L’Etat pourrait réduire sa part dans Orange

Revue de Presse

Source : lesechos.fr (19 mai 2017)

L’Etat détient 22,95 % du capital de l’opérateur. Une part qui baisse au fil des ans.

Si l’Etat devait céder les 22,95 % qu’il détient indirectement dans le capital d’ Orange (13,39 % BPI et 9,56 % APE), cela représenterait un joli pactole : près de 9 milliards d’euros, sur les 40 milliards que l’opérateur télécoms pèse en Bourse aujourd’hui.

Beaucoup parient en tout cas sur le fait qu’Emmanuel Macron serait prêt à vendre assez vite, tout ou partie de la participation de l’Etat. Après tout, il l’a sous-entendu dix jours avant le premier tour de l’élection présidentielle. « La participation de l’Etat dans une entreprise comme Orange peut évoluer », a-t-il dit dans un entretien au site Electron Libre. Tout en restant ambigu : « Cependant, l’Etat joue chez Orange un rôle de stabilisation de l’actionnariat dans un contexte où le secteur connaît des évolutions importantes », a-t-il ajouté.

Aujourd’hui, alors que l’Etat a besoin d’argent, l’hypothèse d’une cession d’une partie de la participation, entre 1 % et 5 %, pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, semble la plus probable. A l’image de ce qu’a fait l’Etat ces dernières années. D’abord parce que tout céder d’un bloc est quasi impossible : cela reviendrait à mettre beaucoup trop d’actions sur le marché. Ensuite, parce que l’Etat, qui compte trois représentants au conseil d’administration d’Orange, devrait avoir à coeur de continuer à jouer un rôle d’influence chez l’opérateur, dont il est le premier actionnaire (les salariés ont, eux, 5,37 % du capital). Lorsqu’il était ministre, Emmanuel Macron suivait, par exemple, de très près le déploiement du très haut débit sur l’ensemble du territoire (fibre optique pour le fixe et 4G pour le mobile), sujet éminemment politique. L’Etat pourrait aussi vouloir garder un oeil sur Orange, le numéro un des télécoms en France, au nom de la défense d’intérêts sécuritaires.

Si d’aventure l’Etat choisissait de sortir complètement du capital de l’opérateur, à coup sûr, il se montrerait soucieux de céder sa place à un actionnaire de long terme capable de former une sorte de « noyau dur ». Cela relancerait immanquablement les grandes manoeuvres. Dans ce cas, on retrouverait forcément Vivendi et Bouygues dans le rôle des « usual suspects. » Même s’il ne le dit pas, Vincent Bolloré, qui s’emploie à faire de Vivendi un groupe européen orienté autour des médias et, de plus en plus, des télécoms, garde forcément à l’esprit la possibilité d’un rapprochement capitalistique avec Orange.

Un sujet très sensible

De son côté, Bouygues a déjà étudié à plusieurs reprises – dernière en date, en 2016 – l’hypothèse d’entrer au capital d’Orange en apportant sa filiale Bouygues Telecom. « Si, dans les mois ou les années qui viennent, le paysage [des télécoms en France, NDLR] évoluait et si nous avions la possibilité de jouer un rôle majeur et moteur pour se renforcer dans les télécoms, on regardera », disait mercredi Philippe Marien, directeur général délégué de Bouygues, lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe. Une telle opération, très complexe mais pas impossible, impliquerait cependant de lourdes concessions du nouvel ensemble pour obtenir le feu vert de l’autorité de la concurrence.

Quoi qu’il en soit, l’hypothèse de la cession de tout ou partie du capital d’Orange reste un sujet très sensible. « C’est un enjeu tellement important que la main de l’Etat tremble depuis des années », résume un bon connaisseur.