Un mode d’emploi pour accompagner les malades à la reprise du travail

Revue de Presse

Deux laboratoires lyonnais, en médecine du travail et sciences sociales, testent un protocole de retour à l’emploi auprès de 200 patientes atteintes d’un cancer du sein.

L’acronyme n’est pas facile.  Fastracs , pour FAciliter et soutenir le retour au travail après un cancer du sein. Derrière cette expérience unique en France, il y a Jean-Baptiste Fassier, médecin du travail rattaché à l’université Claude Bernard à Lyon. Elle associe dix chercheurs en médecine et psychologie sociale et fédère un comité stratégique de 25 personnes, parmi lesquelles des représentants de l’Agence régionale de santé, du Cancéropôle régional (Clara), de la Ligue contre le Cancer, l’Assurance-maladie et la Direction régionale du travail (Dirrecte).

Le projet vise à définir le mode d’emploi d’un accompagnement à la reprise professionnelle et l’amélioration du maintien dans l’emploi. Cela pose, dès en amont, la question du lien avec l’employeur pendant le congé et de la façon dont il faut ou pas le garder. «  L’anticipation est la clef d’un bon retour. On ne passe pas du statut de malade au statut de salarié du jour au lendemain, d’un claquement de doigt », dit le praticien des Hospices Civils de Lyon.

40 % de patientes en activité professionnelle

Cette initiative en recherche interventionnelle, encadrée par des critères scientifiques, cible les femmes atteintes d’un cancer du sein pour étudier un échantillon homogène, offrant une base statistique suffisante. «  C’est la principale cause d’affection de longue durée, avec 36.000 nouveaux cas en France en 2016, dont 7.000 en Auvergne-Rhône-Alpes, territoire de notre étude. Et 40 % de ces femmes sont en activité professionnelle », dit-il.

Grâce à un financement de près de 800.000 euros recueilli auprès de plusieurs partenaires, dont 560.000 de l’Institut national du cancer sur quatre ans, il espère les premières prises en charge expérimentales à l’été 2018.

Deux cents patientes de la région seront intégrées dans un programme d’accompagnement pilote, démarré à l’hôpital en parallèle du parcours de soins, et poursuivi durant deux ans après le diagnostic. Avec un groupe témoin équivalent, pour une étude clinique en bonne et due forme. Le protocole devra définir la bonne méthode d’accompagnement et les missions respectives du milieu hospitalier et de la médecine du travail, «  qui doit être plus étroitement associée ». Et aussi les moyens de financement dans l’optique d’une généralisation de la prise en charge. «  O n envisage une participation mixte de la Sécurité sociale et de l’employeur, à travers sa mutuelle, l’Agefiph et même ses fonds propres », explique le chercheur. Selon les résultats de l’étude, le programme a vocation à être élargi à partir de 2021. «  On aimerait que l’accompagnement devienne la règle, comme le sont les traitements de rééducation. »

Source : lesechos.fr (04 décembre 2017)