Surmenage : détecter les signes d’alerte

Revue de Presse

La suractivité permanente est délétère pour l’organisme, même si elle est souvent valorisée. Les premiers indices de non-récupération doivent inciter à lever le pied avant la sortie de route.

Surmenés, nous le sommes presque tous, inévitablement, par moments : il suffit que tout s’accumule (professionnellement et/ou personnellement) pour que la suractivité s’installe dans notre quotidien : six cadres sur dix estiment que leur vie professionnelle déborde sur leur vie privée et un sur deux rapporte du travail à la maison. Le danger apparaît quand la situation s’éternise, car le surmenage peut devenir, chez certains, un véritable mode de vie.

« Cette “surchauffe permanente” est souvent valorisante», observe le Dr Dominique Servant, psychiatre, responsable de l’unité spécialisée sur le stress et l’anxiété au CHU de Lille. Aujourd’hui, être débordé est fréquemment perçu comme un signe positif de réussite, voire d’accomplissement, et de performance. Sorte d’antidote à notre peur du vide, de l’échec ou de l’ennui, il s’accompagne alors d’une perte de lucidité : surengagé, sous pression, on est pris dans un engrenage d’efficacité et de productivité parfois euphorisant. Pourtant, le risque de rupture est réel : « se surmener, c’est appuyer sur la pédale d’accélérateur de notre organisme. Avec, à la clé, un possible dérapage qui peut coûter cher», rappelle le spécialiste.

Quand s’inquiéter?

Deux signes clés peuvent alerter. D’une part, un état de tension permanente. Si celui-ci est difficile à percevoir chez soi, l’entourage le repère plus aisément car il se traduit par une agitation constante. Parler haut et fort, mouvements rapides voire brusques : l’énergie est en permanence mobilisée au maximum, même pour des tâches qui ne le nécessitent pas, comme un moteur qui ne parviendrait plus à ralentir. Autre facteur révélateur : la fatigue. Parfois masquée les premiers temps, elle devient importante dans un second temps, s’accompagnant de sérieuses difficultés de récupération (avec un sommeil de mauvaise qualité, par exemple) : on est épuisé même après un week-end de « repos». En outre, se remettre en route et accomplir ses tâches habituelles nécessite de plus en plus d’efforts et mobilise plus d’énergie que de coutume.

Ces signes, qui montrent que « les batteries sont à plat», doivent entraîner une prise de conscience et conduire à un ralentissement, pour revenir à un rythme de travail – et de vie – plus raisonnable. « À ce stade, il est encore relativement facile de faire machine arrière : il suffit de couper court à l’agitation et à la suractivité pour passer en “mode économique” : alléger tout ce sur quoi on peut agir (ce qui signifie, parfois, renoncer), revoir ses priorités, faire de vraies pauses. Bref, préserver son capital, même si cela peut sembler frustrant», détaille Dominique Servant. Car même si la société nous y pousse, la suractivité prolongée se révèle délétère sur la santé physique et mentale, entraînant parfois dans un tourbillon de pensées négatives, d’insatisfaction et de ruminations qui font basculer certains dans la spirale du burn-out.

Source : Lefigaro.fr (13 juillet 2017)