de 10 milliards d’euros depuis le début de l’année. Cette collecte, légèrement meilleure que l’année précédente, porte l’encours du livret A à 281,7 milliards d’euros à la fin du mois de juillet. À titre de comparaison, l’assurance-vie a collecté 12,2 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année et son encours, six fois plus élevé que celui du livret A, s’élève à 1701 milliards d’euros.

Avec une telle rémunération, de surcroît figée par le gouvernement jusqu’en 2020, les épargnants perdent de l’argent à laisser dormir leurs économies sur le livret A. Sur la même période, les prix ont progressé de 2,3% sur un an. Alors pourquoi persistent-ils à y placer leurs deniers? Tout simplement parce que les placements garantis, sans risque et liquides, c’est-à-dire desquels il est possible de retirer facilement son argent, ne sont pas légion.

Les fonds euros de l’assurance-vie, également garantis, ont rapporté 1,8% en moyenne l’année dernière. Mais ce rendement est fiscalisé, et tous les contrats ne proposent pas, loin de là, un tel rendement. Les plans d’épargne logement (PEL) ouverts depuis le 1er août 2016 ne rapportent de leur côté plus que 1% brut, soit 0,70% une fois le prélèvement forfaitaire unique déduit. C’est aujourd’hui moins que le livret A, et les retraits y sont beaucoup plus contraignants. Quant aux livrets bancaires, ils ne sont pas plus intéressants.

Investir sur les marchés

Pour obtenir une rémunération supérieure, les épargnants sont aujourd’hui contraints de prendre des risques, ce que rechignent encore à faire une majorité de Français. Dans cet environnement de taux bas, environ 40% des flux de placements végètent ainsi tout simplement sur les comptes bancaires courants, d’après la Banque de France.

Pour booster leurs revenus, une part croissante d’épargnants, souvent parmi les plus fortunés, se risquent cependant sur les marchés financiers. Les unités de compte représentaient en juin 30% des cotisations versées sur un contrat d’assurance-vie, selon la Fédération française de l’assurance. Une évolution vue d’un bon œil par le gouvernement, qui souhaite réorienter l’épargne des Français vers le financement des entreprises. Outre l’instauration du prélèvement forfaitaire unique de 30% sur l’ensemble des revenus financiers, le prochain vote de la loi Pacte devrait donner un coup de pouce à l’épargne-retraite, souvent placée sur les marchés à un horizon long. L’Autorité prudentielle de contrôle et de régulation (ACPR) rappelle cependant qu’investir sur des unités de comptes n’est pas sans risque et nécessite, sauf à être expert, un accompagnement.

Source :   lefigaro.fr (22 aôut t 2018)