Source : la-croix.com (16 janvier 2021 )
Vie au travail. De plus en plus de salariés télétravaillent. Un enjeu aujourd’hui est de trouver un substitut à la pause-café.
55 % des salariés viennent au bureau en premier lieu pour « la vie sociale avec les collègues », contre 47 % avant le confinement. ZORAN ORCIK/zorandim75 – stock.adobe.com
Selon le dernier baromètre Ifop-SFL pour Paris Worksplace publié début décembre, 55 % des salariés viennent au bureau en premier lieu pour « la vie sociale avec les collègues », contre 47 % avant le confinement. D’où l’importance de favoriser les pauses et la connexion humaine : « Les managers ont été encouragés à mettre dans leurs réunions des séquences qui permettent de parler de soi, d’aller sur des registres de partage plus personnels ou plus conviviaux que le strict sujet professionnel à l’ordre du jour. Une démarche qui a toujours été bien appréciée », confie la responsable ressources humaines d’une grande enseigne de distribution spécialisée.
Prendre une pause, café ou thé, en télétravail ? Un moment diversement apprécié, alors que les pauses sont bénéfiques pour se sentir bien mentalement et physiquement dans son travail, être productif, éviter de s’épuiser ou de se sentir isolé au travail.
« On a tenté de programmer des pauses en visio »
L’étude Deskeo, réalisée en mars 2020, indique que les collègues de travail ne manquent « pas vraiment » à 74 % des personnes interrogées. Et si 29 % appellent de temps à autre leurs collègues, la majorité fuit les séances détente en visio. « On a tenté de programmer des pauses pour se donner des nouvelles, mais ça n’a pas pris », témoigne Joseph, qui travaille dans une grande coopérative agricole. Pourquoi ? Difficile à dire, selon ce quadragénaire nantais : « La peur du regard des autres ? Le sentiment de culpabilité de ne « rien» faire pendant vingt minutes ? L’impression qu’on mérite moins de faire une pause chez soi que dans l’entreprise ? »
L’attrait pour ces pauses d’un genre nouveau s’est sans doute en partie tari. « Ces moments ont mieux marché durant le premier confinement : le télétravail, c’était nouveau, la météo était cool, les salariés étaient heureux de se retrouver alors que pour le second confinement, ils ont surtout vécu l’enfermement contraint devant leur écran et ont beaucoup moins goûté la séparation physique d’avec leurs collègues. La pause avait un caractère plus artificiel et a été moins suivie », poursuit la responsable RH.
« Les jours où je ne suis pas en télétravail, je suis contente de faire une vraie pause avec les collègues présents, confie Sophie, conseillère au sein d’une chambre d’agriculture. Et quand je travaille à la maison, je profite d’une question à régler avec une collègue pour l’appeler et on prend notre pause-café à deux. »
Les salariés en télétravail régulier se sentent plus isolés
Selon le baromètre Ifop-SFL, qui s’appuie sur une double enquête avant et après le premier confinement, les salariés en télétravail régulier (hors confinement) se sentent deux fois plus isolés que les autres. Au sein de sa petite équipe, Sophie constate que ces pauses sont plutôt appréciées de ses collègues femmes : « En présentiel comme à distance, on a plus besoin de communiquer. »
À Noël, certaines équipes ont rivalisé d’ingéniosité pour vivre en visio des moments plus festifs, en proposant des jeux en ligne par exemple. La coopérative de Joseph a organisé un concours de « pulls moches de Noël », qui a donné lieu « à une belle mosaïque ».