Quelle est la probabilité que votre métier soit remplacé par un robot ?

Revue de Presse

Source : sciencesetavenir.fr (17 mai 2017)

Quelles sont les chances (ou les risques) que vous soyez remplacé par un robot d’ici 20 ans ? Un service web de data-visualisation vous permet de le découvrir, selon le métier que vous exercez, et de comprendre ce qui vous rend indispensable.

La robotisation : un thème minutieusement décortiqué par la science-fiction depuis les années 1920. Aujourd’hui, la menace est réelle, mais elle pèse surtout sur les travailleurs, de plus en plus nombreux à voir leur poste remplacé par une machine autonome. A l’heure où les robots diversifient leurs compétences, une équipe de chercheurs, développeurs et journalistes britanniques, a souhaité informer le grand public avec cette plateforme : Will a robot take your job ?

Je suis un…

Il suffit d’entrer son métier dans un mini-moteur de recherche pour découvrir la probabilité qu’il soit automatisé d’ici 20 ans, selon leurs travaux. Le programme s’appuie sur des données récoltées en 2013, au Royaume-Uni, par Michael A. Osborne et Carl Benedikt Frey, de l’université d’Oxford. Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont trié l’ensemble des tâches professionnelles en 9 catégories (négociation, persuasion, soin à la personne, dextérité manuelle…), associant à chacune un niveau d’automatisation attendu.

La robotique ferait des merveilles dans les tâches à haut niveau de précision, mais aussi quand il s’agit de travailler dans des espaces confinés. Michael Osborne et Carl Frey avancent que « les professions qui requièrent une subtilité de jugement sont de plus en plus sensibles à l’informatisation. La capacité de prise de décisions objective d’un algorithme représente un avantage sur les opérateurs humains ». Les tâches non routinières ne seraient en outre pas complètement hors d’atteinte. L’étude d’Osborne et Frey annonce que « l’écriture de textes légaux et la conduite de camions seront automatisés d’ici peu, tandis que les plaidoiries d’avocats ne le seront pas ». Pour obtenir leurs probabilités, les chercheurs ont associé la probabilité d’automatisation de chaque tâche avec le temps consacré à celle-ci. Et ce, pour chaque profession.

Résultat : les démarcheurs par téléphone auraient 99 % de chances de ne plus être humains dans 20 ans. De l’autre côté de l’échelle on trouve les managers d’hôtel, avec seulement 0,4 % de chance se voir remplacer par des robots. Helena Blancafort, directrice de la société de rédaction automatique de textes Syllabs, ne veut pas entendre parler de grand remplacement : « C’est une légende de dire que les robots vont piquer le travail de tout le monde parce qu’ils ne coûtent rien. En fait, ils ont un coût non négligeable. »

Comment sauver son poste

Cette data-visualisation, hébergée par la BBC, ne se contente pas de tirer la sonnette d’alarme. Elle propose des pistes. Ce qu’il faut faire et ne pas faire pour se rendre indispensable. Les activités à cultiver sont donc : la discussion, par nature incertaine, donc très difficile à automatiser. Mais aussi la créativité et l’assistance à autrui (les auteurs parlent d’intelligence sociale). Cela dit, les professions médicales ne sont pas à l’abri pour autant. Trois ans après la publication de ces données, le robot Watson d’IBM a contribué à diagnostiquer une leucémie et indiquer des pistes pour un traitement adapté.

Le 22 février 2017, Emmanuel Macron a confié son point de vue sur la question au généticien Axel Kahn. « L’automatisation par les robots, cela a un sens et une existence industrielle. Ce que moi je propose, c’est une vraie révolution en accompagnement de notre système de chômage et de formation professionnelle. » Avec les récentes avancées en Machine Learning (l’apprentissage des machines), en vision artificielle, statistiques computationnelles et autres sous-champs de l’intelligence artificielle, tous les métiers sont concernés. A part, peut-être, les fabricant de robots.

Mais puisque c’est une prédiction, il faut prendre cet outil avec des pincettes. Les données datent de 2013 et elles ont été prélevées au Royaume-Uni. Or, depuis, les connaissances ont beaucoup évolué dans ce domaine instable qu’est la robotique. Des imprévus juridiques pourraient également survenir. L’Europe travaille actuellement à définir le statut légal des robots. Ils pourraient un jour devenir des « personnes électroniques ». Il reste aussi énormément d’incertitudes vis-à-vis des travailleurs. Accepteront-ils de se laisser remplacer ? Il faudrait retenter l’expérience en 2035 pour voir si les chercheurs ont été visionnaires.