Vacances : combien de temps partir pour revenir en pleine forme à la rentrée ?

Revue de Presse

Un mois, une semaine, dix jours, un long week-end… combien de jours faut-il partir cet été pour rentrer de vacances reposé ? Est-ce que trop de jours de repos d’affilés peuvent nuire au retour ? Faut-il ponctuer son été en dispersant ses jours de congés payés ou bien partir plus longtemps une seule fois ? Pour connaître la meilleure formule pour des vacances estivales revigorantes et une rentrée sereine, « l’Obs » a interrogé François Baumann. Médecin généraliste et chargé d’enseignement à Paris V, il est auteur de nombreux ouvrages sur la souffrance au travail et notamment de « Epuisements » (Ed.Josette Lyon), et fait également partie d’un groupe de travail sur le burn-out à la Haute Autorité de santé.

Certains les attendent en trépignant, d’autres osent à peine les prendre : les vacances d’été ne sont pas toujours facile à gérer. Sont-elles utiles ou peut-on s’en passer ?

Pour sa santé mentale et physique, il est impensable de faire l’impasse sur les vacances. Qu’elles soient l’été ou l’hiver, il est impossible de passer une année sans en prendre. Généralement, ceux qui estiment ne pas en avoir besoin, être plus résistants ou endurants que les autres ont plus de risques de développer des pathologies liées à la souffrance au travail. Prises correctement et régulièrement, les vacances préviennent l’épuisement qui conduit notamment au burn-out. Elles permettent aussi une remise en question de son quotidien et de sa vie, ce qui permet de mettre en place des changements, petits ou grands, pour une vie plus épanouie. C’est par exemple en vacances que l’on peut décider que l’on quittera un travail ennuyant qui n’a plus aucun sens à nos yeux, afin d’éviter un bore-out, ou que l’on mettra un terme à une relation amoureuse qui ne fonctionne plus.

Combien de temps faut-il partir en vacances pour revenir en pleine forme au travail ?

Tout dépendra du travail que vous faites, de votre état de fatigue, de ce que vous prévoyez pour vos vacances et de votre personnalité. J’ai constaté que les profils imaginatifs ont tendance à déconnecter plus vite de leur quotidien. A l’inverse, ceux qui sont plus concentrés, souvent très impliqués dans leur travail, ont besoin de plus de temps. Mais en moyenne, j’estime qu’il faut partir deux semaines consécutives pour vraiment profiter des bienfaits des vacances. Surtout passé 40 ans, la récupération n’est pas immédiate, il faut du temps.

D’ailleurs, la première semaine est dédiée au repos. Ce n’est que la deuxième que l’on profite. La troisième, si elle existe, c’est uniquement un bonus. Mieux vaut donc équilibrer les vacances sur l’année, comme le font les Anglo-saxons, en prenant deux semaines l’été, une à l’automne, une l’hiver et une au printemps. Prendre quatre ou cinq semaines d’un coup l’été ne me semble pas être l’idéal, même si en France cela se fait couramment, et prendre moins de deux semaines d’affilée n’est pas suffisant pour vraiment se détendre.

Ces recommandations sont valables pour les personnes qui ne souffrent pas de pathologies particulières. En cas de burn-out ou de maladie au travail, il faut bien plus que deux semaines pour s’en remettre.

Que faut-il faire pendant ces deux semaines de vacances : lézarder sur la plage toute la journée ou perfectionner sa marche nordique ?

Plutôt la deuxième option. Comme il s’agit de « débrancher » du quotidien, et pour filer la métaphore électrique, il faut se « brancher » sur une autre activité. Le sport permet bien la chose. Il vide l’esprit et fait changer d’air, c’est ce que l’on attend des vacances.

Rester des heures sur la plage en plein soleil n’est pas une activité reposante. En réalité, elle est même mauvaise pour la santé, même avec un bon indice de protection solaire je recommande une exposition de maximum 15 minutes par jour. Pour ce qui est de la fameuse vitamine D, mieux vaut prendre des compléments toute l’année plutôt que de brûler sa peau pendant une dizaine de jours.

L’idéal en vacances est en effet de reprendre ou d’entamer une activité physique. Du kitesurf à la course à pied en passant par la planche à voile, tout est bon à prendre. Même les bains de mer sont un bon moyen de se remettre à bouger. La première semaine, il faut poser les bases d’une de ses activités qui ne sont pas forcément aisées. La deuxième semaine permet d’en profiter en étant un peu plus aguerri et entraîné. Je parle de sport, mais il peut aussi s’agir d’un passe-temps plus intellectuel ou créatif. Ce qui compte, c’est de se changer les idées en étant dans autre chose que son travail. Ceux qui n’ont aucun autre centre d’intérêt en dehors de leur emploi, qu’ils font souvent très bien, sont les plus à même de développer des troubles psychologiques.

Source : tempsreel.nouvelobs.com (23 juillet 2017)