Réforme des retraites : vers un malus pour ceux qui partent dès 62 ans ?

Revue de Presse

Mercredi 10 octobre, le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, rencontre l’ensemble des syndicats. D’après Les Echos, l’un des changements évoqués serait la création d’une deuxième borne d’âge avant laquelle la pension pourrait subir une décote. Cette limite serait fixée à 63 ans.

Emmanuel Macron l’avait annoncé dès sa campagne à l’élection présidentielle : l’âge minimum de départ à la retraite à 62 ans devrait être conservé. Un discours repris depuis plusieurs mois par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. Cette promesse pourrait cependant avoir du plomb dans l’aile. Elle ne serait pas remise en cause complètement, mais une deuxième limite d’âge pourrait être établie. C’est seulement au-delà de ce seuil qu’il serait possible de partir sans voir sa pension subir une décote. Un moyen de prendre en compte la disparition programmée de l’âge du taux plein, fixé actuellement à 67 ans. Aujourd’hui, si toute décote s’annule automatiquement à 67 ans, avant, en fonction du nombre de trimestres cotisés, il est possible de voir le montant de sa pension diminuer. “C’est cette conquête que le patronat cherche aujourd’hui à pérenniser et à renforcer, en plaidant pour l’instauration d’un âge-pivot à 64 ou 65 ans” affirme le quotidien économique avant d’ajouter : “en deçà, la pension serait décotée ; au-delà, augmentée”. Les Echos précisent que, contrairement au patronat, le gouvernement pencherait plutôt pour un âge-pivot fixé à 63 ans.

Cette nouvelle limite d’âge ressemble au principe de malus déjà validé pour les retraites complémentaires des salariés du privé Agirc-Arrco. A compter du 1er janvier 2019, date de la fusion de ces deux régimes, un système de bonus/malus sera mis en place pour les générations nées à partir de 1957. Ceux qui décideront de partir dès qu’ils ont acquis leur droit à une retraite à taux plein se verront appliquer un malus de 10% sur leur pension pendant 3 ans et au maximum jusqu’à 67 ans. Les salariés qui choisiront de décaler leur retraite d’un an après l’acquisition de tous leurs droits ne subiront aucun malus. Pour inciter les salariés à repousser leur départ de quelques années, un bonus de 10% sera accordé, pendant la première année de versement de la retraite, s’ils acceptent de le retarder de deux ans. Il grimpera à 20% pour trois ans de travail supplémentaire et à 30% pour quatre ans.

Cet âge-pivot permettrait de garantir l’équilibre du système des retraites sur le long terme. Si la réforme envisagée par le gouvernement avec un système par points était adoptée, la notion de durée d’assurance disparaîtrait. En l’absence de borne d’âge, un actif pourrait décider de partir à la retraite à partir du moment où il estime que la pension qu’il percevra sera suffisante. C’est la raison pour laquelle le Conseil d’orientation des retraites (COR) juge nécessaire de garder un âge minimum, afin de continuer à financer la protection sociale mais aussi pour éviter que certaines personnes ne partent trop tôt avec de trop faibles pensions.

Source : capital.fr( 8 octobre 2018)