Mon nouveau collègue est un robot

Revue de Presse

Vie au travail. Les PME françaises s’ouvrent timidement aux robots. Dans la Loire, Technicarton a franchi le pas, sans grogne dans les ateliers.

Saint-Paul-en-Jarez (Loire)

De notre correspondant régional

Les filles de Julien Poncet, le directeur des ateliers de fabrication de Technicarton, les appellent Léa et Léo. Pour les salariés qui les côtoient tous les jours, ils sont plus sobrement «  robot 1 » et «  robot 2 ». Depuis 2015, cette PME familiale de la Loire a installé progressivement dans son usine une cellule robotisée  : deux bras manipulateurs qui usinent des pièces d’acier tranchantes destinées au secteur de la cartonnerie.

«  Nous nous sommes toujours demandé quelle machine pouvait faire le meilleur travail au moindre coût », raconte Guy Poncet, père de Julien, et directeur de Technicarton. Mais le dirigeant nourrissait toutefois quelques appréhensions à l’idée d’acquérir des robots. «  Est-ce que ne serait pas trop complexe à programmer ? », se demandait-il, sans avoir de réponse.

Finalement, il juge l’utilisation enfantine. Après deux jours de formation, Frédéric Duplomb était opérationnel pour donner ses ordres au premier robot, arrivé dans l’atelier en 2015. Le salarié entre quelques données sur un ordinateur et place des pièces d’acier brut à côté de «  robot 1 ». Le bras mécanique s’anime alors en silence. Sa pince saisit des «  bruts » pour les placer dans le centre d’usinage qui fabriquera des lames de refente. Les pièces ne sont pas lourdes, mais la tâche est répétitive et le serrage des quatre étaux fixant chacune d’entre elles est usant.

Après l’arrivée du robot, la tendinite à l’avant-bras droit de Frédéric s’est évanouie du jour au lendemain. Même soulagement chez son collègue, Roland Thamaxat, pilote du deuxième robot, arrivé en septembre. «  J’étais inquiet au départ. On se sent un peu remplacé. Mais le robot est finalement un gain pour tout le monde », juge-t-il. Quant aux sceptiques de l’atelier –  «  une question de génération », estime Frédéric Duplomb –, leurs réserves se sont envolées.

Certes, l’entreprise aurait pu embaucher sur la ligne, pour faire face à la hausse des commandes. Mais dans cette petite PME de 20 salariés, dont douze dans l’atelier, il aurait été difficile de créer un poste de nuit. Ce sont donc les robots qui se chargent des plus grosses séries, jusqu’à 200 pièces. Frédéric et Roland les programment avant de partir le soir et les machines finissent tout juste leur tâche quand leurs collègues humains embauchent le matin. Ces derniers n’ont alors plus qu’à récupérer les pièces pour les amener à la «  trempe » pour les durcir au feu. «  Avant les robots, je devais parfois attendre jusqu’à 11  heures du matin avant une première fournée », indique Jérôme Berlier, qui y voit un vrai gain de productivité.

Un gain de productivité relevé au sein de 87 % des 106 PME qui ont intégré un robot dans le cadre du programme «  robot start PME ». Aucune des sociétés concernées n’a procédé à des licenciements. Et 65 % d’entre elles ont embauché. Comme s’apprête à le faire Technicarton.

«  Le robot nous a permis d’être bien plus performants sur les lames de refente, insiste Guy Poncet. Si nous n’avons pas embauché sur cette ligne, elle nous a fait gagner des marchés sur d’autres produits, où nous avons aujourd’hui besoin de plus de main-d’œuvre. »

Source : la-croix.com (11 décembre 2017)