Le bien-être au travail incite les salariés à s’engager

Revue de Presse

Accroître l’harmonie, la cohésion, l’agilité des équipes, attirer et fidéliser les talents. Pour relever ces défis, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à miser sur les dispositifs favorisant le bien-être au travail.

On pense trop souvent que le bien-être au travail est une problématique qui impacte surtout les jeunes générations arrivant dans les entreprises du numérique, mais, en ce domaine, l’attente est universelle, quels que soient le travail considéré ou la taille de l’entreprise », constate Stéphanie Chasserio, enseignant-chercheur à Skema Business School. Les entreprises mènent de plus en plus d’actions pour accroître le bien-être et certaines vont même jusqu’à recruter des « chief happiness officers » (CHO), des « responsables du bonheur au travail ». Une démarche qui fait s’interroger sur la notion de bonheur, qui, pour certains, relève davantage de la sphère privée.

« Au terme « bonheur » plutôt subjectif, je préfère ceux de « qualité de vie », de « bien-être au travail », qui font plus référence à l’harmonie des équipes, à la convivialité, à la qualité de l’environnement de travail et au sens de son travail », précise Alain André, directeur de la prévention et de la qualité de vie au travail chez Orange. Cette analyse est partagée par Florent Voisin, responsable qualité de vie et santé au travail du spécialiste du cloud OVH, basé à Roubaix. « Au coeur du bien-être au travail, il y a le sens du travail, l’autonomie, la bienveillance, les relations avec les collègues. Dans les entreprises, les projets doivent avancer vite, il faut de l’agilité dans les équipes et cela n’est possible que s’il y a une vraie cohésion, un esprit collectif. C’est donc fondamental de parvenir à créer du lien, par exemple en partageant des activités sportives ou culturelles », dit-il.

Du management bienveillant…

Bien-être, bonheur au travail… Au-delà du terme utilisé, les entreprises savent que les attentes des salariés sont fortes, et poser un baby-foot au milieu de l’open space ne suffit plus à les satisfaire. En matière de management, d’offre de services ou d’aménagement des locaux, les leviers originaux pour améliorer le bien-être au travail ne manquent pas et sont loin de se limiter au monde des start-up. Ainsi, chez Guichon Valves, une entreprise de robinetterie industrielle, basée à Chambéry et employant 80 personnes, on propose aux salariés de relâcher la pression et le stress du quotidien en pratiquant la « mindfullness » (méditation de pleine conscience), dans une salle dédiée, avec des séances de méditation animées par un collaborateur spécialement formé. Dans la grande distribution, le groupe Casino déploie, depuis deux ans, un programme de formation et d’accompagnement au management bienveillant. Plus de 3.400 managers ont été ainsi formés et, sur le terrain, un réseau de 800 « bienveilleurs » accompagne les collaborateurs rencontrant des difficultés dans leur travail.

… au télétravail

Pour mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle, miser sur le travail à distance s’avère un levier efficace qui peut être actionné à très grande échelle. « Le télétravail a fait l’objet d’un accord avec les représentants du personnel. Nous comptons aujourd’hui plus de 7.000 télétravailleurs réguliers et environ 8.000 occasionnels, et cela quels que soient le métier ou les responsabilités. Ces volumes montrent que nous avons répondu à une véritable attente », précise Alain André. Coiffeur, pressing, lavage de voiture, réservations diverses…, les services de conciergerie se développent et facilitent la vie quotidienne des salariés. « Ce ne sont pas des gadgets, car profiter de ces services sur le lieu de travail, c’est se dégager de contraintes quotidiennes pour disposer de plus de temps libre après le travail, du temps de qualité pour les salariés », affirme Florent Voisin.

Se sentir bien au travail, c’est aussi la fin de l’open space uniformisé avec l’émergence d’une nouvelle tendance, être au bureau comme à la maison. « Dans notre agence, les 80 collaborateurs n’ont plus de poste de travail fixe. Nous avons décloisonné les espaces dans le but de faire comme dans une maison, passer d’une pièce à l’autre en fonction de l’activité. Le lieu doit correspondre à l’usage et cette mobilité interne décuple la convivialité mais aussi la créativité, l’agilité des équipes et, au final, la performance », se félicite Nicolas Paugam, cofondateur d’Artdesk, agence d’architecture spécialisée dans les nouveaux modes de travail.

Si les leviers pour accroître le bien-être au travail ne manquent pas, il ne faut pas oublier les fondamentaux. « La qualité de vie au travail commence par le travail lui-même, le salarié doit pouvoir comprendre son rôle, le sens de son travail. En mettant en place un management participatif, une organisation responsabilisante laissant autonomie et possibilité de s’exprimer, le dirigeant montrera qu’il veille aussi à cette dimension essentielle du bien-être au travail », conclut Stéphanie Chasserio.

Source : lesechos.fr (25 juin 2017)