Stéphane Richard : « Orange va lancer un assistant vocal à moins de 300 euros»

Revue de Presse

Le patron du groupe Orange répond à plusieurs polémiques et nous dévoile ses projets.

Il ne raccroche pas. Arrivé à la présidence d’Orange en mars 2011, Stéphane Richard a été reconduit pour quatre ans le 20 février dernier par son conseil d’administration. Prolongation que doivent valider le 4 mai les actionnaires, dont l’État qui détient 22,95 % du capital. Une nouvelle page pour cet énarque et premier prix de piano qui réplique à plusieurs polémiques d’actualité et dévoile ses projets.

Vous repartez pour un troisième mandat au moment où Michel Combes, dirigeant éphémère d’Altice-SFR reçoit un parachute doré de six millions d’euros en guise de remerciement. En 2017 vous avez perçu 1,750 million d’euros. Quelles sont vos prétentions ?

STÉPHANE RICHARD. J’ai toujours essayé d’être raisonnable et exemplaire. J’ai aujourd’hui le 40e salaire du CAC 40 et pourtant Orange est neuvième en matière de capitalisation boursière. Ma part de salaire fixe n’a pas bougé depuis mon arrivée, je n’ai ni stock-options, ni parachute doré, ni retraite chapeau prévus dans mon contrat… Si je suis remercié demain, je pars sans rien. J’applique cette modération à l’ensemble de l’équipe dirigeante.

Racontez-nous : comment êtes-vous parvenu à l’accord avec TF 1 pour diffuser ses programmes ?
Je suis bien content d’être sorti de cet épisode ! L’accord trouvé est correct car on ne va pas payer pour ce qui est par ailleurs gratuit. Tout s’est accéléré le 2 mars quand Canal + a coupé la diffusion de TF 1 à ses abonnés. C’était le bon timing pour nous car le 9 mars était programmé le grand concert des Enfoirés, événement important pour TF 1. Nous en avons donc profité pour proposer une solution et le 8 mars, c’était signé… Si on parle de choses comparables, avant on payait de l’ordre de 5 millions d’euros par an, dorénavant on va payer un peu plus du double. C’est moins de la moitié de ce qui était réclamé. Et on ne rémunère de facto que les services nouveaux : replay élargi, 4K, avant premières, nouvelles chaînes…

Quelle incidence sur les abonnés ?

Orange dépense chaque année 750 millions d’euros pour acheter des contenus. Nous allons absorber cette hausse et il n’y aura pas de répercussion sur l’abonné qui continuera de bénéficier des mêmes contenus et services attractifs sans augmentation de prix.

Orange Bank a été lancée le 2 novembre et votre offre de crédit à la consommation le 26 mars. Ça marche ?

Les derniers chiffres que nous donnons sont de 100 000 clients en quatre mois. On est très satisfaits. Une récente étude sur les néobanques nous a classés deuxième, c’est donc que nous sommes plutôt bons. L’intelligence artificielle que nous avons mise en place pour répondre aux clients fait de gros progrès : de 30 % des sollicitations réglées sans intervention humaine on est passé à 55 % aujourd’hui ! Pour le crédit conso, c’est trop tôt pour commenter ; nous allons bientôt lancer une grande campagne d’information. Nous avons le meilleur standard du marché : demande 100 % sur mobile, prêt de 500 à 75 000 euros, échéances de remboursement modifiables d’un clic et un TAEG très bas qui commence à 1,5 %. Ce service réservé aux clients Orange Bank sera ouvert à tous en 2019 et nous allons lancer une carte bancaire premium à la rentrée.

Suite au scandale Facebook-Cambridge Analytica, les clients d’Orange doivent-ils craindre pour leurs données personnelles ?

Orange n’est pas du tout basé sur le même modèle économique. Nous ne nous finançons pas en vendant les données de nos clients. D’ailleurs, nous ne vendons aucune donnée qui n’est pas d’abord anonymisée et agrégée avec d’autres pour permettre une utilisation statistique. Le prochain Show Hello que nous ferons à l’automne pour présenter nos projets sera d’ailleurs centré sur la confiance.

Quelles innovations préparez-vous ?

En matière de protection des données personnelles, justement, nous allons bientôt permettre à nos clients d’installer sur mobile un petit tableau de bord pour qu’ils puissent facilement contrôler ce que leurs applications font avec leurs données. On travaille aussi sur la maison connectée, la e-santé…

À quand un assistant vocal intelligent Orange ?

Notre autre innovation importante c’est Djingo, un système d’intelligence artificielle accessible via divers supports. Il sera au cœur de l’assistant vocal qui sera lancé cet automne et que nous codéveloppons avec Deutsche telekom. On le réveillera par « OK Djingo » et on pourra lui demander de lancer la télé, envoyer un SMS, commander des courses, trouver un hôtel pas cher à Londres… Le système d’IA intégré sera nettement plus performant que ce qui existe, sur la reconnaissance de la parole, sur le délai de réaction… Il y aura deux modèles, un grand et un petit. Son prix sera bien inférieur à 300 €.

Xavier Niel s’appuie sur une décision de la Cour de cassation pour appeler les 17 millions d’abonnés engagés à venir chez Free. Est-ce la fin des subventions ?

Si la jurisprudence évolue, nous nous adapterons, bien sûr. Et avec Orange Bank nous avons l’outil pour faire du crédit… De là à dire que le subventionnement des mobiles c’est fini, Xavier Niel va un peu vite. Je m’étonne que, se présentant comme un Robin des bois, il fasse obstacle à cette facilité de paiement qui permet à beaucoup de gens d’avoir un smartphone. Tout le monde n’a pas ses moyens ! Nous n’obligeons personne et la grande majorité de nos forfaits sont sans engagement.

À quand la couverture haut débit de tout le territoire ?

Pour le mobile, je salue le new-deal proposé par le gouvernement qui nous offre avantages fiscaux et fréquences gratuites en échange d’un engagement à investir trois milliards d’euros pour améliorer la couverture, dont celle des autoroutes, des nationales, des TER et TGV… On verra une amélioration spectaculaire de la couverture d’ici 2020-2021. Pour ce qui est du fixe nous déployons de la fibre massivement dans le cadre du plan Très haut débit du gouvernement et pour les zones inaccessibles à la fibre, Orange a signé un accord avec Eutelsat et Thalès pour apporter en 2021 une nouvelle solution satellite 100 % française.

Source : leparisien.fr (16 avril 2018)