Lannion. Retour sur l’affaire France Télécom

Revue de Presse

Source : ouest-france.fr (25 Septembre 2020 )

La sociologue Daniele Linhart a suivi le procès France Télécom en 2019. Avant la conférence qui se tiendra le lundi 28 septembre à Lannion (Côtes-d’Armor), elle apporte son éclairage sur le sujet.

Danièle Linhart, sociologue, regrette de ne pas pouvoir se déplacer pour la conférence : «  Ce genre de débat est fondamental. »

Vous parlez du «  cas France Télécom ». Pour vous, c’est un cas à part ?

La méthode qu’a employée l’entreprise pour licencier ses salariés est une sorte de modèle laboratoire qui émergeait à l’époque, (au milieu des années 2000), la direction amorçait le virage de la commercialisation, de la privatisation. Elle a mis en place une politique très brutale de mobilités forcées, de déstabilisation systématique de ses salariés pour aboutir au résultat souhaité, soit se séparer de 22 000 d’entre eux, au nom des résultats financiers.

Quelle a été la réponse des salariés ?

Jusque-là, ils formaient une communauté professionnelle dont l’engagement dans le travail était reconnu. On parle d’agents enracinés dans une entreprise à la pointe de la technologie et dont ils étaient fiers. Les salariés n’ont pas compris que, du jour au lendemain, elle se tourne vers des valeurs du privé. Les syndicats ont engagé des démarches pour comprendre ce qu’il se passait à travers des enquêtes menées par des experts, de questionnaires et des rencontres régulières avec leurs collègues. Ils ont essayé de comprendre pourquoi on voyait apparaître ce phénomène de suicides, de burn-out, de stress…

L’évolution du travail est votre domaine de recherche, quel est votre souhait dans ce domaine ?

On est à un tournant historique, si on ne met pas en débat l’enjeu de la définition de la finalité du travail, on va dans le mur. La rationalité économique ultralibérale est délétère pour les salariés, mais aussi pour les consommateurs, et prédatrice pour les ressources de la planète. Je pense qu’on a tout à inventer en mobilisant l’intelligence collective.