Les placements retraite pour compléter votre pension

Archives Les Brèves

Source : dossierfamilial.com (18 août 2016)

Certains produits d’épargne vous assurent une rente à vie, tout en offrant une réduction d’impôt, d’autres un capital dans lequel puiser selon ses besoins.

Perp : pour les contribuables fortement imposés

Le Plan d’épargne retraite populaire (Perp) est un placement retraite à adhésion individuelle sans conditions : tout le monde peut en ouvrir un auprès d’une banque, d’une compagnie d’assurances ou d’un organisme de prévoyance.

Il fonctionne comme un contrat d’assurance-vie, avec une large palette de supports d’investissement, allant du fonds en euros sans risque aux unités de compte en actions. Les versements sont libres.

Mais, dans la pratique, seuls les foyers les plus lourdement imposés ont intérêt à souscrire un Perp. En effet, en contrepartie du blocage des fonds jusqu’à la retraite, le souscripteur bénéficie d’un avantage fiscal à l’entrée. Les cotisations sont déductibles dans la limite de 10 % des revenus plafonnés à 8 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (pass) égal à 38 616 €. Cette limite est fixée à 30 892,80 € en 2016 (10 % x 8 x 38 616 €).

Autrement dit, plus le contribuable est taxé dans les tranches supérieures du barème de l’impôt sur le revenu, plus l’avantage fiscal est important.

Ainsi, 1 000 € placés dans un Perp correspondent à une économie d’impôt de 410 € pour un contribuable taxé à 41 %, mais de seulement 140 € pour un contribuable taxé à 14 %.

« Le Perp s’adresse aux contribuables taxés au minimum dans la tranche à 30 % », précise l’économiste Philippe Crevel.

La sortie du Perp

L’épargne est bloquée jusqu’à la retraite ou jusqu’aux 62 ans du souscripteur, sauf accident de la vie (invalidité, décès du conjoint, etc.) autorisant un déblocage anticipé. La sortie se fait sous forme de rente viagère, mais il est possible d’obtenir 20 % de l’épargne sous forme de capital.

Vous pouvez toutefois en récupérer l’intégralité sous forme de capital, une fois à la retraite, pour acquérir votre résidence principale.

La rente viagère est fiscalisée comme une pension de retraite et soumise aux contributions sociales (7,4 %).

Préfon-Retraite : pour les fonctionnaires

La Préfon-Retraite est un dispositif d’épargne retraite réservé aux fonctionnaires au sens large (et à leurs conjoints) travaillant pour l’État, les collectivités locales, la fonction publique hospitalière, ou encore un établissement public.

« Les anciens fonctionnaires peuvent aussi y adhérer : Préfon vous concerne, par exemple si vous avez exercé comme surveillant dans un lycée durant vos études », rappelle Ludovic Herschlikovitz.

Le système est souple : l’affilié peut choisir entre 17 classes de cotisations, allant de 19 € à 1 900 € par mois, passer d’une classe à l’autre ou suspendre ses versements.

Les cotisations permettent d’acheter des points. Plus vous êtes jeune, plus le nombre de points obtenu est élevé. Vous n’avez donc pas à choisir de supports d’investissement.

Les cotisations ouvrent droit au même avantage fiscal que le Perp, mais attention, le plafond de la déduction est commun aux deux dispositifs. Là encore, plus le contribuable est imposé, plus l’avantage fiscal est important.

La sortie du Préfon

Vous pouvez demander à percevoir votre rente entre 55 et 70 ans, que vous ayez pris ou non votre retraite. Il n’est pas possible de sortir par anticipation, sauf en cas d’événements graves (invalidité, décès du conjoint, etc.). La sortie peut se faire à hauteur de 20 % en capital si vous êtes à la retraite. La rente est imposée comme une pension de retraite et soumise aux contributions sociales (7,4 %).

Contrat Madelin : pour les travailleurs non salariés

Le contrat Madelin s’adresse aux travailleurs indépendants non agricoles (artisans, commerçants, professions libérales) soumis à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou des bénéfices non commerciaux (BNC).

Il faut choisir avec soin son contrat (en euros, multisupport, en points), vérifier les options (réversion, garanties de prévoyance, etc.) et les frais.

Le contrat Madelin se révèle plus contraignant que le Perp, puisque le souscripteur s’engage à réaliser des versements annuels réguliers, mais son avantage fiscal est supérieur. En effet, les cotisations sont déductibles des revenus dans la limite d’un plafond fiscal.

Celui-ci s’établit à 10 % du bénéfice imposable dans la limite de 8 pass, majoré de 15 % de la fraction de ce déduction maximale de 71 440 € en 2016. Là encore, plus le contribuable est fortement imposé, plus l’adhésion à un contrat Madelin est avantageuse.

La sortie du contrat Madelin

Elle se fait sous forme de rente viagère, taxée comme une pension de retraite et soumise aux contributions sociales. Il est toutefois possible de sortir par anticipation en cas de liquidation judiciaire de l’activité, d’invalidité ou autres cas graves.

Plan d’épargne entreprise (PEE) : pour les salariés

Le Plan d’épargne entreprise (PEE) n’est pas spécifique à la préparation de la retraite, mais il remplit néanmoins parfaitement ce rôle. Contrairement aux autres dispositifs évoqués dans cet article, vous ne pouvez pas décider de votre propre chef d’adhérer à un PEE : il faut être salarié d’une entreprise proposant un PEE.

C’est le cas de 10,5 millions de détenteurs d’épargne salariale. Leur PEE peut recueillir leur intéressement, leur participation, des versements volontaires et l’éventuel abondement de leur employeur.

Le salarié est autorisé à verser jusqu’à 25 % de sa rémunération annuelle brute et à investir dans plusieurs produits, allant du fonds monétaire sans risque au fonds actions. C’est à lui de gérer la répartition au gré de la conjoncture et de son aversion au risque.

À l’approche de la retraite, mieux vaut sécuriser progressivement son capital, pour éviter de sortir en période de baisse des marchés financiers.

La sortie du Plan d’épargne entreprise

Les sommes placées sur un Plan d’épargne entreprise sont bloquées pour cinq ans, de date à date, mais il est possible de les débloquer par anticipation dans de nombreux cas, comme la cessation du contrat de travail, le mariage ou l’acquisition de sa résidence principale.

Dans une optique d’épargne retraite, mieux vaut cependant conserver le PEE le plus longtemps possible. La sortie se fait en capital. Les gains sont exonérés d’impôt sur le revenu, seuls les prélèvements sociaux s’appliquent (15,5 %).

Perco : pour les salariés

Créé par la loi Fillon du 21 août 2003, le Plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco) complète le dispositif classique du PEE dans 135 000 entreprises. Près de 2 millions de salariés en possèdent un. Il fonctionne sur le même principe que le PEE : le salarié est autorisé à y verser son intéressement, sa participation, des sommes volontaires, et bénéficie parfois d’un abondement de son entreprise.

La gestion du Perco se caractérise par sa simplicité, car le salarié opte, s’il le veut, pour une gestion pilotée qui réduit automatiquement le degré de risque des placements, à l’approche de la retraite.

La sortie du Perco

Contrairement au PEE, le Perco est bloqué jusqu’au départ à la retraite du salarié, bien qu’il existe quelques cas de déblocage anticipé (acquisition de la résidence principale, expiration des droits à l’assurance chômage, etc.). Vous pouvez demander le déblocage des fonds dès lors que vous avez fait liquider votre pension dans un régime obligatoire d’assurance-vieillesse.

La sortie s’effectue théoriquement en rente viagère, mais de très nombreux Perco prévoient également une sortie en capital. Dans ce cas, les plus-values sont soumises aux prélèvements sociaux (15,5 %), mais sont exonérées d’impôt. Concernant la sortie en rente, les prélèvements sociaux s’appliquent, et une fraction de la rente est soumise à l’impôt sur le revenu en fonction de l’âge du bénéficiaire au premier versement de la rente.

Assurance vie : pour tous

C’est toujours le placement préféré des Français, à juste titre.

« L’assurance vie reste le produit incontournable dans toute stratégie de préparation de la retraite, car elle cumule les avantages : flexibilité, rentabilité sans risque au-dessus du marché, sortie en capital ou en rente », précise Ludovic Herschlikovitz de retraite.com.

En effet, vous pouvez réaliser des versements ponctuels ou programmés, avec des tickets d’entrée limités à quelques dizaines d’euros dans de nombreux contrats. Le fonds en euros, sans risque, a rapporté 2,3 % en moyenne en 2015, mais il est possible d’investir dans une large palette d’unités de compte (actions, obligations, etc.).

La sortie de l’assurance vie

Les gains (plus-values et intérêts) ne sont taxés qu’en cas de retrait partiel ou total. Si ce retrait intervient après le 8e anniversaire du contrat, les revenus sont soumis à l’impôt sur le revenu ou au prélèvement forfaitaire libératoire de 7,5 %, après un abattement de 4 600 € pour un célibataire, le double pour un couple. Les gains du fonds en euros sont assujettis aux prélèvements sociaux (15,5 %) chaque année, tandis que ceux issus des unités de compte les subissent lors des rachats.

Dans une démarche de placement retraite, vous pouvez programmer des retraits réguliers, une fois que vous avez cessé votre activité.

Il est par ailleurs possible de demander à l’assureur une sortie en rente viagère

Préparation de la retraite : et pourquoi pas le PEA ?

Le Plan d’épargne en actions (PEA) permet de placer jusqu’à 150 000 € en actions européennes dans des conditions fiscales attrayantes puisque les gains sont exonérés d’impôt, dans la mesure où vous n’effectuez pas de retrait pendant cinq ans.

Cette enveloppe n’est pas spécifiquement réservée à la préparation de la retraite, mais rien ne vous empêche de l’utiliser à cette fin. À condition que vous anticipiez votre cessation d’activité : pour éviter de vendre vos actions et vos fonds lorsque la Bourse est en bas de cycle, mieux vaut étaler vos cessions régulièrement, par exemple sur la dernière année. L’argent reste alors sur le PEA sans être investi. Puis, le jour venu, vous pouvez clôturer votre PEA pour récupérer le capital, voire le transformer en rente viagère.

Si cette opération est réalisée après le 8e anniversaire du PEA, la rente est exonérée d’impôt sur le revenu, seuls les prélèvements sociaux étant dus (taux variable selon l’âge du bénéficiaire au premier versement).