Retraite à l’étranger : ce qu’il faut vérifier avant de s’expatrier

Revue de Presse

Selon les derniers sondages réalisés, un senior sur trois désire prendre sa retraite à l’étranger. Même si ce souhait ne sera pas toujours concrétisé, près de 1 million de Français ont déjà sauté le pas.

Pour les Français désireux de partir à l’étranger pour leur retraite, les destinations privilégiées sont le Portugal, l’Espagne et le Maroc, des pays offrant les avantages de la proximité, du soleil et d’un coût de la vie peu élevé. Le poids de la fiscalité est aussi invoqué par les candidats au départ, espérant que leur pension de retraite sera moins taxée là-bas que chez nous, ce qui est d’ailleurs généralement le cas. Mais l’expatriation s’accompagne également de certaines difficultés (formalités, soucis de santé, mal du pays…) qu’il faut bien prendre en compte avant de changer d’horizon.

Démarches

Banque, Sécurité sociale, Préfecture… beaucoup d’organismes sont à contacter.

Autant le savoir, de lourdes démarches administratives vous attendent. Il faut notamment signaler votre départ à la Sécurité sociale et à vos caisses de retraite pour faire suivre vos pensions ; informer votre banque de votre nouvelle situation et ouvrir un compte à l’étranger ; anticiper un éventuel décès en souscrivant un contrat qui financera le rapatriement du corps… Renseignez-vous aussi auprès de votre notaire sur les conséquences de votre déménagement en matière de régime matrimoniale et de succession. Et assurez-vous auprès de la préfecture que votre permis de conduire restera valable. Le cas échéant, vérifiez que votre animal de compagnie satisfait à la réglementation et aux règles d’hygiène locales (vaccins, quarantaine…).

Bon à savoir : vous ne pourrez plus toucher, si c’était le cas, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), ni même conserver vos livrets de développement durable (LDD) et d’épargne populaire (LEP). Vous trouverez des renseignements complémentaires pour bien préparer votre retraite à l’étranger sur le site Diplomatie.gouv.fr, à la rubrique « Services aux citoyens ».

Niveau de vie

Un couple peut être à l’aise à l’étranger avec 2.500 euros de pension mensuelle.

L’attrait de la vie pas chère est la principale motivation des candidats à l’expatriation. Elle permet à nombre de retraités en panne de pouvoir d’achat de retrouver un peu d’aisance financière en larguant les amarres. De fait, avec une pension de 2.500 euros par mois, un ménage de 2 personnes compte chaque sou en France, alors qu’il va vivre très correctement dans certains pays exotiques, voire s’offrir des employés de maison… Rien que le budget logement peut être divisé par 2 ou 3, et l’alimentation aussi, à condition d’éviter les produits importés.

Ainsi, au Maroc, le coût de la vie est inférieur de 30% à celui de l’Hexagone, de 40% au Sénégal, de 60% en Thaïlande. A moins d’être un senior aisé, il ne faut toutefois pas trop rêver. Partout, au moins dans les grandes villes et les zones touristiques très courues, le niveau de vie augmente rapidement. Même le Smic fait son apparition dans certains pays…

Système de santé

Hors Union Européenne, il vous faudra souscrire une assurance privée.

Tout le monde le reconnaît, le système de santé français est l’un des meilleurs qui soit. Qu’en sera-t-il si vous vous installez à l’étranger ? Pas de problème si vous revenez vous faire soigner en France, car l’assurance-maladie s’occupera de vous. Mais si vous vivez de façon permanente dans l’Union européenne, vous serez pris en charge selon la législation du pays. Et il est à parier qu’elle ne sera pas aussi protectrice qu’ici. Hors Europe, mis à part les quelques pays ayant signé une convention avec la France (Tunisie, Maroc, Turquie…), vous n’êtes pas couvert. Il vous faut donc souscrire une assurance volontaire, par exemple auprès de la Caisse des Français de l’étranger (CFE). Voire prendre une mutuelle privée afin d’être encore mieux remboursé et ne pas avancer les frais en cas d’hospitalisation dans un établissement non conventionné.

Régime fiscal

Les abattements légaux appliqués sur les revenus imposables sont parfois de 80%

L’expatriation est souvent payante fiscalement. Vous voilà d’abord presque exonéré de prélèvements sociaux sur votre retraite (il y a juste une cotisation de 3,2% sur votre pension de base et de 4,2% sur votre complémentaire). Pour l’impôt sur le revenu, le barème est souvent très attractif, du moins dans les nombreux pays signataires d’une convention (sinon vous risquez la double imposition). Quant à l’ISF, seuls vos biens situés dans l’Hexagone y sont soumis. Mais prenez garde à ne pas garder trop d’actifs en France, vous risqueriez de perdre votre statut privilégié. Des exemples d’abris fiscaux qui ne sont pas trop lointains : le Maroc, le Sénégal… Ces pays prévoient un abattement de 80% sur vos revenus, à condition de les déposer sur un compte bancaire local. Mais le vrai paradis fiscal, c’est le Portugal (Voir ci-dessous).

Aucuns droits de succession, des taxes allégées sur les gains des produits d’épargne et des pensions exonérées de tout impôt durant 10 ans ! Depuis le début 2013, le Portugal frappe très fort pour attirer les retraités étrangers (le pays en accueille entre 15.000 et 25.000 par an). Seule condition pour bénéficier de ces largesses : résider sur le sol portugais au moins 183 jours par an, en tant que propriétaire ou locataire. Certes, le dispositif exclut les fonctionnaires d’Etat et, pour les autres, au bout de 10 ans, le régime fiscal classique reprend ses droits (sans avantage par rapport au barème français). Mais on peut de nouveau y prétendre si l’on quitte le pays et qu’on y revient 5 ans après. Tentant, quand on sait que Lisbonne est à deux heures et demie d’avion de Paris, que le soleil brille là-bas 300 jours par an, que, grâce à l’euro, tout risque de change est écarté, et que le français y est couramment parlé…

Source : capital.fr (14 août 2017)