Code du travail : les Français veulent tout changer

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Source : lefigaro (26 janvier 2016)

INFO LE FIGARO – Selon l’Écoscope, le baromètre économique mensuel réalisé par OpinionWay pour Le Figaro et BFM Business, les Français jugent l’actuel code à une écrasante majorité trop complexe et illisible. Ils préconisent une réécriture qui va bien au-delà de ce que propose Manuel Valls.

Alors que la commission Badinter vient tout juste de rendre ses conclusions à Manuel Valls sur les principes fondamentaux qui constitueront « le chapitre introductif, le préambule» du futur Code du travail, pour reprendre l’expression de Myriam El Khomri, la ministre du Travail, les Français ont une idée bien précise du sens et de l’ampleur qui doit prendre sa réécriture. Selon les résultats de la vague 13 de l’Écoscope, le baromètre économique mensuel réalisé par OpinionWay pour Le Figaro et BFM Business, ils jugent en effet à une écrasante majorité que le statu quo n’est plus possible. Et ils veulent tout changer.

63% des Français jugent l’actuel Code du travail est un frein à l’emploi

Écoscope OpinionWay

Selon eux, l’actuel Code du travail est « trop complexe» (85%), « illisible» (76%) et « un frein à l’emploi» (63%), et ce même si une petite minorité le juge « pas assez protecteur des droits des salariés» (53%). Au final, seules 27% des personnes interrogées le considèrent « très bien comme il est». Soit une minorité. « L’insatisfaction varie selon plusieurs critères, notamment la proximité politique, note Frédéric Micheau, le directeur des études de OpinionWay. Plus largement que la moyenne, les personnes proches des Républicains considèrent que le Code du travail actuel représente un frein à l’emploi (86%). Un constat partagé dans une moins large mesure par les sympathisants PS (61%), auxquels vont s’opposer les sympathisants FN (54% le considèrent comme un frein), et surtout les sympathisants de la gauche radicale (26% seulement). Finalement, les personnalités proches de la gauche radicale (62%), du Front national (59%) ou du PS (54%) sont plus inquiètes que la moyenne de la protection des travailleurs fournie par le Code du travail qu’ils jugent insuffisante.»

Créer un nouveau contrat de travail plus souple

Au moins deux mesures, rejettées par le gouvernement, obtiennent leur approbation. La première? « Autoriser les référendums d’entreprise lorsqu’une négociation entre la direction et les représentants du personnel est bloquée» obtient 82% d’avos favorable. Tout le monde, y compris la gauche radicale (73%) et les sympathisants PS (89%), est pour, et surtout les femmes (84%), les plus de 35 ans (84%), les CSP+ (87%), les inactifs (85%), les indépendants (94%), les retraités (85%). Les chômeurs (69%), les salariés du public (77%), les 25-34 ans (76%) et les CSP- (75%) y sont favorables mais à un degré moindre que la moyenne.

63% des Français adhèrent à la proposition du Medef de créer un contrat de travail agile

Écoscope OpinionWay

La seconde mesure? « Permettre aux entreprises de fixer par accord le nombre d’heures supplémentaires au-delà duquel elles sont payées davantage» obtient 63% d’approbation. Le clivage politique ici est net entre les extrêmes (37% gauche radicale et 57% FN) et les autres composantes de la classe politique qui sont toutes favorables à une telle mesure qui reviendrait à mettre définitivement fin aux 35 heures. Même les sympathisants PS sont pour à 68%, loin derrière ceux des Républicains (82%). Les jeunes de 18 à 24 ans sont les moins tentés (48%), comme les CSP- (58%), les salariés du privé (57%) et les chômeurs (43%).

Enfin, 63% des Français jugent comme une « bonne chose» l’idée du Medef, repoussée par Manuel Valls, de créer un nouveau contrat de travail plus souple, dit « agile», dans lequel les motifs de licenciement (baisse de l’activité, perte d’un marché…) et les modalités de séparation entre le salarié et l’employeur (niveau des indemnités de rupture…) seraient fixées à l’avance. « La crainte d’une perte d’emploi et d’un possible manque à gagner dans les négociations de licenciement peut être à l’origine d’un retrait des salariés sur cette mesure, largement moins favorables (54%) que les personnes travaillant à leur compte (86%) ou les retraités (70%), note Frédéric Micheau. Une nouvelle fois, la proximité partisane marque une véritable opposition entre les interviewés. Les représentants de la gauche radicale se montrent ainsi farouchement opposés à la mesure (29% favorables) quand les sympathisants du FN sont hésitants (50% favorables) et les répondants du PS (67%) mais surtout des Républicains (79%) sont favorables à la mesure.»