Le burn out peut favoriser l’apparition d’un rythme cardiaque irrégulier

Revue de Presse

Source : santemagazine.fr(21 janvier 2020)

Des chercheurs affirment que l’épuisement et le stress chronique ressentis par les personnes qui souffrent d’un burn out sont des manifestations cliniques susceptibles de conduire à l’apparition d’une fibrillation auriculaire, un trouble du rythme cardiaque qui accélère le cœur et le fait battre de manière irrégulière, et qui n’est pas sans complications.

Le syndrome d’épuisement professionnel, équivalent en français du terme anglais «  burnout », se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Selon la Haute Autorité de santé (HAS) ce syndrome peut se traduire par des manifestations plus ou moins importantes, d’installation progressive et souvent insidieuse. Aussi bien sur le plan émotionnel (anxiété, manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité…), cognitif (troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration…) ou de l’attitude (repli sur soi, baisse de motivation et du moral, dévalorisation…).

Les manifestations chroniques peuvent aussi apparaître sur le plan physique comme des troubles du sommeil, des troubles musculo-squelettiques (lombalgies, cervicalgies) des céphalées et des troubles gastro-intestinaux. Des chercheurs de l’Université de Californie du Sud à Los Angeles mettent en garde contre une conséquence peu connue qui peut survenir sur le long terme pour les personnes concernées  : le burn out serait associé à une perturbation potentiellement mortelle du rythme cardiaque appelée fibrillation auriculaire (ou atriale). Il s’agit d’une forme d’arythmie (battements de cœur irréguliers) qui survient quand le signal électrique qui régule les battements de cœur est perturbé.

Un risque augmenté de 20%

Dans certains cas, aucun symptôme perceptible ne permet d’identifier la fibrillation auriculaire ou atriale. Elle peut alors rester ignorée, être découverte lors d’un électrocardiogramme (ECG) ou être révélée par des complications telles qu’un accident vasculaire cérébral ou une insuffisance cardiaque. A l’inverse, elle peut causer des symptômes variés comme des palpitations, un essoufflement ou des douleurs dans la poitrine.

« L’épuisement vital, communément appelé syndrome d’épuisement professionnel, est généralement causé par un stress prolongé et profond au travail ou à la maison. Il diffère de la dépression », explique le Dr Parveen K. Garg, auteur de l’étude.

De précédents travaux avaient mis en avant les conséquences du syndrome d’épuisement professionnel sur la santé cardiovasculaire, mais les résultats étaient mitigés. De plus, l’association entre celui-ci et la fibrillation auriculaire n’avait jamais été évaluée. Les chercheurs ont interrogé pendant 25 ans plus de 11 000 personnes vis-à-vis de leur épuisement vital lié au burn out, leur colère, leur usage d’antidépresseurs et leur soutien social et se sont montrés attentifs à la survenue d’une fibrillation auriculaire. Il s’avère que les participants avec le score le plus élevé en terme d’épuisement vital présentaient un risque plus élevé de 20% de développer une fibrillation auriculaire au cours du suivi.

En cause  : stress psychologique et inflammation de l’organisme

Bien qu’une étude plus approfondie soit nécessaire pour mieux comprendre la relation observée, les chercheurs mettent en avant une hypothèse quant au mécanisme en jeu. « L’épuisement vital est associé à une inflammation et une activation accrue de la réponse du corps au stress physiologique. Lorsque ces deux choses sont déclenchées de façon chronique, elles peuvent avoir des effets graves et dommageables sur le tissu cardiaque, ce qui pourrait éventuellement conduire au développement de cette arythmie », ajoute le Dr Parveen Garg. En revanche aucun lien n’a été trouvé entre la colère, l’utilisation d’antidépresseurs ou un mauvais soutien social et le développement de la fibrillation auriculaire.

«  Les résultats pour la colère et le soutien social sont cohérents avec les recherches antérieures, mais deux études précédentes ont trouvé une association significative entre l’utilisation d’antidépresseurs et un risque accru de fibrillation auriculaire. De toute évidence, il reste encore du travail à faire », souligne le scientifique. Les chercheurs affirment que des recherches supplémentaires sont aussi nécessaires pour identifier des actions concrètes que les médecins peuvent mettre en place pour aider ces patients épuisés. Notamment l’importance d’apprendre à réduire son stress, l’un des leviers d’action pour prévenir le burn out mais aussi préserver de manière globale la santé cardiovasculaire.