Coriolis futur 4e opérateur ?

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Source : parismatch.com (10 février 2016)

Si Bouygues Telecom est racheté par Orange, certaines de ses activités devront être cédées à d’autres acteurs.

Bouygues Telecom est cette fois sur le point d’être vendu à Orange, mais les discussions traînent. Stéphane Richard, le patron d’Orange, espère qu’elles aboutiront d’ici à mi-mars. Les sujets à régler et les interlocuteurs impliqués sont nombreux. Les deux parties doivent s’accorder sur le montant de la transaction (10 milliards d’euros de prix de référence), sur le nombre de sièges au conseil d’administration d’Orange (le chiffre de deux est évoqué), ou sur l’ampleur de la participation de Bouygues au capital de l’opérateur historique (l’Etat, premier actionnaire avec 23,05 %, ne voudrait pas qu’elle dépasse 11 %). Surtout, le mariage doit recevoir l’assentiment des gendarmes de la concurrence, soucieux de ne pas encourager un «  renforcement de la position » du numéro un français. Orange s’attelle donc à découper Bouygues Telecom en plusieurs morceaux susceptibles d’intéresser ses concurrents directs, à commencer par Numericable-SFR et Iliad-Free, mais aussi des acteurs plus petits, comme les opérateurs virtuels.

Selon nos informations, le groupe Coriolis, opérateur de services mobile et fixe dirigé par Pierre Bontemps, a proposé à Orange d’acquérir non seulement la clientèle entreprises de Bouygues, mais aussi sa base grand public fixe (les abonnés au fixe et à la Bbox). Le premier marché ne comprend que les clients «  entreprises » (environ 70 000) avec plus de 10 lignes. Il a 1,1 million d’abonnés aux forfaits mobiles et 140 000 aux lignes fixes. Sa valeur est estimée autour de 500 millions d’euros. Et, quoi qu’il arrive, cette activité ne devrait pas rester dans l’escarcelle d’Orange, qui vient en décembre d’écoper de l’amende la plus élevée jamais infligée à une entreprise par l’Autorité de la concurrence (350 millions d’euros pour abus de position dominante, notamment pour son comportement auprès de la clientèle entreprises). Le second marché – à propos duquel Coriolis n’avait pas jusqu’ici publiquement fait part de son intérêt – compte entre 2,7 et 3 millions d’abonnés et pèse environ 1 milliard d’euros. Le cas des abonnés à la fois au mobile et à la box n’est pas pour l’instant abordé. Au total, l’offre de Coriolis à Orange sera comprise entre 1,5 et 2 milliards d’euros. Et Coriolis s’engage à reprendre tous les salariés directement concernés par l’opération, soit environ 800 personnes pour le volet entreprises (les contrats de ceux travaillant sur la relation clients, externalisés, n’ont pas été étudiés) ; l’autre partie n’étant pas encore définie. «  Nous avons décidé d’aller plus loin que notre première proposition, qui portait sur les clients professionnels, car nous comprenons que les autorités de la concurrence veulent l’émergence d’un quatrième acteur. Sur la partie grand public, les discussions débutent », indique Pierre Bontemps.

Ce grand Meccano risque de déboussoler les clients de Bouygues Telecom

Son groupe changerait alors de taille. «  Orange sait que nous ferons bien notre travail puisque nous avons déjà acheté les bases clients de Bosch Telecom Services, de Vodafone et d’Alcatel », ajoute-t-il. Quant au financement, Pierre Bontemps s’y intéresse depuis presque un an, lorsque Numericable-SFR avait fait une offre à Bouy-gues  : «  De grandes banques sont ravies de nous suivre et de créer une nouvelle “licorne”. » Référence à ce club d’entreprises de nouvelles technologies dont la valorisation est supérieure à 1 milliard d’euros. A ceci près que les licornes ont moins de dix ans d’existence, alors que Coriolis a été créé en 1999, après avoir été dix ans une filiale de Vodafone.

Ce grand Meccano risque de déboussoler les clients de Bouygues Telecom. Chez Coriolis, on calcule que le «  churn » – la proportion de clients perdus – atteindrait 10 % (en plus des 15 % annuels habituels). Pour les retenir, Pierre Bontemps mise sur «  les innovations dans les contenus, sur la diversité de l’offre et sur des prix attractifs ». Les autres concurrents n’ont pas, pour l’instant, dévoilé leurs appétits, mais «  il y a plus d’acteurs intéressés que de lots », estime une source proche du dossier.

Coriolis en chiffres

Chiffre d’affaires

300 millions d’euros en 2015

Nombre de salariés

2000

Taux de notoriété assistée

40 %

Nombre d’entreprises clientes

60000

Nombre de particuliers clients

15 millions (y compris pour de grandes entreprises)

Nombre de magasins

300