Pourquoi les opérateurs télécoms sous-performent en Bourse

Revue de Presse

Si Orange ne devrait pas faire partie des premières opérations de « respiration» de la part de l’Etat, c’est surtout en raison de sa contre-performance boursière par rapport à ses pairs de l’APE. Le secteur est, globalement, en retard. En cause, les investissements colossaux que va imposer la 5G.

Orange fera-t-il partie de la première fournée des opérations de « respiration», prévues par l’Etat pour abonder ce fameux fonds de 10 milliards d’euros dédié à l’innovation? Si l’opérateur télécom est moins souvent cité que ses homologues ADP ou Française des Jeux c’est pour deux principales raisons. D’abord, parce que la manne publique voudrait réduire sa part dans l’ex-France Télécom dans le cadre d’une opération structurante permettant au marché français de revenir à trois opérateurs. Ce mécano n’est, cependant, pas évident à mettre en place en raison des positions déjà importantes de certains, des efforts qui ne manqueront pas d’être demandés dans la foulée par l’autorité de la concurrence mais aussi des difficultés à mettre autour d’une table des protagonistes qui se détestent copieusement. Sans parler des desiderata financiers des vendeurs. Problèmes qui ont, jusqu’à présent, stoppé net la consolidation des télécoms en France.

Si Orange n’est pas en pole position, c’est aussi parce que son cours de Bourse n’offre pas une courbe aussi avantageuse que celle de nombre de ses homologues logés au sein du portefeuille de l’APE. L’action perd, en effet, 4% depuis le début de l’année et ne s’apprécie que de 28% sur 3 ans et 42% sur 5 ans quand les performances respectives du CAC 40 affichent +10%, +35% et +53%. Elle est, surtout, très loin de ses sommets de 2007 où elle caracolait aux alentours de 26 euros (alors qu’elle s’équilibre à 13 euros aujourd’hui). Tendance qui n’est toutefois pas le seul fait de l’opérateur français, tous ses concurrents, hexagonaux comme européens, étant logés à la même enseigne.

Si l’on regarde de près les parcours boursiers de ses compétiteurs, ce mouvement s’inscrit comme une évidence. Altice lâche ainsi 7,7% depuis le début de l’année et 14% sur 6 mois, (alors que le titre du groupe de Patrick Drahi gagne quand même 60% sur 3 ans). Telecom Italia enregistre, pour sa part, un recul de 9,3% par rapport au 1er janvier 2017 et un retrait de 3,4% sur 3 ans et 1,3% sur 5 ans. L’Espagnol Telefonica reflue de 1,2% depuis janvier, de 16% sur 3 ans et de 14% sur 5 ans. Bouygues, de son côté, est mieux loti grâce sans doute à son autre « jambe» du BTP. Le titre s’apprécie de 18% depuis le début de l’année, de 58% sur 3 ans et de…100% sur 5 ans. Quant au trublion Iliad, il affiche un gain de 20% depuis le début 2017 et de 24% sur 3 ans.

A l’origine de cette faiblesse, si l’on en croit les spécialistes du secteur, pas tant l’endettement important mais soutenable des principaux acteurs mais plutôt la perspective de très lourds débours dans le cadre du financement de la fibre et de la 5G. Des investissements colossaux qu’ils vont devoir assumer et gérer alors que le contexte concurrentiel les contraint, en parallèle, à rogner toujours un peu plus sur leurs marges. D’où les opérations de ces acteurs soit pour élargir leur spectre sur d’autres créneaux, soit pour aborder de nouvelles zones géographiques (les Etats-Unis pour Drahi, l’Italie pour Niel). Des challenges que les analystes et investisseurs jugent donc compliqués à relever et qui les poussent à se montrer plus dubitatifs sur leur capacité à délivrer.

Source : Lefigaro.fr (18 octobre 2017)