Un manager viré pour avoir été trop sympathique avec son équipe

Revue de Presse

La Cour de cassation a validé, après cinq ans de service, le renvoi d’un cadre qui se montrait trop proche de ses collaborateurs, rapporte «  Capital ».

Qui l’eût cru ? Être un manager un peu trop gentil avec ses collègues peut vous jouer des tours ! Embauché en 2008, le directeur d’une société de maintenance d’équipement de chauffage a été remercié en 2013 par son employeur. La raison ? Outre le fait qu’il n’acceptait pas très bien la critique, c’est sa familiarité avec l’équipe qu’il dirigeait qui lui a coûté son poste, rapporte le magazine Capital. Si l’affaire fait parler d’elle en 2018, c’est parce que la Cour de cassation a validé ce motif de renvoi dans un arrêté pris le 12 juillet dernier.

À l’heure où le bien-être, la bonne ambiance et la proximité hiérarchique semblent être les nouveaux codes de conduite dans le monde de l’entreprise, cet arrêt interroge. Selon la direction de son entreprise, l’employé renvoyé était trop proche de ses équipes, «  comme en attestent de nombreux mails ». Un comportement qui le mettait «  d’ailleurs notamment dans l’impossibilité de sanctionner les erreurs et manquements professionnels » de ses collègues, précise la lettre de licenciement citée par Capital.

1000000000000294000001192246a2539b2434ca.jpgC’est la premiere fois en France que la Cour de cassation estime que le comportement trop familier d’un manager est un motif de licenciement valide.

Un management «  à l’ancienne » de rigueur ?

Une familiarité contre laquelle s’élève la Cour de cassation donc qui confirme dans son arrêt du 12 juillet que le comportement familier d’un manager avec ses équipes peut être une faute passible d’un licenciement. Une position inédite en France qui vient pour la première fois compléter «  la jurisprudence existante concernant l’insuffisance professionnelle de managers », explique dans les colonnes de Capital Sylvain Niel, avocat spécialisé en droit social.

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Toutefois, l’expert relève que la décision de la juridiction française, prônant en quelque sorte un management plus autoritaire, est quelque peu en décalage avec les codes en entreprise en vigueur à l’heure actuelle. «  C’est vraiment curieux de faire ce rapprochement entre familiarité et manque d’autorité », estime-t-il. Selon lui, «  la Cour garde une vision du manager qui doit être craint plutôt que respecté, à une époque où l’on met plutôt en avant l’entreprise libérée, le management collaboratif et la reconnaissance du travail ».

Source :   lepoint.fr (10 aôut 2018)