En Europe, le salaire minimum oscille de 261 euros à 1999 euros

Revue de Presse

INFOGRAPHIE – L’office de statistique de l’Union européenne a publié ce jeudi une étude sur les salaires minimums des pays européens. Si le SMIC français est l’un des plus élevés avec celui du Luxembourg ou de l’Irlande, d’autres pays versent des salaires beaucoup plus faibles, révélant ainsi de fortes disparités entre l’est et l’ouest de l’Europe.

Le salaire minimal fait le grand écart en Europe. Eurostat, l’office de statistique de l’Union européenne, a publié ce jeudi son rapport sur les salaires minimums des pays membres au 1er janvier 2018, faisant apparaître de très fortes variations sur l’ensemble du continent. C’est entre le Luxembourg et la Bulgarie que la différence est la plus grande : dans le Grand-duché, le salaire minimum s’élève à 1.999€ tandis que dans le pays des Balkans, il est huit fois inférieur, avec un montant de 261€. Même une fois les différences de prix prises en compte, l’écart reste considérable avec 546 € en Bulgarie contre 1597 € au Luxembourg, en parité du pouvoir d’achat (PPA).

Entre les deux, le reste des États membres de l’Union européenne peuvent être répartis en trois groupes, d’après Eurostat. En plus de la Bulgarie, huit autres pays ont un salaire minimal mensuel inférieur à 500€ : la Lituanie (400€), la Roumanie (408€), la Lettonie (430€), la Hongrie (445€), la Croatie (462€), la République tchèque (478€), la Slovaquie (480€) et l’Estonie (500€). Deux autres pays, non-membres de l’UE, viennent compléter ce tableau : la Serbie (285€) et l’Albanie (181€).

Six pays de l’Union européenne n’ont pas de salaire minimum

Cinq pays versent un salaire minimal compris entre 500€ et 1000€ : 677€ pour le Portugal, 684€ pour la Grèce, 748€ pour Malte, 843€ pour la Slovénie et 859€ pour l’Espagne. Si la Pologne se situe dans cette fourchette intermédiaire, son salaire minimum moyen (503€) la rapproche néanmoins plus de l’Estonie et des pays versant de petits salaires. Parmi les pays dont le salaire minium est supérieur à 1000€, on trouve le Royaume-Uni (1401€), l’Allemagne (1498€), la France (1498€), la Belgique (1563€), les Pays-Bas (1578€) et l’Irlande (1614€), loin derrière le Luxembourg.

Pour rappel, six des vingt-huit pays de l’UE n’ont pas instauré de salaire minimum national : le Danemark, l’Italie, Chypre, l’Autriche, la Finlande et la Suède. L’Allemagne, de son côté, ne l’a mis en place que très récemment, au 1er janvier 2015.

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Les écarts persistent malgré une hausse généralisée des salaires minimums

Ces chiffres font apparaître des disparités importantes entre les différents pays de l’Union européenne, en particulier entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest et du Nord. Une situation qui persiste depuis plusieurs années. Si l’ensemble des États membres, à l’exception de la Grèce, ont vu leur salaire minimal augmenter en dix ans, la position de chacun n’a que très faiblement évolué dans le classement des salaires minimums et au sein des trois groupes identifiés.

D’après Eurostat, depuis 2008, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovaquie sont les trois pays où le taux moyen annuel d’augmentation des salaires a été le plus élevé. À l’inverse, l’Irlande, le Royaume-Uni et la France sont ceux qui ont connu les plus faibles taux d’augmentation. Mais ces évolutions n’ont pas permis de produire de grands changements : la Roumanie, la Bulgarie et la Slovaquie conservent un salaire minimum inférieur à 500€, tandis que l’Irlande, le Royaume-Uni et la France demeurent dans le haut du classement. Par ailleurs, en 2008, le Luxembourg était déjà le pays avec le plus haut salaire minimal (1570€) alors que la Bulgarie était en bas du classement (112€), comme aujourd’hui.

La ritournelle du salaire minimum au Parlement européen

Ces écarts de salaires contribuent à nourrir la concurrence entre les différents pays de l’Union européenne, favorisant le plus souvent un « dumping social». Plusieurs voix se sont élevées pour y mettre fin et évoquer la possibilité d’un « salaire minimum européen», comme Jean-Claude Juncker, président de la Commission européen, ou encore plusieurs ministres des Affaires étrangères dans une tribune publiée en mars dernier. Dans son discours à la Sorbonne sur la refondation de l’Europe, en septembre dernier, Emmanuel Macron s’était également prononcé en faveur d’une convergence progressive des salaires au sein de l’UE.

C’est bien cette voie que semblent suivre les discussions au Parlement européen depuis plusieurs années. En décembre 2016, une résolution « sur un socle européen des droits sociaux» avait été adoptée. Ce texte, non-contraignant, « recommande d’établir des salaires minimums nationaux par la voie législative ou par la négociation collective» au sein de chaque pays sans que le montant ne soit fixé à l’échelle communautaire par l’Union européenne elle-même. Ne disposant d’aucune compétence spécifique en matière de salaires, la Commission européenne ne peut agir dans ce domaine qui demeure entre les mains des États.

Source : lefigaro.fr (23 février 2018)