Télécoms : les industriels fourbissent leurs armes pour la 5G

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Source : lesechos.fr (13 septembre 2016)

Les standards de la future génération de technologies mobiles restent à définir.

La 5G, c’est pour demain, ou plutôt après-demain. Mais c’est dès aujourd’hui que la bataille se joue dans l’industrie des télécoms. En cette rentrée 2016, les équipementiers multiplient les annonces autour de la nouvelle génération de technologies pour mobiles. Alors même que la 4G est encore en cours de déploiement dans de nombreux pays, et que la 5G ne sera utilisable par le grand public qu’au début de la prochaine décennie, au plus tôt.

Nokia a ainsi annoncé en début de semaine le lancement d’une nouvelle gamme de services pour préparer les opérateurs télécoms à l’arrivée de la 5G et « planifier la transformation des activités, des réseaux et des opérations ». Quelques jours plus tôt, l’équipementier finlandais dévoilait de nouveaux produits permettant de faire évoluer les réseaux 4G vers la 4,5G et la 4,9G, avec pour but l’augmentation des débits et des capacités de transfert de données. Ce n’est pas encore de la 5G, mais ça y ressemble.

Surenchère

Ericsson a frappé encore plus fort, en annonçant fin août qu’il serait capable de fournir, dès le milieu de l’année prochaine, les composants nécessaires pour construire un réseau complet en 5G.

Cette surenchère d’annonces étonne. Car les standards techniques de la 5G ne seront officiellement pas définis avant 2020 – même si de premiers tests grandeur nature sont prévus pour les JO de 2018 en Corée. C’est la date butoir fixée par l’Union Internationale des Télécoms (ITU), l’organisme des Nations Unies en charge de fixer les règles dans le domaine, qui devrait suivre les propositions du 3GPP, le consortium d’industriels du secteur qui avait déjà planché sur la 4G. « Il y a clairement un intérêt pour les équipementiers à utiliser le label 5G comme élément de leur stratégie marketing », relève John Delaney, analyste chez IDC.

Les industriels tentent aussi d’influencer sur les travaux en cours. Les équipementiers télécoms contribuent beaucoup au travail du 3GPP et espèrent mettre à profit leurs propres technologies et les investissements déjà consentis. « Il y a beaucoup d’argent en jeu au niveau de la propriété intellectuelle et des brevets », précise un cadre du secteur.

Nokia et Ericsson multiplient par ailleurs les tests avec les opérateurs. Pour améliorer leurs produits bien sûr, mais aussi pour tenter de peser sur les discussions en cours sur les spécifications techniques. « Les enjeux économiques sont importants, car le marché s’est beaucoup concentré depuis l’arrivée de la 4G », rappelle John Delaney. Avec le chinois Huawei, ils ne sont en effet plus que trois sur le marché, et ils misent beaucoup sur la 5G pour relancer la croissance.

La pression croissante de Bruxelles

Les équipementiers ne sont pas les seuls à se positionner. Qualcomm, le numéro un mondial des puces pour smartphones, est aussi dans les starting-blocks. Il a dévoilé de premiers prototypes de composants cet été pour simuler le fonctionnement d’un réseau 5G. Il travaille déjà avec les opérateurs américains Verizon et ATT.

« Le dialogue est permanent avec les industriels et les régulateurs du secteur pour être sûr qu’on puisse fournir les bons équipements au bon moment », explique Laurent Fournier, directeur général de Qualcomm France. « Mais il y a clairement une accélération actuellement, car la demande pour plus de performance, plus de débit, plus de connectivité va croissant dans tous les secteurs économiques », poursuit-il.

Bruxelles met la pression sur l’industrie des télécoms pour que l’Europe ne soit pas distancée dans cette course aux nouvelles technologies. Les opérateurs sont prêts à suivre et à investir. Dans un document publié en juillet, ils se sont engagés à élaborer un réseau dans une ville principale de chaque pays de l’Union d’ici à 2020. A condition que les règles sur la neutralité du Net soient assouplies . Le chemin vers la 5G peut encore être semé d’embûches.

La 5G, pour quoi faire ?

Les réseaux de nouvelle génération permettront d’augmenter les débits : avec la 5G, l’échelle devient le multi-gigabit par seconde, contre des centaines de mégabits pour la 4G.

Le temps de latence sera aussi réduit (moins d’une milliseconde), pour une meilleure réactivité.

La 5G permettra également d’exploiter des fréquences plus hautes (au-delà de 1 GHz) que celles utilisées actuellement.

Ces avancées techniques intéressent déjà le secteur de l’automobile, pour les futures voitures connectées, mais aussi la médecine, la robotique et, bien sûr, l’Internet des objets.