Pour la génération 1980, deux ans de retraite et 4,5 % de pension en moins

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Source : lemonde.fr (1er mars 2017)

Le Conseil d’orientation des retraites a fait le point sur l’impact qu’auront les réformes des retraites menées depuis 2010 sur les pensions des différentes générations.

Le point commun entre les années 2010, 2012, 2014 et 2015 ? Toutes furent marquées par des modifications clé des règles de calcul des retraites visant, pour l’essentiel, à permettre aux régimes de réaliser des économies.

Alors que la plupart des candidats à la présidentielle entendent changer à nouveau la donne, c’est l’heure de dresser le bilan des dernières réformes pour le Conseil d’orientation des retraites (COR), qui synthétise, dans une « lettre » publiée fin février, différents travaux portant sur leurs impacts en matière d’équité intra et intergénérationnelle. Autrement dit, comment elles devraient affecter les assurés en fonction de leur année de naissance, leurs revenus, leur sexe…

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Pour la génération 1980, les réformes menées durant les quinquennats de Nicolas Sarkozy et François Hollande dans les régimes de base comme complémentaires aboutiront à une perte moyenne de 4,5 % de pension cumulée sur le cycle de vie (somme actualisée des pensions perçues tout au long de la retraite), par rapport à une situation sans réforme.

Et à une durée de retraite réduite de près de deux ans, par rapport à une situation sans réforme, toujours. Ces chiffres, relayés par le COR, sont issus d’une une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).

Des différences selon les générations

Les hommes ayant fêté leurs 20 ans en l’an 2000 y perdront en moyenne plus que les femmes, 6 % contre 3 %. « Ces dispositions auraient en revanche un effet antiredistributif », ajoute le COR :

« La baisse de pension cumulée pour la génération 1980 sera plus importante pour les personnes hors de l’emploi à 50 ans (– 10 %) et pour celles à faibles salaires (– 7 %) que pour celles aux salaires plus élevés (– 3,4 %). »

Quid des générations précédentes ? La perte de pension cumulée s’élèverait à 1,3 % pour ceux nés en 1950, 4,2 % en 1960, et 5,9 % en 1970.

Pour les générations 1970 et 1980, c’est surtout l’allongement de la durée requise pour décrocher le taux plein (jusqu’à 172 trimestres, pour les générations 1973 et suivantes), acté dans la réforme des retraites de 2014, qui joue. Il serait responsable de 2,4 % de perte, sur les 4,5 % totaux, selon la DREES.

La génération 1960 est, elle, en premier lieu affectée par le relèvement de 60 ans à 62 ans de l’âge légal de la retraite (l’âge minimum) décidé en 2010. Cette mesure engendrerait une perte de pension cumulée de 1,7 %, sur les 4,2 % totaux. Pour la génération 1950 enfin, ce sont d’autres mesures qui agissent, notamment les sous-indexations de pensions et les reculs des dates de revalorisation, précise le COR.

Des pensions liées aux gains de productivité

La notion de pension cumulée sur le cycle de vie est particulièrement intéressante quand on s’intéresse aux impacts d’une réforme sur les assurés, car elle donne une vision globale, elle « permet d’apprécier les effets à la fois sur le montant de la pension et la durée de retraite », souligne le COR.

Mais gare aux conclusions hâtives : ces chiffres s’entendent par rapport à une situation sans réforme, il ne faut pas en déduire que la pension cumulée sur le cycle de vie diminuera au fil des générations. Entre les générations 1950 et 1980, la DREES prévoit d’ailleurs une hausse de 23 % en euros constants (corrigés de l’inflation), contre 27 % s’il n’y avait pas eu de réforme entre 2010 et 2016.

En cause : les gains de productivité – qui dit meilleure productivité dit meilleurs salaires et meilleures pensions. L’estimation se base sur une hypothèse de croissance de la productivité annuelle de 1,5 % à long terme.

Il ne faut pas en déduire, non plus, que la durée passée à la retraite, exprimée par le COR de manière relative en pourcentage de la durée de vie, diminuera. Elle « serait globalement stable » entre les générations 1950 et 1990, « aux environs des 29,5 % de la durée de vie active », indique le COR. Le recul des âges de la retraite et la hausse de la durée d’assurance requise compensant l’allongement de la durée de vie.