Le burn-out est un syndrome responsable d’un mal-être général, dont l’origine est le plus souvent attribuée à la vie professionnelle.
Littéralement, « burn-out» se traduit par « se consumer», comme une bougie qui brûle petit à petit jusqu’à s’éteindre. Le terme, désormais entré dans le langage courant, est utilisé à tort et à travers, signe que les contours de sa définition sont encore mal définis. Même au sein de la communauté médicale, la signification du « syndrome d’épuisement professionnel» divise. Certains pensent qu’il s’agit d’une maladie physique, d’autres une maladie mentale, ou même qu’il ne s’agit pas d’une maladie à part entière mais plutôt une sous-catégorie de la dépression. Une proposition de loi visait à reconnaître le burn-out comme une maladie professionnelle, mais elle a été rejetée par l’Assemblée nationale en février 2018.
Le terme est utilisé pour la première fois en 1974 par le psychologue américain Herbert Freudenberger. Parallèlement à sa profession de psychologue, Freudenberger travaillait bénévolement dans une clinique new-yorkaise venant en aide aux personnes défavorisées. Son rythme de travail devenant insoutenable, le psychologue commence peu à peu à souffrir d’une fatigue constante, d’une irritabilité chronique et se met à dormir des journées entières. Constatant que d’autres volontaires de la clinique présentent les mêmes symptômes que lui, il s’intéresse à ce phénomène qu’il baptise « burn-out». Quelques années plus tard, en 1981, la psychologue américaine Christina Maslach met au point le Maslach Burnout Inventory (MBI), un questionnaire encore utilisé aujourd’hui pour diagnostiquer le burn-out.
Le burn-out n’est pas une maladie officielle
« Le syndrome d’épuisement professionnel n’est pas considéré comme une maladie. Il se rapproche d’autres situations telles que la souffrance au travail ou les effets du stress lié au travail»
Haute Autorité de Santé
Plus de quarante ans après son « invention», le burn-out est encore mal défini. S’agit-il vraiment d’une maladie? Si oui, est-ce une maladie physique ou mentale? Selon l’association France Burn-out, un « burn-out» n’est ni une dépression, ni une maladie psychique mais une « maladie aux symptômes très physiques». Étant donné qu’il n’y a pas de signes biologiques du burn-out, contrairement à la plupart des maladies où l’on peut mesurer un indicateur fiable (comme le taux de sucre dans le sang dans le cas d’un diabète par exemple), les médecins doivent se baser sur un ensemble de signes cliniques pour diagnostiquer la maladie. Or, le terme de burn-out est absent de toutes les classifications officielles, qui servent aux médecins pour établir leurs diagnostics. La Haute Autorité de Santé (HAS), qui a publié un rapport sur la question en 2017 estime pour sa part que le syndrome d’épuisement professionnel n’est pas une maladie et préfère parler d’un syndrome. Celui-ci regroupe un ensemble de symptômes caractéristiques d’une maladie ou d’un état clinique différent de la norme.
Malgré cette absence de reconnaissance, le mal-être vécu par les personnes en burn-out est indéniable. Anxiété, irritabilité, troubles de la mémoire et de l’attention, repli sur soi, troubles du sommeil et baisse de motivation sont autant de signes traduisant l’implantation de cet épuisement physique, émotionnel et mental. Les situations susceptibles de faire plonger un employé en burn-out ont de multiples visages. Il peut s’agir d’une surcharge de travail, d’objectifs irréalistes, de conflits, d’un manque de soutien ou encore de la confrontation à la souffrance des autres ou à la mort. Les professions de l’aide ou du contact, comme les infirmiers, médecins, enseignants ou policiers sont particulièrement touchés, selon la HAS.
Une maladie uniquement professionnelle?
« Il est indispensable de ne pas étendre le concept de burn-out à toutes les situations de surcharge mentale que la vie personnelle, familiale ou sociale peut engendrer»
Dr Marie-Pierre Guilho-Bailly
Mais le burn-out est-il uniquement lié à l’activité professionnelle? Pour parler de la sphère privée, certains médecins préfèrent utiliser le terme de surcharge mentale. « Il est indispensable de ne pas étendre le concept de burn-out à toutes les situations de surcharge mentale que la vie personnelle, familiale ou sociale peut engendrer», déclare le Dr Marie-Pierre Guilho-Bailly, psychiatre spécialisée en pathologie professionnelle au CHU d’Angers, dans un dossier consacré au syndrome d’épuisement professionnel. « Le seul ’burn-out’ qui, de notre point de vue, puisse être retenu concernant le milieu familial renvoie au travail des aidants familiaux», poursuit la psychiatre. Mais encore une fois, il n’existe pas de consensus sur le caractère exclusivement professionnel du burn-out. Certaines études tendent à montrer que ces symptômes peuvent survenir dans la vie personnelle. Ainsi, une étude menée par l’Université Catholique de Louvain (Belgique) sur 1700 personnes a montré que « certains parents sont tellement épuisés que le terme de burn-out est approprié».
Ce manque de reconnaissance officiel provoque un « diagnostic le plus souvent tardif», selon le Dr Marie-Pierre Guilho-Bailly. Or, un burn-out qui se prolonge peut entraîner des complications graves, dont le risque suicidaire ou de l’accident de travail. « Bien des syndromes d’épuisement professionnel ont été diagnostiqués après une hospitalisation en urgence, pour malaise au volant, accident de la route, ou une poussée hypertensive sévère», remarque-t-elle. « Pour éviter d’en arriver là, il est donc capital de ne pas méconnaître les premiers signes d’alerte, les symptômes précurseurs, souvent banalisés ou déniés», conclut la psychiatre.
Source : lefigaro.fr (21 aôut t 2018)