Retraites : les Economistes atterrés contestent les « visions catastrophistes » du COR

Revue de Presse

Le collectif des Economistes atterrés a dénoncé lundi les « visions catastrophistes » et les « hypothèses très contestables » selon lui du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui n’envisage pas de retour à l’équilibre avant les années 2040 au mieux, l’accusant de plaider « de facto pour plus d’austérité ».

Depuis la dernière réforme des retraites de 2014, le COR, qui se définit comme une « instance indépendante et pluraliste d’expertise et de concertation », est chargé de publier chaque année un rapport sur la situation du système de retraites et ses évolutions.

Ses dernières projections, rendues publiques en juin, sont plus pessimistes qu’en 2016 : à législation constante, l’équilibre financier ne devrait finalement être atteint, au mieux, qu’au début des années 2040.

En cause, notamment, la récente révision des prévisions démographiques de l’Insee, avec l’abaissement du solde migratoire annuel ou encore l’allongement de l’espérance de vie des hommes.

Mais quid des « flux observés depuis la crise syrienne » ou des « signes de ralentissement » de la progression de l’espérance de vie observés « dans beaucoup de pays », s’interrogent Christophe Ramaux et Henri Sterdyniak, membres du collectif les Economistes atterrés, dans une note publiée lundi.

« L’exercice de prévision à très long terme », jusqu’en 2070, est « extrêmement fragile par construction », estiment-ils.

En outre, « à ces incertitudes naturelles, s’ajoutent des choix retenus par le COR qui sont eux particulièrement contestables », comme les hypothèses d’une baisse du nombre de fonctionnaires, « de maintien d’un chômage à haut niveau, de la pression sur les salaires ».

« Ce sont les hypothèses d’austérité de dépenses publiques et d’austérité salariale qui provoquent le déficit (…) et c’est un prétexte pour plus d’austérité encore », s’alarment-ils, pointant « le refus d’envisager toute hausse de cotisation à l’avenir. Un choix proprement irresponsable ».

Reconnaissant, « à sa décharge », que le COR doit « établir des prévisions à législations constantes », les Economistes atterrés déplorent les « conséquences de ces législations libérales » et du paradoxe qui en découle : « plus la société sera riche, moins elle consacrera aux retraités ».

Le niveau de vie moyen des retraités comparé à celui du reste de la population pourrait de fait baisser pour la première fois aux alentours de 2020, selon les prévisions du COR.

« Plutot que de viser la baisse du poids des retraites dans le PIB, nous pouvons collectivement choisir de garantir le niveau de vie relatif des retraités », plaide le collectif, « si nécessaire par la hausse des cotisations sociales ».

Source : notretemps.com (3 juillet 2017)