Télétravail : deux tiers des salariés y sont favorables

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Source : lesechos.fr (9 août2016)

Tendance Le travail à distance est plébiscité par une majorité de salariés français. Mais ils ne souhaitent pas, pour autant, en faire la norme.

64 % des salariés français se disent favorables au télétravail, quand 36 % préfèrent venir au bureau tous les jours ouvrables. C’est le résultat d’une étude (1) publiée fin juillet par Randstad, alors qu’une concertation nationale et interprofessionnelle doit être lancée avant le 1er octobre prochain autour de cette thématique (voir encadré). Dans le détail, 35 % souhaitent télétravailler occasionnellement, 17 % un nombre de jours fixe par semaine et 12 %, seulement, tous les jours ouvrables. Selon Sophie Durand, directrice de la communication du groupe Randstad, «  les générations Y et Z sont beaucoup plus nomades, ce qui explique l’engouement pour le télétravail », auquel s’ajoute « une croissance de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, très important pour la marque-employeur ».

Réticence au télétravail généralisé

Toutefois, ce mouvement de fond ne doit pas faire oublier une forte réticence à une généralisation complète du télétravail. Seul 1 salarié sur 10 se verrait bien travailler tous les jours hors de son bureau. Des résultats que Sophie Durand attribue à la volonté de garder la «  sociabilité » propre au monde du travail et qui ne se retrouve pas, depuis chez soi, derrière un ordinateur. «  Il y aussi le besoin d’avoir un pied dans l’entreprise », poursuit-elle, puisqu’une carrière se construit encore aujourd’hui en montrant que l’on est présent et motivé, avec le revers du «  présentéisme » que cela peut induire.

Encore faut-il que les employeurs soient vraiment en phase avec les attentes des salariés. Seulement 16 % des employés français assurent que leur entreprise leur propose d’avoir effectivement recours au télétravail. «  Aujourd’hui, on sent qu’il y a une envie de détendre le système. Mais tout cela est conditionné à la confiance du manager », souligne Sophie Durand. Néanmoins, le télétravail n’est pas forcément chose aisée à mettre en place pour l’employeur : consultation des partenaires sociaux, signature d’avenant au contrat de travail, ou encore équipements informatiques spécifiques pour le travail à distance peuvent en rebuter plus d’un. Ce qui explique, peut-être, que la France soit dans le bas du tableau (2), au niveau européen, pour son usage du télétravail, derrière l’Espagne, l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou encore la Suède, championne du travail nomade, où la moitié des salariés oeuvrent loin de leur bureau.

(1) – Etude réalisée sur la base de questionnaires administrés en ligne par l’institut d’études indépendant ICMA Group sur un échantillon représentatif de 1.148 Français, actifs ou potentiellement actifs, âgés de 18 à 65 ans.

(2) – Etude européenne de l’observatoire Actineo, un collectif de professionnels de l’aménagement de bureaux. Réalisée en 2014 par l’institut CSA, le sondage couvre l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas, l’Espagne et la France.

Concertation sur le télétravail, kézako ?
Inscrite dans la loi Travail, une concertation sur le télétravail doit avoir lieu avec les partenaires sociaux avant la fin du mois de septembre. S’ils le souhaitent, ils pourront ouvrir des négociations sur le sujet. Cette concertation portera également sur l’évaluation de la charge de travail des salariés en forfait jours, sur la prise en compte des pratiques liées aux outils numériques permettant de mieux articuler vies personnelle et professionnelle, ainsi que sur l’opportunité et, le cas échéant, les modalités de fractionnement du repos quotidien ou hebdomadaire de ces salariés. À l’issue de cette concertation, un guide des bonnes pratiques sera élaboré et servira de document de référence lors de la négociation d’une convention collective ou d’un accord d’entreprise.