L’Etat va-t-il privatiser Orange ?

Revue de Presse

Le Premier ministre Edouard Philippe a confirmé que le gouvernement allait bientôt « céder des parties de capitaux » détenues dans différentes entreprises. Orange, dont l’Etat est le premier actionnaire avec 23% du capital, pourrait bien en faire partie.

L’Etat va-t-il se décider à privatiser Orange, ou du moins à baisser de manière significative sa part dans l’opérateur historique ? C’est bien possible. Samedi dernier, lors du forum italien The European House – Ambrosetti, à Cernobbio, Bruno Le Maire a indiqué que plusieurs privatisations allaient voir le jour. «  Je vais annoncer dans quelques semaines que nous allons privatiser certaines entreprises pour avoir de l’argent afin de financer l’innovation », a déclaré le ministre de l’Economie. A ses yeux, «  c’est une meilleure façon de dépenser de l’argent en finançant l’innovation plutôt que d’être emprisonné dans certaines compagnies qui ne sont pas stratégiques pour l’Etat français ». Au total, l’Etat espère récolter quelques 10 milliards d’euros, qui devraient être confiés à Bpifrance pour investir, notamment, dans l’industrie du futur.

Dans la foulée, Edouard Philippe a confirmé dimanche que l’Etat allait «  céder des parties de capitaux » détenues dans certaines entreprises. Mais il a nuancé les propos du ministre de l’Economie, précisant que ces cessions ne seraient pas forcément des privatisations. Parmi les entreprises qui pourraient être concernées, on trouve Aéroport de Paris (ADP), dont l’Etat possède 50,6%, la Française des Jeux (FDJ), Renault (près de 20%), PSA (près de 13%), Alstom… Mais aussi Orange. Depuis longtemps, Emmanuel Macron songe à diminuer la part de l’Etat au capital de l’opérateur historique, laquelle s’élève à 23%. Au cours actuel, de plus de 14 euros, celle-ci représente un joli pactole de près de 9 milliards d’euros.

«  L’Etat n’est jamais un actionnaire comme les autres »

Pendant la campagne, Emmanuel Macron a clairement indiqué que cette participation pourrait «  évoluer ». Pourquoi ? Parce qu’ «  Orange n’est ni une entreprise du secteur nucléaire ou de la défense, ni une entreprise assurant un service public en monopole », a-t-il affirmé au site Electron Libre au mois d’avril. Cependant, Emmanuel Macron s’est toujours montré sensible au fait qu’Orange n’en est pas moins une entreprises stratégique. Il faut dire que l’ex-France Télécom demeure – et de loin – la locomotive du Plan France Très haut débit, qui vise à déployer la fibre dans tout l’Hexagone à horizon 2022. Voilà pourquoi une privatisation totale apparaît aujourd’hui, pour de nombreux spécialistes et bons connaisseurs du secteur, pour le moins prématurée.

Interrogé par La Tribune sur une diminution de la part de l’Etat dans Orange, Bercy ne fait aucun commentaire. Chez Orange, on affirme ne pas connaître, à ce jour les intentions du gouvernement. Stéphane Richard, le PDG de l’opérateur historique, intègre déjà cette «  possibilité ». Mais il se refuse, officiellement, tout regard critique vis-à-vis d’une éventuelle sortie de l’Etat, comme il l’a indiqué au JDD mi-juin. «  Il ne m’appartient pas de commenter [cette possibilité], encore moins d’en décider, affirmait-il. L’Etat n’est jamais un actionnaire comme les autres, mais globalement, nous avons toujours pu dialoguer avec notre actionnaire principal. »

Source : Latribune.fr (x9 septembre 2017)