Symbole de l’ère pré-numérique, la cabine téléphonique raccroche

Revue de Presse

Pour les moins de 20 ans, elles ne sont que les fossiles d’une préhistoire numérique qu’ils remarquent à peine, mais pour la majorité de la population, elles ont été pendant très longtemps un outil indispensable de la vie quotidienne. Emportées par le téléphone mobile, elles se retrouvent reléguées au statut de glorieux avatar de l’histoire des télécoms.

Les cabines téléphoniques vivent leurs derniers instants en France. Ou leur utilisation est détournée comme à Saint-Catherine, près d’Arras, où la cabine a été recyclée en cabine à livres. Idem à Willems.

«   En 2016, le trafic des cabines téléphoniques représentait moins de 0,7 % de celui constaté en 2000. Une très grande majorité de cabines n’avait plus aucun trafic  », relève-t-on au ministère de la Cohésion du territoire. Un abandon réel puisque le temps moyen d’utilisation était en 2016 de moins d’une minute par cabine et par jour, contre plus d’une heure en 1998, selon les données d’Orange et de l’Autorité de régulation des télécoms.

Alternatives jugées insuffisantes

Conséquence, pour l’opérateur historique le maintien des cabines représente une perte de 10 millions d’euros par an. Elles généraient encore un chiffre d’affaires de 516  millions d’euros en 2000. Le déclin est amorcé de longue date  : depuis 1997, le nombre de cabines sur la voie publique a baissé régulièrement, passant de 300  000 cette année-là à moins de 15 000 vingt ans plus tard.

La loi Macron a permis à l’opérateur d’accélérer le rythme, en abrogeant, en 2015, l’obligation de service universel de publiphonie. «   Début décembre, il en restait encore environ 3 000 sur tout le territoire, il en restera un peu plus de 1 000 au 1er  janvier 2018, principalement du fait des retards de dé-raccordement électrique  », précise l’opérateur.

1000000000000546000002f73363933149a04f7b.jpgAucun démontage n’est réalisé sans dialogue avec les collectivités, selon Orange. PHOTO AFP

Le chiffre descendra à 350, uniquement présentes dans les zones blanches, le temps que le réseau mobile vienne y prendre le relais. Un nombre jugé insuffisant, tant par les associations de consommateurs que celles d’élus locaux. «   Nous ne demandons pas nécessairement le maintien des cabines mais le maintien du service  », explique Nadia Ziane, responsable du pôle consommation pour l’association Familles Rurales. «   Il n’y a pas d’opposition de principe, mais cela ne doit pas être le cas quand il n’y a pas une couverture effective du village  », renchérit Cédric Szabo, directeur de l’association des maires ruraux de France.

Le gouvernement rappelle qu’Orange, opérateur en charge du service universel pour les trois prochaines années, a vu ses obligations renforcées notamment dans le délai de réparation des pannes de réseau. Les maisons de service au public doivent aussi prendre le relais, en mettant à disposition des téléphones publics mais leur fonctionnement n’offre pas une alternative satisfaisante, estime Familles Rurales.

«   On ne compte qu’environ 2 000 maisons de service à l’heure actuelle sur tout le territoire, et elles n’offrent bien souvent que des heures d’ouvertures très limitées, il n’est pas possible d’appeler quand on veut  », regrette Nadia Ziane.

Source : lavoixdunord.fr (18 décembre 2017)