Le robot intelligent frappe à la porte des directions financières

Revue de Presse

Source :   lesechos.fr(23 avril 2019)

Faire disparaître les tâches manuelles et répétitives au sein de la fonction finance ? C’est aujourd’hui l’ ambition de la robotisation financière . «  La ‘robotic process automation’ ou RPA est un sujet encore assez récent. Cela ne fait que trois ou quatre ans qu’il s’est véritablement industrialisé et qu’il est identifié comme un secteur à part entière… Nous voulons apporter des solutions pour aider les comptables, contrôleurs de gestion, spécialistes de consolidation, etc. à automatiser toutes les tâches qui peuvent l’être et ainsi se concentrer sur leur travail d’analyse et de validation. Les premières expérimentations ont été menées par des groupes assez importants, mais nous commençons à voir arriver des clients plus ‘petits’ », indique Alexis Vernières, vice-président chargé des ventes pour l’Italie, la France et l’Espagne du spécialiste de l’automatisation Kofax.

Très concrètement, l’entreprise commence souvent avec un  «  pilote qui permet aux métiers comme aux responsables informatiques de comprendre l’intervention du robot et ses bénéfices. Ensuite, on peut déployer sur des cas innombrables  : pour remplacer l’homme sur des tâches répétitives, faire des comparaisons, etc. », indique le responsable. Le facteur clef de succès ? La performance du robot.  «  Beaucoup d’automatisations ponctuelles sur le poste de travail de l’utilisateur fonctionnent mais ne peuvent être déployées plus largement  : il faut donc pouvoir mélanger des traitements sur le serveur et sur le poste de l’utilisateur pour être plus performants et avoir une plus grande capacité de traitement », indique Alexis Vernières.

Quel retour sur investissement ?

Le retour sur investissement dépend évidemment des cas d’utilisation et processus automatisés. Alexis Vernières distingue ainsi quatre types d’automatisation. 

Celle qui automatise des tâches de back-office.  «  Nous avons récemment automatisé les réponses d’une institution financière aux clients qui voulaient un état de leurs crédits en vue de réaliser un remboursement par anticipation. La compilation des informations nécessaires demandait 30 minutes par client, or la banque devait en réaliser 700 par jour. Le process a été entièrement automatisé et avec l’économie de 350 heures de travail quotidien, le ROI de l’implantation des robots a vite été atteint ! » explique-t-il.

Le deuxième type d’automatisation relève de l’amélioration de la qualité de service, avec un ROI beaucoup plus subjectif, puisque le robot apporte ses services à un tiers ou au client, mais l’entreprise améliore son adhésion ou la rétention des clients.  «  Nous travaillons en ce moment avec un courtier d’assurances de taille moyenne  : il utilise des robots pour préremplir les questionnaires destinés à ses clients. Ainsi, à partir du numéro de Siret, le robot peut obtenir un grand nombre d’informations publiques. En évitant au futur client de remplir 150 questions sans intérêt, le robot facilite les adhésions », explique le responsable.

Organiser une veille concurrentielle

Ensuite, beaucoup d’entreprises utilisent l’automatisation pour mener une veille concurrentielle, par exemple vérifier les prix des prestations vendues aux clients. Pas de ROI direct, là encore, mais une amélioration à moyen terme des parts de marché de l’entreprise. 

Enfin, certaines robotisations visent à réduire les temps de projets informatiques.  «  Lorsqu’il est difficile ou impossible d’interfacer deux applications, les données peuvent être copiées et transférées par un robot  : c’est couramment utilisé pour les consolidations financières. C’est beaucoup plus agile que de lancer un projet informatique pour interfacer directement les données », détaille Alexis Vernières.

Le défi pour ces machines, aujourd’hui, est de gagner en souplesse.  «  Les robots fonctionnent très bien s’ils suivent des process cadrés sur des informations structurées, mais l’on commence à pouvoir intégrer aux robots des capacités de RAD (reconnaissance automatique de documents), d’IDA pour ‘intelligent document automation’ et de NLP pour ‘natural language processing’. Ensemble, ces technologies permettront le traitement de documents non structurés jusqu’à une éventuelle prise en compte des sentiments. » De quoi aller, à terme, vers l’IA ou «  intelligent automation ». «  In fine, le métier du comptable devrait être de gérer les écarts entre les factures et les commandes », explique Alexis Vernières. Et la saisie de données ne serait qu’un lointain souvenir…