PEE, Perco : de nombreux salariés gèrent mal leur épargne, et vous ?

Revue de Presse

Source : lerevenu.com (16 avril 2019)

Les 10 millions de salariés qui ont accès à un dispositif d’épargne salariale (PEE, Perco, abondement) gagneraient à gérer cette enveloppe fiscale de façon plus active et à ne plus placer par défaut sur des placements monétaires à rendement négatif ! Les salariés actionnaires ont aussi intérêt à diversifier leurs placements.

Des épargnants passifs, investis sur des placements de court terme alors qu’ils conservent leur épargne salariale sur longue durée. Tel est le constat fait par la majorité des professionnels qui s’efforcent de faire bouger les lignes.

En effet, hors actionnariat salarié, sur un total de 78,945 milliards placés sur les PEE et Perco, les salariés détiennent 35% en fonds diversifiés, 22% en fonds obligataires et 25% en monétaires. Si la part des fonds prudents a bien diminué au cours des trois dernières années au profit des fonds diversifiés, les fonds actions proprement dits ne comptent encore que pour 18% selon les derniers chiffres de l’Association française de la gestion financière (AFG).

« Les épargnants ne sont pas accompagnés et perdent de l’argent parce qu’ils placent par défaut sur des placements majoritairement monétaires, à rendement négatif», déplore Benjamin Pedrini, président fondateur d’Epsor, un robot conseiller patrimonial dédié à l’épargne salariale.

Les salariés ont bien vu que les fonds prudents perdent de l’argent, mais ils craignent les aléas de marchés boursiers toujours en alerte face aux risques géopolitiques et conjoncturels. Dans ce contexte c’est vrai, faire ses choix n’est pas facile.

Encore du potentiel pour les actions

Mais plus la durée d’investissement envisagée est longue, plus il est possible de prendre des risques. Un salarié pourrait raisonnablement détenir jusqu’à 40% de fonds actions et en ajouter encore par des fonds diversifiés.

Car il détient ses plans pour de longue durées  : 9 ans en moyenne sur un PEE et 21 ans sur un Perco, calcule Xavier Collot, directeur de l’épargne salariale et retraite chez Amundi, premier gérant en France de l’épargne salariale et retraite avec 58,5 milliards d’encours sous gestion (43% du marché).

Un investissement qui dure en moyenne bien plus longtemps que les cinq ans requis pour chaque versement sur un PEE. Dommage donc de laisser s’éroder l’épargne alors qu’elle pourrait fructifier sur des supports plus dynamiques.

Une méthode : regardez la durée de détention des fonds pour la faire correspondre à votre horizon de placement.

« La qualité de la communication sur la durée minimum d’investissement conseillée de chaque FCPE proposé est primordiale», insiste Mathieu Chauvin, associé chez Eres qui élabore des propositions de placements diversifiées en partenariat avec des conseillers en investissements financiers (CIF), habilités à donner des conseils.

Actionnaires salariés, diversifiez

À l’inverse certains actionnaires salariés restent démesurément surexposés aux actions.

Car l’actionnariat salarié qui représente à lui seul plus de 53 milliards d’euros soit 37% de l’encours de l’épargne salariale conduit les collaborateurs à investir dans les titres de leur entreprise avec des décotes ou des abondements. Si tel est le cas, profitez-en !

Mais sans oublier de prendre régulièrement des plus-values lorsque le délai de détention requis est atteint (5 ans le plus souvent pour les sommes issues de l’intéressement et la participation), afin de diversifier vos placements au fur et à mesure que vos actions deviennent disponibles.

« Les salariés qui souscrivent des actions de leurs entreprises dans le cadre des programmes d’actionnariat salariés ne diversifient pas assez leurs avoirs», relève Philippe Bernheim, vice-président du Conseil scientifique de la FAS.

Pas assez d’arbitrages

D’une manière générale, les salariés ne gèrent pas assez activement leur épargne salariale observent les spécialistes. 

Durant l’année 2018, moins de 8% des titulaires de plans ont jugé bon de toucher à leur allocation d’actif. À peine 816.958 arbitrages individuels ont été effectués à l’initiative de 781.240 épargnants a recensé l’AFG.

Or votre épargne salariale mérite la même considération qu’une assurance vie. Et elle peut se gérer très facilement en ligne ou sur mobile. Vous pouvez donc investir sur les actions progressivement par des arbitrages des fonds actions vers des fonds monétaires, renforcer vos positions dans les creux et prendre ses bénéfices après des phases de hausses.

N’hésitez pas pour cela à placer des alertes et des ordres à cours limites et à anticiper vos besoins de cash.

La gestion pilotée n’est pas la panacée

Sur les Perco la moitié des fonds sont gérés en gestion pilotée qui est le choix prévu par défaut en cas de non choix par le salarié. Résultat : les Perco comptent plus d’actions que les PEE (22% d’actions contre 17%) principalement grâce à la gestion pilotée.

« Le principe de la gestion pilotée est qu’en fonction de la distance dans le temps par rapport à une date théorique de départ à la retraite, l’affectation principalement en actions est transformée en avoirs principalement obligataires, puis en avoirs monétaires suivant un principe de sécurisation progressive», explique Philippe Bernheim.

Inconvénient forte au départ, la part d’actions diminue de manière systématique sans tenir compte des conditions de marché.

« Ce stéréotype de gestion n’est pas sans danger : en cas de remontée des taux obligataires, une chute des avoirs serait inévitable ; par ailleurs, les avoirs monétaires à rendement apparent quasi-nul se déprécient en fonction de l’inflation», ajoute Philippe Bernheim qui s’est notamment opposé comme de nombreux professionnel à l’introduction de la gestion pilotée sur le PEE dans le cadre de la Loi Pacte.

Selon votre aptitude à gérer vos avoirs vous lui préférerez une gestion libre ou des fonds diversifiés flexibles. Un investisseur avisé en gestion libre peut mieux ajuster le tir. Reste à prendre en main son plan.