Orange Bank : du nouveau, du virtuel, du gratuit et des astérisques

Revue de Presse

1000000000000264000001324a1dce35b4a76631.jpgPaiement mobile sans contact ou par carte Visa à débit immédiat ou différé, il faudra trois opérations au minimum par mois (retrait ou paiement), sinon des frais de tenue de compte de 5 euros seront facturés chez Orange Bank. Paiement mobile sans contact ou par carte Visa à débit immédiat ou différé, il faudra trois opérations au minimum par mois (retrait ou paiement), sinon des frais de tenue de compte de 5 euros seront facturés chez Orange Bank. (Crédits : Orange) La gratuité n’est pas totale mais l’offre bancaire de l’opérateur télécoms est bien placée, même par rapport aux banques en ligne et néobanques mobiles. L’offre est digitale, sans services en boutiques, sauf l’aide à l’ouverture de compte.

«  L’ouverture du compte va être très rapide. J’ai juste besoin de votre nom », demande un vendeur tapotant sur une tablette. «  Niel, Xavier », répond un quinqua en jeans et chemise blanche au vendeur d’Orange complètement décontenancé. Il s’agit en fait de Stéphane Richard, le Pdg de l’opérateur télécoms, dans une vidéo tournée façon caméra cachée dans une des grandes boutiques participant au lancement d’Orange Bank. Un clin d’œil à son rival des télécoms dont il se serait inspiré pour devenir «  le Free de la banque » avait-il promis.

Le patron d’Orange est aussi filmé payant avec son smartphone tout en téléphonant dans un café, ou posant des questions à Djingo, le chatbot tournant à l’intelligence artificielle intégré dans l’application de son offre bancaire. Il donne de sa personne lors ce lancement qui constitue «  un nouveau chapitre important de notre histoire qui s’ouvre  : Orange est maintenant aussi une banque », fait-il valoir dans le communiqué détaillant l’offre jeudi. L’opérateur entend générer 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 de cette diversification dans les services financiers (en Europe et en Afrique avec Orange Money).

Si le nouvel entrant affirme que «  Orange Bank est aujourd’hui la seule banque française à proposer à la fois la gratuité, l’immédiateté, le paiement mobile, l’innovation des usages et un conseiller virtuel disponible 24h/24 et 7 jours sur 7 », la gratuité arrive avec pas mal d’astérisques dans les conditions tarifaires.

Est-ce vrai ? Est-ce nouveau ? Revue de détail de l’offre en comparaison de la concurrence.

La carte gratuite  : le compte Orange Bank vient avec une carte Visa internationale, à autorisation systématique, à débit immédiat ou différé, qui est gratuite «  la première année et les suivantes ». Les banques en ligne, comme Boursorama Banque (groupe Société Générale) et Fortuneo (Crédit Mutuel Arkea) proposent aussi une carte de paiement gratuite, mais sous conditions de revenus (1.000 à 1.800 euros nets par mois généralement ou 5.000 euros d’épargne). Boursorama a depuis peu levé cette restriction pour son offre Welcome.

Chez certaines néobanques comme N26, la carte (une Mastercard en général) est gratuite. Chez Compte Nickel (groupe BNP Paribas), elle est comprise dans un abonnement à 20 euros par an. Chez les banques traditionnelles, la carte équivalente est facturée entre 40 et 45 euros, après la première année parfois gratuite.

10000000000001cc000000cd4fc89172c9ca4705.jpgOrange Bank Visa carte

Retraits gratuits  : ils sont illimités au DAB, quel que soit le réseau bancaire, et c’est l’un des points forts d’Orange Bank en comparaison des néobanques (les retraits sont payants chez Compte Nickel ou limités à cinq par mois chez N26) et des banques traditionnelles (qui facturent au-delà de trois à quatre retraits dans un autre réseau).

Chéquier gratuit  : ce n’est pas une nouveauté par rapport aux banques classiques, en revanche Orange Bank se distingue là des néobanques qui ne proposent pas de chéquier du tout (bien souvent parce qu’elles sont des établissements de paiement et non de crédit). L’envoi est gratuit par courrier simple mais payant en recommandé ce qui est «  conseillé »  : 5 euros + frais postaux, soit un peu plus cher qu’ailleurs. Au passage, le chèque de banque est gratuit (comme chez certaines banques en ligne) contre 5 à 15 euros chez des banques traditionnelles.

10000000000001cc000001395281bf8d1d6af608.jpgOrange Bank chéquier

Frais de tenue de compte  : aucun, sauf si vous réalisez moins de trois opérations ou retraits par mois, il en coûtera alors 5 euros par mois, comme chez Boursorama. D’où les astérisques nombreuses dans les conditions tarifaires d’Orange Bank  : « Soit pour information 60 euros par an si les conditions ne sont pas respectées pendant une année entière. »

Pas de commission d’intervention  : en cas de dépassement du découvert autorisé, Orange Bank ne facture pas les 8 euros prélevés partout ailleurs, sauf chez les banques en ligne.

Frais d’incident de paiement  : Orange Bank pratique les mêmes tarifs (plafonnés mais élevés) que les banques traditionnelles pour tout ce qui a trait au rejet d’un virement (8 euros), d’un prélèvement (20 euros ou le montant si en dessous), d’un chèque (30 à 50 euros, après une lettre d’avertissement avant rejet de 14,50 euros), etc. La lettre de dépassement de découvert autorisé est facturée 15 euros, alors qu’elle est gratuite chez les banques en ligne et oscille entre 12 et 20 euros ailleurs.

Frais divers : certaines opérations sont payantes, comme les demandes de virements urgents (15 euros), les paiements ou retraits en devises (2% du montant), les virements hors zone SEPA (hors Union européenne, Islande, Liechtenstein, Norvège, Suisse, Monaco, Saint-Marin) à raison de 15 ou 25 euros.

Prime de bienvenue  : les 80 euros offerts par Orange Bank correspondent au standard du marché imposé par les banques en ligne, d’ING à BforBank (groupe Crédit Agricole). Mais l’opérateur donne un bonus de 40 euros supplémentaires à ses abonnés télécoms (Orange ou marque low-cost Sosh depuis au moins trois mois) ouvrant un compte d’ici au 7 février 2018.

La carte pilotable  : la carte bancaire peut être paramétrée depuis l’application, par exemple pour bloquer/débloquer le paiement sans contact ou sur Internet ou à l’étranger, modifier le plafond. Ce type d’innovation arrive doucement chez les banques traditionnelles, à la Société Générale et au Crédit Agricole (mais il faut une appli à part «  Ma Carte »). Chez Orange Bank, on peut également personnaliser son code secret avant l’envoi de la carte  : chez ING le code sera personnalisable et modifiable en temps réel depuis l’appli (pour les nouvelles cartes).

En outre, le solde est mis à jour en temps réel (grâce à la carte à autorisation systématique), comme chez les autres néobanques. Un domaine où les banques classiques, aux systèmes d’information complexes, sont en retard.

«  Orange Bank arrive avec une offre moderne et agressive  : les tarifs sont parmi les plus bas du marché et les dernières innovations des néo-banques comme le solde en temps réel ou un fort niveau de paramétrage sur son app sont de vrais points forts », analyse ainsi Guillaume Clavel, le fondateur de Panorabanques.

Il estime qu’ «  un client d’une banque traditionnelle pourrait économiser plus de 150 euros par an en passant chez Orange Bank.»

Livret d’épargne boosté :  si l’offre ne comprend pas encore de crédit à la consommation (ce sera pour bientôt) ni de crédit immobilier (pour plus tard), Orange Bank propose un livret d’épargne rapportant 1% d’intérêts, sans indication de durée – qui ne pourra s’appeler Livret Epargne Orange puisque c’est le nom de celui d’ING ! Un coup de pouce par rapport aux classiques 0,75% du livret A ou du LDD. C’est parmi les meilleurs du marché bien que d’autres banques donnent des taux boostés sur courte durée (2% bruts pendant deux mois chez ING, 3% chez Monabanq du Crédit Mutuel et chez BforBank pour la même durée).

La banque qui ne ferme jamais est ouverte #OrangeBank Rdv

— Orange Bank (@OrangeBankFR) 2 novembre 2017

Ouverte 24/24 et 7/7  : c’est un argument très marketing, puisque les sites et les applis des autres banques aussi fonctionnent à toute heure. Pour le reste, il n’y a pas de conseiller dédié, c’est un ‘conseiller virtuel’ –  le fameux Djingo tournant à l’intelligence artificielle d’IBM Watson – qui répond et sera «  à terme capable d’effectuer des tâches à la demande des clients, comme faire des virements ou épargner ». Ce doit être là la principale nouveauté de cette offre.

« Nous sommes précurseurs, défricheurs dans ce domaine, c’est l’aspect avant-gardiste du projet. Watson ne fait pas le pont ni les 35 heures », avait lancé Stéphane Richard lors de son show Hello en avril.

Si vous voulez l’aide d’un vrai conseiller, depuis les centres de relations clients de Montreuil ou d’Amiens, ce ne sera pas forcément gratuit et les horaires sont un peu moins larges que chez d’autres banques (de 8h à 20h du lundi au samedi) :

«  Si vous demandez à un expert Orange Bank par chat, mail, téléphone, courrier ou via mes demandes dans votre espace client d’effectuer l’une des opérations (déblocage paiement sans contact, des paiements à distance, édition d’un RIB, ajout d’un bénéficiaire, émission d’un virement SEPA) alors que vous auriez pu le faire vous-même, ce service vous est facturé », au prix de 5 euros par opération.

Ne pas s’imaginer aller chercher son chéquier dans la boutique Orange la plus proche ou obtenir de l’aide sur place d’un vendeur, même formé pour être un Intermédiaire en opérations de banque et en services de paiements : son rôle est uniquement d’aider à l’ouverture de compte pour l’instant. Peut-être plus tard pour la demande de crédit, qui peut rapporter du produit net bancaire.

La brochure d’Orange Bank indique clairement qu’il s’agit d’une «  offre digitale commercialisée en boutiques Orange, sur l’application Orange Bank, et orangebank.fr »  : la rubrique «  services en agence » ne comporte qu’une ligne «  services non fournis ».

Source : latribune.fr (02 novembre 2017)