Les astuces des opérateurs télécoms pour discrètement gonfler la facture

Revue de Presse

Ça y est ! Les opérateurs ont commencé à remonter les prix de leurs forfaits mobiles et Internet, qui étaient très bas depuis l’arrivée de Free en 2012. Mauvaises surprises à prévoir.
Julien, distrait quadragénaire parisien, croit savoir que son opérateur, SFR, a gonflé ses factures l’été dernier. Pendant les vacances, son forfait a augmenté de… combien au juste ? 4 euros ? Il ne sait plus : « Je ne regarde pas en détail… Je suis le parfait pigeon, je n’ai pas changé d’abonnement, ni mobile ni Internet… et le délai de résiliation est passé. » « SFR a imposé sa hausse à la période la plus désavantageuse pour les clients : quand ils rentrent de congés. Les mails se sont accumulés, c’est la rentrée, et il ne leur reste que quelques semaines pour résilier », décrypte Bernard Dupré, le président de l’Afutt, association de défense des usagers des télécoms. Le délai de rétractation étant de quatre mois, beaucoup ont, comme Julien, laissé passer l’échéance.

Archiconcurrentiel, le monde des fournisseurs d’accès Internet et de téléphonie mobile ? A en juger par la surenchère de promos à laquelle se livrent en permanence Free, Bouygues et consorts, cela ne paraît pas faire de doute. Pourtant, ces derniers temps, la guerre commerciale semble avoir un peu baissé d’intensité. A l’image de SFR, la plupart des opérateurs n’ont en effet pas hésité à arrondir de quelques euros certaines de leurs offres. Et tout laisse à penser qu’ils pourraient bien poursuivre le mouvement cette année.

« Il y a de la marge, font-ils valoir comme un seul homme, en France, nous avons les tarifs parmi les moins élevés du monde. » De fait, l’arrivée de Free en 2012 a fait chuter les prix de manière spectaculaire, surtout ceux des abonnements au téléphone mobile. Et, depuis lors, les tarifs sont restés à peu près stables, indique l’indice annuel de l’Arcep, le régulateur du secteur. Autre argument mis en avant pour justifier le coup de pouce aux factures : en juin dernier, Bruxelles a imposé la suppression des frais d’itinérance en Europe, ces surcoûts à l’étranger que détestaient les clients, mais qui faisaient bien les affaires des géants des télécoms. D’où la nécessité, selon eux, de relever les tarifs pour compenser.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que les opérateurs font preuve d’une grande imagination pour faire passer la pilule de ces hausses auprès de leurs clients. Certains, comme Orange ou SFR, proposent des gigaoctets de données consommables en plus sur certains forfaits. Bouygues Telecom a, de son côté, utilisé l’astuce de la location de box, un classique. Alors que la boîte magique était autrefois gratuitement mise à la disposition des anciens abonnés, elle est désormais facturée 3 euros par mois. Le procédé est seulement signalé par un astérisque sur les publicités de Bouygues : l’offre à 19,99 euros coûte en fait 22,99 euros. Agacée, la Direction de la concurrence a sommé les opérateurs d’inclure ces suppléments dans le tarif global…
Le coup de la location de la box. En l’espace d’un mois l’été dernier, la facture de cet abonné (photo ci-dessous) à la box ADSL Bouygues a été bien chamboulée. En juin, elle s’établissait à 19,99 euros et est passée en juillet à 22,99 euros (1). Une ligne “location équipement” est en effet apparue (2), ajoutant 3 euros au total : un surcoût décidé en catimini par l’opérateur. Un bouquet presse, à 25 euros, est également apparu (3) sur le modèle de celui de SFR : il ne se voit pas sur la note finale, mais l’opérateur économise sur la TVA.
DR

Du côté de SFR, une hausse allant de 3 à 5 euros par mois a été justifiée par la mise en place d’une option Privilège, donnant droit à de nouvelles chaînes de télé. Seul hic, cette option a été imposée aux abonnés. Depuis, SFR, qui a perdu de nombreux clients dans l’affaire, a plaidé coupable. « Il vaut mieux que nous fassions payer plus cher les chaînes optionnelles à ceux qui les veulent vraiment », a reconnu en substance Patrick Drahi. Une stratégie qui sera mise en place avec la Ligue des champions de football d’ici cet été.
Le coup de l’option non désirée. Pour cet abonné SFR, entre août et septembre dernier, le montant total (photo ci-dessous) de son forfait mobile Power 20 Go a augmenté de 5 euros net, passant de 40,99 euros à 45,99 euros (1). Un “privilège mobile Internet illimité” à 9,99 euros, non sollicité, a été offert en contrepartie (2). Un bouquet presse à 19,99 euros est, lui, intégralement remboursé (3). Il permet à SFR d’appliquer un taux de TVA réduit et d’augmenter ainsi sa marge (une manip bientôt interdite par Bercy).

Source : capital.fr (11 avril 2018)