Retraites : Emmanuel Macron repousse la réforme à 2019

Revue de Presse

La réforme des retraites devrait coïncider avec les élections européennes de 2019.

Le président de la République a annoncé lundi qu’elle sera finalisée d’ici l’été 2019.

La réforme des retraites promise par Emmanuel Macron, d’abord prévue pour mi-2018, devrait finalement être finalisée « d’ici à l’été 2019 », a annoncé lundi le président de la République.

Objectif 2019 pour les retraites

A l’occasion de l’audience de rentrée de de la Cour des comptes, Emmanuel Macron a abordé son programme de réforme des retraites sur laquelle travaille le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye. « Ce grand chantier s’ouvrira dès cette année et je souhaite que l’ensemble des textes puisse être finalisé d’ici à l’été 2019 » a déclaré le chef de l’Etat. Cette réforme doit selon lui être « avant tout un grand choc de lisibilité et de simplification de notre régime de retraite », pour la sortir de « cet état de crise permanent » sur le plan financier.

Alors que l’on dénombre actuellement 37 régimes de retraite à l’heure actuelle, les mesures sont censées simplifier le système en mettant en place « un système universel de retraites par répartition » censé garantir « l’égalité de tous devant le risque vieillesse, pour faire en sorte qu‘un euro cotisé donne à tous les mêmes droits à pension », selon les mots de Christophe Castaner.

Et sur ce chantier, le chef de l’Etat a abandonné son calendrier initial  : en juillet, il affirmait que « les orientations (seraient) présentées au Parlement au premier semestre 2018 ».En septembre encore, lors de la nomination de Jean-Paul Delevoye au poste de Haut-commissaire à la réforme des retraites, le gouvernement évoquait « une loi-cadre qui sera préparée […] au premier semestre 2018 ». Depuis, l’exécutif s’est montré plus réservé, comme la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui avait déclaré en novembre dernier sur LCI que cette réforme « prendrait du temps » et qu’elle ne voulait pas « se laisser enfermer dans un calendrier ». « C’est une réforme structurelle, en profondeur, qui nécessite la confiance des Français, qui nécessite beaucoup de temps de concertation » avait-elle ajouté.

L’agenda est en tout cas déjà saturé par les projets de loi, à la fois dans le champ social (formation, apprentissage, assurance-chômage), sur le terrain économique (administration, entreprises) et sur des thèmes sociétaux (immigration, bioéthique).Le choix d’un « calendrier plus détendu » est « une décision qui paraît sage », a aussi estimé Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT chargé des retraites. « On se donne du temps pour une vraie discussion » car « ce n’est pas la même méthode en 6 mois ou en 18 mois », explique-t-il.Ce délai supplémentaire servira peut-être à « mettre en place des consultations citoyennes (et) des mobilisations parlementaires », comme l’envisageait Jean-Paul Delevoye dans un entretien au mensuel Notre Temps paru la semaine dernière.Une manière de faire infuser le débat dans l’opinion avant le dénouement, qui coïncidera avec les élections européennes du printemps 2019.

Retour à l’équilibre espéré pour 2037

Le futur système « universel » devra permettre aux Français de « comprendre en temps réel où ils en sont de leurs droits à la retraite et (de ne) pas être pénalisés par des carrières non linéaires passant du public au privé, du salariat à l’entrepreneuriat et inversement », a-t-il ajouté.

Cette intention louable se heurtera tôt ou tard aux inévitables sujets tabous :  les régimes spéciaux, les réserves des caisses de retraite, la base de calcul des pensions, plus favorable aux fonctionnaires (6 derniers mois) qu’aux salariés du privé (25 meilleures années), l’âge de départ et la durée de cotisation.La discussion devra en outre tenir compte d’un contexte financier moins favorable que pendant l’élection présidentielle. Après les réformes Woerth en 2010, puis Touraine en 2014, le retour à l’équilibre du système de retraite semblait atteignable au milieu de la décennie 2020. Il est désormais espéré au mieux en 2037, selon les projections de l’Insee.

Réformes de la fonction publique à venir

Outre la réforme des retraites, le président a également évoqué « la réforme essentielle de la fonction publique » qui a pour objectif de rendre l’administration « plus déconcentrée » et « plus responsable ». Pour suivre l’avancée des réformes, le chef de l’Etat a également évoqué la création d’un « comité interministériel de la transformation publique » qui aura lieu début février et qui sera sous la responsabilité du Premier ministre Edouard Philippe. Ce comité suivra chaque semaine en conseil des ministres d’un « compte rendu des réformes conduites ministère par ministère non seulement sur l’année qui vient mais jusqu’en 2022 ».

Source : leparisien.fr (22 janvier 2018)