Télécoms : le géant britannique BT supprime 13.000 emplois

Revue de Presse

Le groupe va toutefois créér 6.000 postes afin d’accélérer la mise en place de la fibre optique à très haut débit. L’action chute lourdement après des perspectives dégradées.

Le géant britannique des télécoms BT a annoncé la suppression de 13.000 emplois administratifs et d’encadrement ainsi que le déménagement de son siège londonien pour faire face à une intense concurrence. Le groupe va toutefois créer 6.000 emplois d’ingénieurs, de techniciens et d’aides au client afin d’accélérer la mise en place de la fibre optique à très haut débit, muscler son réseau de transmission des données et améliorer son service consommateur. 

Un porte-parole de BT a précisé à la BBC que les deux-tiers des suppressions d’emplois seraient effectuées au Royaume-Uni.

Le plan de suppression d’emplois, étalé sur trois ans, vise à « simplifier le modèle opérationnel de BT », notamment « en supprimant des échelons d’encadrement », a précisé le groupe dans un communiqué jeudi. BT entend ainsi réduire ses coûts de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d’euros) en trois ans.

La mise en place de ce plan d’amaigrissement lui occasionnera toutefois des frais initiaux de 800 millions de livres. 

« Coup de massue »

La secrétaire nationale du syndicat Prospect, Philippa Childs, a qualifié cette annonce de « coup de massue ». « La plupart des postes que BT entend supprimer sont occupés par des professionnels hautement qualifiés et la perte de cette expertise pourrait nuire à la recherche et à l’innovation » du groupe, explique-t-elle. 

BT compte 106.400 salariés dans le monde, dont 82.800 au Royaume-Uni, d’après son dernier rapport annuel. Il avait déjà annoncé l’an passé la  suppression de 4.000 emplois dans le monde à l’issue d’un exercice 2016-2017 difficile marqué par un retentissant scandale comptable en Italie. 

Les suppressions d’emplois dévoilées jeudi sont annoncées dans le cadre d’un « plan stratégique » visant à « créer de la valeur à long terme pour les actionnaires en maintenant sa position dominante dans les services télécoms au Royaume-Uni et vis-à-vis des sociétés multinationales ». 

Parmi les mesures annoncées par le directeur général Gavin Patterson figure la concentration « sur une trentaine de sites stratégiques » et ce « afin de réduire l’inefficacité liée à notre dissémination sur des nombreux sites au Royaume-Uni ». Dans ce cadre, le groupe a annoncé le déménagement de son siège social du coeur de la City de Londres. 

Chute en Bourse

L’ex-British Telecom est actif dans la téléphonie fixe, l’internet, la télévision et, depuis le rachat de l’opérateur britannique EE, est aussi un acteur qui compte dans la téléphonie mobile. Au Royaume-Uni, il est ainsi en capacité de proposer des offre « quadruple play », face à des acteurs particulièrement puissants dans la télévision, comme Sky, ou les services mobiles comme Vodafone.

En  s’alliant sur les droits du football avec son grand concurrent Sky dans la télévision payante , il a réussi à en limiter la facture pour les années à venir . Mais il subit la pression du régulateur qui le pousse à investir dans le haut débit tout en ouvrant son réseau aux concurrents à des prix le plus bas possible. Il doit aussi financer le déficit de plus de 11 milliards de livres de son plan retraite et fait face à une atonie du marché dont souffrent aussi Virgin Media et Vodafone. 

Contrairement à l’exercice 2016-2017, l’année comptable du 1er avril 2017 au 31 mars 2018 qui vient de se terminer a vu BT améliorer quelque peu ses profits. Son bénéfice avant impôt a notamment progressé de 11%, à 2,61 milliards de livres (3 milliards d’euros), malgré un effritement de 1% de son chiffre d’affaires à 23,72 milliards de livres (27 milliards d’euros). 

Si les revenus tirées des activités vis-à-vis des particuliers ont progressé, les recettes et profits en provenance de ses services aux entreprises ont toutefois diminué de façon décevante. 

Pire, du point de vue des investisseurs, BT prévoit pour l’exercice en cours une baisse de 2% de son chiffre d’affaires ajusté (hors éléments exceptionnels) et un effritement de son Ebitda ajusté, à 7,3 ou 7,4 milliards de livres contre 7,5 milliards lors de l’exercice qui vient de se terminer. Le groupe a dit jeudi maintenir son dividende mais il a prévenu que son EBITDA ne remontera qu’en 2021.

L’action du groupe, qui a perdu plus de la moitié de sa valeur en deux ans, était en conséquence lourdement sanctionnée à la Bourse de Londres, où le titre BT plongeait de 7,46% à 220,80 pence.

Source : lesechos.fr (10 mai 2018)