Burn-out : quand le repos devient indispensable

Revue de Presse

Emmanuel Macron a décalé le conseil des ministres pour prendre du repos. Peut-il être victime d’épuisement professionnel ? Rappel des symptômes du burn-out.

Le burn-out était qualifié il y a peu de «  mal du siècle ». Il affecterait, selon les statistiques, de 5 à 10 % de la population active. Soit entre 1,5 et 3 millions de personnes. Le mal est diffus. D’ailleurs, le terme «  burn-out » est aujourd’hui utilisé pour décrire toute sorte de stress, de grande lassitude ou de fatigue en relation avec son travail. Plus de 130 manifestations ont pu être identifiées, souligne Philippe Zawieja dans un Que sais-je ? consacré à ce trouble. Donner une définition précise est donc difficile. Néanmoins, ce chercheur associé au Centre de recherche sur les risques et les crises des Mines Paris Tech écrit  : «  Le burn-out est un état d’esprit durable, négatif et lié au travail affectant des individus normaux. Il est d’abord marqué par l’épuisement, accompagné d’anxiété et de stress dépassé, d’un sentiment d’amoindrissement de l’efficacité, d’une chute de motivation et du développement de comportements dysfonctionnels au travail.  »

Pour tenter de mieux cerner le sujet et aider les médecins à mieux le diagnostiquer et le prendre en charge, la Haute Autorité de santé a publié en mai 2017 des recommandations dans lesquelles elle souligne que ce syndrome – ce n’est pas une maladie en tant que telle – peut avoir des conséquences importantes sur la santé et la vie sociale des personnes. Son identification est complexe, car  «  ses manifestations diffèrent d’un individu à l’autre, s’installent de manière progressive voire insidieuse, et sont parfois les mêmes que pour d’autres troubles psychiques ou maladies ». Ces principaux symptômes sont aussi bien d’ordre émotionnel (anxiété, tristesse, hypersensibilité, absence d’émotion…), cognitif (troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration…), comportemental ou interpersonnel (isolement social, comportement agressif ou violent, diminution de l’empathie, comportements addictifs…), motivationnel (désengagement, remise en cause professionnelle, dévalorisation…) que physique (troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques, gastro-intestinaux…).

Ambition, compétition, impatience

Dans son livre, Philippe Zawieja s’intéresse aux personnalités les plus à risque. Il note que les individus proactifs, capables de modifier leur environnement, ce qui les conduit à saisir les opportunités, à faire preuve d’initiative et à persévérer tant que le but recherché n’est pas atteint, sont protégés du burn-out. En revanche, les sujets d’une personnalité de type A, caractérisé par l’ambition, le sens de la compétition, le goût pour l’urgence, l’impatience et une certaine agressivité, qui sont professionnellement engagés et se fixent des objectifs élevés, sont particulièrement sensibles à l’épuisement émotionnel.  «  Le perfectionnisme, défini comme la tendance à considérer l’imperfection comme inacceptable, conduit le sujet à se fixer des standards très élevés mais aussi à développer une forme d’anxiété face à toute possibilité d’erreur. Cette déperdition d’énergie mentale en fait un facteur de vulnérabilité au burn-out », ajoute-t-il.

Alors que les victimes de ce syndrome ont souvent tendance à vouloir ignorer les premiers signaux d’alerte, à redoubler d’efforts pour compenser ce qu’ils considèrent comme une faiblesse passagère, les spécialistes insistent sur la nécessité d’arrêter de travailler avant l’aggravation des troubles. Le repos est indispensable… et parfois il doit s’accompagner de psychothérapies, voire de traitements médicamenteux. Les médecins jugent aussi indispensable d’organiser le retour au travail. Mais est-ce toujours possible ?

Source : lepoint.fr(30 octobre 2018)