Rythmes éducatifs : le retour en arrière

Revue de Presse

Lors de la séance du 23 janvier 2018, la commission d’action sociale de la CNAF a examiné le bilan de l’accompagnement de la mise en œuvre de la réforme des rythmes éducatifs et l’impact de l’assouplissement de la réforme autorisé par le décret du 28 juin 2017, en termes financier et sur l’organisation des structures d’accueil des enfants.

En 2013, puis en 2014 avec sa généralisation, la réforme sur les rythmes éducatifs a conduit à ouvrir l’école à l’ensemble des acteurs éducatifs et à penser le temps de l’enfant de manière globale et territoriale. Le calendrier fut parfois précipité et les pratiques ont dû s’adapter.

Mais le rapport rédigé par la Sénatrice Cartron, en 2016, et l’évaluation de la CNAF ont montré des signes encourageants sur la mise en œuvre de la réforme.

Or aujourd’hui dans la même précipitation que celle connue au début, le décret du 27 juin 2017 met à mal cette organisation.

Dès septembre 2017, près de 36,8% des communes ayant une école publique, soit environ 28,7 % des enfants scolarisés, se sont positionnées pour le retour à la semaine de 4 jours. Ce mouvement risque d’être encore plus massif à la rentrée 2018 puisque d’après l’association des maires de France, près de 79% des communes envisagent de revenir à 4 jours. Il s’agit bien d’un retour en arrière sans évaluation pour les élèves les plus fragiles.

Cette réforme a favorisé l’accès de tous les enfants à des activités éducatives de qualité, le nombre d’accueils de loisirs déclarés à plus que triplé de 2013 à 2016.

Aujourd’hui l’accueil périscolaire représente, sur le plan national, 250 000 emplois, allant de l’animateur au coordinateur. Pour certains d’entre eux, les contrats périscolaires ont permis de passer à temps plein ou d’entrer dans un cycle de formation professionnelle.

La remise en cause de cette organisation met en péril la pérennité de ces emplois et les perspectives de formations envisagées. Au-delà des emplois, c’est toute une économie pour les associations qui va être bouleversée.

Il aurait été souhaitable qu’on reporte toute décision de modification de ces rythmes scolaires pour laisser place à une réflexion nourrie par l’expérience de toutes les parties prenantes (collectivités, Education nationale, CAF, professionnels…)

Pour permettre aux communes optant pour le passage à la semaine de 4 jours de limiter le risque de rupture qualitative avec ce qui était proposé auparavant, l’Education nationale met en place un plan « mercredi éducatif » sous la forme d’une expérimentation menée en Normandie (Calvados et Seine Maritime).

Cette nouvelle formule, conçue également dans la précipitation, sera-t-elle de nature à répondre aux besoins des enfants et pourra-t-elle donner une vision globale de la politique éducative d’une collectivité ?

Affaire à suivre …