Leurs téléphones vont raccrocher, que vont devenir les cabines?

Revue de Presse

C’est un cube gris qui est déjà vintage. Il est le symbole d’une époque où le téléphone était relié à un fil et où la 4G n’était même pas encore un concept d’ingénieur. Après 150 ans d’existence, les cabines téléphoniques sont en passe de raccrocher définitivement. Hormis 350 lignes situées en zone blanche, toutes ont été débranchées. Si elles ne sonnent plus, certaines sont encore sur pied. Des nostalgiques, des Géo Trouvetou et des férus de culture ont trouvé une autre utilité à ces cages de verres où l’on n’entendra plus jamais résonner le la.

A Nice, un urgentiste veut transformer les dernières cabines téléphoniques en «  cabines qui sauvent ». «  Tout est parti de ma déformation professionnelle », explique Hervé Caël. Ce médecin s’occupe de personnes dont le futur est suspendu à un fil. Il a trouvé une idée pour augmenter les chances de les raccrocher à la vie  :   «  En cas d’arrêt cardiaque, d’infarctus, d’accident ou d’attentat, il est nécessaire d’intervenir dans les premières minutes voire dans les premières secondes. »

Sur les parois vitrées, Hervé Caël veut installer des panneaux d’affichage avec des informations sur les gestes qui sauvent. Il souhaite que le combiné soit directement relié à un centre de secours. Et sous le toit de la cabine, il verrait bien l’hébergement d’un défibrillateur.

Des livres et des poissons

L’urgentiste niçois n’est pas le seul à offrir une seconde vie aux cabines. Dans le Vaucluse, les passants n’y entrent plus pour téléphoner mais pour lire, des livres ayant remplacé le combiné. «  Ça nous a coûté moins d’une centaine d’euros et on nous a même offert le rayonnage, détaillait la maire de Suzette, Patricia Olivero. On garde donc un service public et je considère en plus que la lecture, c’est important », ajoute-t-elle. Aujourd’hui, 80 ouvrages sont à disposition, de la BD à la bibliographie de Brigitte Bardot.

Plus près de l’océan, à Nantes, des artistes ont décidé de faire rentrer de l’eau salée et des poissons entre les quatre parois vitrées de la cabine, devenue aquarium. «  On n’a pas mis directement les poissons, c’est un aquarium qui a été inséré dans une cabine », dévoile Anthony Rival, de Biome création, créateur d’écosystèmes aquatiques à Saint-Etienne-de-Montluc. Près de 1 700 litres d’eau sont nécessaires pour remplir la structure. Et 69 poissons y ont élu domicile. Mais l’œuvre a vécu sur un fil. Alors que des fuites d’eau ont été repérées, la cabine-aquarium a dû être démontée. Et les poissons ont ainsi échappé à la friture sur la ligne.

10000000000002880000019fa34fb09b42e1de74.jpgLa cabine téléphonique aquarium, l’une des œuvres populaires du Voyage à Nantes 2016. La cabine téléphonique aquarium, l’une des œuvres populaires du Voyage à Nantes 2016. – F.Brenon/20Minutes

 

«  C’est toujours possible de les rebrancher »

Mais il y a des citoyens que la fin des cabines téléphoniques inspire beaucoup moins. A Perpignan, Anne-Laure Mager se bat pour leur maintien. Avec son association Perdons pas le fil, elle milite pour la survie des moyens de communication filaire. «  Pour les personnes intolérantes aux ondes, les personnes âgées et celles qui n’ont pas les moyens d’acheter un portable, le filaire est important, soutient-elle, pointant l’accessibilité pour tous à un moyen de communication. C’est toujours possible de les rebrancher. Tant qu’il y a un fil ou un réseau. » Dans les anciennes cabines téléphoniques, elle ne voit rien d’autre que… l’installation d’un téléphone.

Source : 20minutes.fr (22 janvier 2018)