Le RH et son robot : une nouvelle place pour l’humain ?

Revue de Presse

Non, le robot ne mettra pas le RH à la casse. Au contraire, il lui permettra de s’épanouir et d’effectuer des tâches à forte valeur ajoutée.

“In extremis, R2-D2 relance le vaisseau : une fois de plus, le robot a sauvé la mission”. Sauf qu’aujourd’hui, si les robots sont partout, ils n’ont pas du tout cette allure-là. Agents virtuels sans ‘corps physique’, ils intègrent des niveaux d’Intelligence Artificielle (IA) de plus en plus poussés pour exercer une fonction auparavant réalisée par un humain. Altérité digitale, ils ont leur propre job  que ce soit dans la finance, en médecine, ou encore dans les services, comme les « legal bots » en cabinet d’avocat.

Les RH n’échappent pas à la digitalisation, fantasmes à la clé

Aujourd’hui, l’automatisation des RH concerne surtout le traitement de data – tests de matching, d’ambiance, prédictions… Mais les progrès galopants de l’IA questionnent nécessairement la fonction. Avec des incertitudes et inquiétudes latentes : les robots vont-ils remplacer l’humain, diminution d’effectifs à la clé ? Peuvent-ils zapper le RH ? Ou resteront-ils simplement de bons et loyaux outils ?

Une troisième voie créatrice de valeur : le binôme robot-humain

Ni l’un, ni l’autre. Le robot va devenir un véritable binôme. En réalisant la partie la plus répétitive du travail auparavant exécutée par l’homme, il le libère doublement : il lui dégage du temps et lui permet de monter en compétences. Organiser entre les deux une nouvelle répartition du travail – à chacun sa best value, permet de libérer de la valeur cachée, loin de l’approche malthusienne  ‘robotisation = licenciements’.

Repositionner le rôle du RH en tandem avec la machine

Pour le RH, savoir travailler en binôme avec un robot devient une nouvelle compétence. Il doit s’interroger sur sa propre fonction, distinguer ce qui ne peut être fait ‘que par lui’, envisager comment configurer le robot pour se consacrer à son cœur de métier : l’alchimie humaine, la finesse stratégique, psychologique, émotionnelle. Cette partie du travail RH, à forte valeur ajoutée, ne pourra pas de sitôt être robotisée. C’est elle que le RH doit investir, laissant son binôme assumer le reste.

Un coach de carrière digital aux côtés du RH

Ce binôme est déjà à l’oeuvre, notamment sur la partie “carrière” de la mission des RH. L’entreprise, sous pression permanente de transformations et de redéploiements, souhaités ou subis des effectifs, vit un défi majeur : la nécessaire mise en mouvement de chaque salarié. C’est le rôle du RH que de se poser en interlocuteur des trajectoires individuelles. Mais il se heurte à deux écueils : écueil de temps et d’échelle – comment gérer de manière unique  des dizaines de milliers de parcours personnels ?

C’est dans ce contexte que le robot travaille déjà, dans certaines entreprises, en binôme avec le RH – notamment en jouant le rôle d’un véritable coach de carrière digital capable de traiter un nombre massif de parcours. Chaque salarié peut ainsi construire son projet et ses transitions professionnelles en toute autonomie avec son coach virtuel avant de rencontrer son RH.

Le positionnement de chaque partie prenante évolue : l’individualisation des carrières est une affaire d’empowerment, à chaque collaborateur de mener lui-même sa démarche.

Nouvelle répartition du travail, boom de la création de valeur

Ces outils peuvent se déployer à grande échelle et automatiser jusqu’à 80% de l’accompagnement “carrière”  des salariés. Dans une maïeutique constructive avec le robot, chaque collaborateur clarifie  ses réussites, ses compétences, son projet. Une fois fait ce travail amont, reste au RH les 20% les plus importants : libéré du quantitatif et de la méthodologie, il peut mettre en perspective  les conclusions obtenues grâce à sa connaissance de l’entreprise, du secteur, des enjeux humains particuliers.

La digitalisation des RH s’accélère : ici comme ailleurs, savoir distinguer ce qui est ou non automatisable amènera certes plus de robots à faire du travail d’humain… mais surtout moins d’humains à faire du travail de robots.

Source : journaldunet.com (30 octobre 2017)