Mettre des mots sur le burn out

Revue de Presse

Source : Extrait de francetvinfo.fr (7 avril 2017)

TÉMOIGNAGES – Depuis 2013, une maison discrète à Poissy (Yvelines) accueille les victimes du « burn-out », le syndrome d’épuisement professionnel. Structure unique en France, cette « Maison Souffrance et Travail » propose des consultations individuelles ou des groupes de paroles avec des psychologues, ainsi que la mise en contact avec des coachs ou des avocats. En complément de ce reportage, un sujet sera diffusé ce 10 mars dans le Magazine de la santé.

Au bord d’une route très fréquentée, une maison de banlieue en meulière tranche avec les immeubles modernes du quartier. La porte y est toujours ouverte pour accueillir la souffrance des victimes de « burn out ».

Celle qui en possède les clés s’appelle Françoise François. Ancienne infirmière, elle est devenue psychologue du travail après avoir été victime elle aussi, il y a 18 ans, d’un syndrome d’épuisement professionnel.

Cette femme à la voix douce et rassurante gère un emploi du temps de ministre. Chaque jour, chaque semaine, elle voit les rendez-vous s’enchaîner les uns après les autres, les appels à l’aide se succéder, avec toujours cette souffrance au bout du fil.

« J’ai une trentaine d’appels téléphoniques par jour, le dimanche y compris », explique Françoise François en nous montrant son agenda au bord de la saturation. « J’ai des gens en très grande détresse au téléphone. Ils viennent de tous les horizons, ce sont des ingénieurs, des notaires, beaucoup de professions libérales mais aussi beaucoup d’ouvriers. Ce sont de gens qui se retrouvent dans des situations extrêmement violentes et complexes… ».

En 2016, près de 5.000 personnes ont franchi la porte de la « Maison Souffrance et Travail ».

Médecin en burn out : la souffrance en miroir

Le burn out est le point de non-retour d’un situation qui s’enlise. Ça commence souvent par des horaires qui n’en finissent plus, une souffrance qu’on tente de dissimuler tant bien que mal puis il y a cette impression d’être face à un mur. Alors Françoise les écoute, leur donne des conseils.

Ce médecin généraliste vient en consultation depuis un an. Après de brillantes études de médecine, près de 30 ans à exercer son métier, sa passion, il craque. Sous le poids des horaires au cabinet et d’une charge administrative qui l’épuise.

« Il y a la peur de savoir si vous allez pas vous effondrer pendant la consultation parce que finalement on joue un rôle. Et il faut montrer celui qui est fort, a la hauteur et qui a pouvoir aider le patient qui a franchi la porte de son cabinet », confie-t-il à la psychologue. Celle-ci l’interroge : « Comment faites-vous lorsque dans votre consultation vous rencontrez des patients en burn out et qu’ils vous demandent de l’aide. Vous savez que vous êtes en burn-out alors comment faites-vous ? »

« On se voit comme ds un miroir », poursuit-il. « Eux viennent me voir en pensant que je dois les aider mais je me dis que je ne peux pas m’aider moi-même comment vais-je pouvoir l’aider ? »

Depuis qu’il a pris conscience de son burn-out, il a décidé de lever le pied. Dans sa consultation, il ne reçoit plus que quelques heures par jour. L’idée même de quitter son cabinet fait désormais sens pour lui.

▶ Retourner travailler « jusqu’à ce que ça craque »

Si certains patients sont vus en entretien individuel d’autres se voient dans des groupes de parole. Assis en cercle, la parole se libère progressivement.

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▶ Culpabiliser d’être en souffrance

Ne plus se sentir à la hauteur, ni physiquement capable, les victimes de burn-out sont victime d’un épuisement à la fois physique et psychique. « Si les autres sont malades c’est peut-être que moi aussi parce que j’ai reconnu certains symptômes. C’est comme si je pouvais voir ce qui m’arrive, ça me permet d’avoir « une image de soi » en face », explique une des partipantes au groupe de parole. « Maintenant qu’on est ensemble, il faut se soutenir et se trouver des solutions pour se reconstruire », renchérit une autre.

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Au bord d’une route très fréquentée, une maison de banlieue en meulière tranche avec les immeubles modernes du quartier. La porte y est toujours ouverte pour accueillir la souffrance des victimes de « burn out ».

La Maison Souffrance et Travail, à Poissy (Yvelines).

Celle qui en possède les clés s’appelle Françoise François. Ancienne infirmière, elle est devenue psychologue du travail après avoir été victime elle aussi, il y a 18 ans, d’un syndrome d’épuisement professionnel.

Cette femme à la voix douce et rassurante gère un emploi du temps de ministre. Chaque jour, chaque semaine, elle voit les rendez-vous s’enchaîner les uns après les autres, les appels à l’aide se succéder, avec toujours cette souffrance au bout du fil.

Françoise François, fondatrice de la Maison Souffrance et Travail.

« J’ai une trentaine d’appels téléphoniques par jour, le dimanche y compris », explique Françoise François en nous montrant son agenda au bord de la saturation. « J’ai des gens en très grande détresse au téléphone. Ils viennent de tous les horizons, ce sont des ingénieurs, des notaires, beaucoup de professions libérales mais aussi beaucoup d’ouvriers. Ce sont de gens qui se retrouvent dans des situations extrêmement violentes et complexes… ».

En 2016, près de 5.000 personnes ont franchi la porte de la « Maison Souffrance et Travail ».

Médecin en burn out : la souffrance en miroir

Le burn out est le point de non-retour d’un situation qui s’enlise. Ça commence souvent par des horaires qui n’en finissent plus, une souffrance qu’on tente de dissimuler tant bien que mal puis il y a cette impression d’être face à un mur. Alors Françoise les écoute, leur donne des conseils.

Ce médecin généraliste vient en consultation depuis un an. Après de brillantes études de médecine, près de 30 ans à exercer son métier, sa passion, il craque. Sous le poids des horaires au cabinet et d’une charge administrative qui l’épuise.

« Il y a la peur de savoir si vous allez pas vous effondrer pendant la consultation parce que finalement on joue un rôle. Et il faut montrer celui qui est fort, a la hauteur et qui a pouvoir aider le patient qui a franchi la porte de son cabinet », confie-t-il à la psychologue. Celle-ci l’interroge : « Comment faites-vous lorsque dans votre consultation vous rencontrez des patients en burn out et qu’ils vous demandent de l’aide. Vous savez que vous êtes en burn-out alors comment faites-vous ? »

« On se voit comme ds un miroir », poursuit-il. « Eux viennent me voir en pensant que je dois les aider mais je me dis que je ne peux pas m’aider moi-même comment vais-je pouvoir l’aider ? »

Depuis qu’il a pris conscience de son burn-out, il a décidé de lever le pied. Dans sa consultation, il ne reçoit plus que quelques heures par jour. L’idée même de quitter son cabinet fait désormais sens pour lui.

▶ Retourner travailler « jusqu’à ce que ça craque »

Si certains patients sont vus en entretien individuel d’autres se voient dans des groupes de parole. Assis en cercle, la parole se libère progressivement.

Suzy* : « La veille de retourner travailler, j’ai avalé deux tubes de cachet. »

Jeanne* : « Un jour je lui ai dit : « cessez cette persécution, vous allez me tuer ». »

Helen* : « Je ne pouvais pas m’arrêter alors j’y suis allée jusqu’à ce que ça craque. »

▶ Culpabiliser d’être en souffrance

Ne plus se sentir à la hauteur, ni physiquement capable, les victimes de burn-out sont victime d’un épuisement à la fois physique et psychique. « Si les autres sont malades c’est peut-être que moi aussi parce que j’ai reconnu certains symptômes. C’est comme si je pouvais voir ce qui m’arrive, ça me permet d’avoir « une image de soi » en face », explique une des partipantes au groupe de parole. « Maintenant qu’on est ensemble, il faut se soutenir et se trouver des solutions pour se reconstruire », renchérit une autre.

Caroline* : « mes parents me disaient « pourquoi toi ? t’es forte pourtant ! » .

Alia* : « On n’est pas des robots, on n’est pas des matricules »

Marie* : « On n’a pas le droit d’avoir mal au travail parce que l’on donne plein de choses. »

« La maladie du courageux »

Le jour de notre visite, Françoise mène le groupe de parole. Même si elle sait que sa vision « peut choquer », elle ose décrire le burn-out comme « une chance… à condition que l’on puisse comprendre pourquoi il est arrivé ».

Pour elle, c’est la « maladie du courageux ». « Ce sont des gens qui se donnent qui ont des valeurs de l’éthique aiment le travail bienfait précautionneux, ils ne comptent pas leur temps, ils vont tout donner, ils ont l’esprit d’entreprise et puis, un jour, il n’y aura pas le retour attendu c’est-à-dire un minimum de reconnaissance et ce minimum ce n’est pas forcement financier c’est aussi de dire aux gens « c’est bien ce que tu fais », « tu fais du bon boulot » », explique Françoise.

▶ Quand l’épuisement professionnel conduit au suicide

Eric n’est venu ici qu’une fois en consultation mais il a suggéré à de nombreux collègues de venir dans cette maison. Aujourd’hui, il vient parler d’Edouard, son collègue qui a mis fin à ses jours il y a quelques semaines. Ce cheminot s’est donné la mort à la gare Saint-lazare sur son lieu de travail. Eric a tenu à rendre visite à Françoise pour lui donner quelques nouvelles.

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