Les opérateurs télécoms face au défi de leur empreinte carbone

Revue de Presse

Source : lesechos.fr (10 novembre 2021 )

Même s’ils ne génèrent que 0,1 % des émissions de gaz à effet de serre en France, les opérateurs télécoms veulent verdir leur empreinte. Les initiatives se multiplient. Le problème numéro 1 reste les émissions de leurs fournisseurs et clients.

Les réseaux des opérateurs représentent 0,1 % des émissions de gaz à effet de serre en France, selon le Sénat. (Photo NKTN/Shutterstock)

Pour se rendre à la COP26 de Glasgow qui a lieu ces jours-ci, certains militants ont pris… le train, et non l’avion. Mais quid de leur forfait mobile et de leur téléphone portable ? Même si elle est moins visible que les traces de kérosène dans le ciel, la pollution liée au numérique «  pèse » en France. D’ici 2040, le digital pourrait même représenter à lui tout seul 7 % des gaz à effet de serre, contre 2 % aujourd’hui, selon un rapport du Sénat.

Sur ce total, les réseaux des opérateurs ne représentent certes qu’une fraction infime (0,1 % des émissions françaises), face aux data centers et à la fabrication des smartphones. Mais les télécoms ont été pointés du doigt lors du lancement de la 5G fin 2020. A cela s’ajoutent les attentes de leurs propres clients. «  Certains de nos abonnés commencent à nous challenger sur le sujet », reconnaît Anthony Colombani, directeur de la RSE chez Bouygues Telecom.

Enfin, d’un point de vue économique et face à l’explosion des usages, les opérateurs ont aussi un intérêt bien compris à «  consommer » moins. Les «  telcos » ont donc pris le taureau par les cornes.

Un travail permanent

Les objectifs sont ambitieux. Bouygues veut diviser par deux ses émissions directes (celles liées à la flotte de véhicules, à la climatisation…) et indirectes (électricité consommée par les réseaux, les data centers, les bureaux) d’ici 2030. Iliad, la maison mère de Free, veut les ramener à zéro dès 2035. Orange et SFR visent le même objectif à l’horizon 2040.

Pour y arriver, les opérateurs cherchent d’abord à optimiser leurs réseaux fixes et mobiles. Concrètement, cela signifie adapter la puissance des antennes en fonction du trafic, remplacer les vieux équipements par du nouveau matériel moins énergivore, utiliser des antennes recyclées, ou reconditionnées…

«  C’est un travail permanent, témoigne Claire Perset, secrétaire générale d’adjointe de SFR. Par exemple, nous avons retiré depuis 2017 62 % des plus petites antennes. »

Depuis quelques mois, Iliad éteint même pendant la nuit l’une des fréquences 4G sur l’ensemble de son parc d’antennes. De quoi diminuer la consommation globale d’environ 10 %. Bouygues mène une expérimentation similaire.

Aller plus loin

Après réduire, il faut «  verdir ». Tous les opérateurs cherchent à fonctionner à 100 % avec de l’énergie renouvelable. Aujourd’hui, cet effort passe surtout par des certificats de garantie d’origine. Les opérateurs sont ainsi sûrs qu’une certaine quantité d’énergie renouvelable est produite, même si ce n’est pas celle qui sera consommée directement.

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Désormais, les opérateurs veulent donc aller plus loin, avec des «  PPA » (Power Purchase Agreement). Ces contrats de long terme permettent de s’approvisionner directement en énergie renouvelable, en achetant la capacité d’un parc éolien, solaire, sans subir les évolutions de prix. Orange a signé trois PPA, avec Boralex sur l’éolien et Engie et Total sur le solaire. Bouygues a signé son premier PPA en mai dernier tandis qu’Iliad s’apprête à faire de même d’ici la fin de l’année.

Le casse-tête du scope 3

Mais pour les opérateurs, le plus difficile est de réduire le scope 3. C’est-à-dire les émissions générées par leurs fournisseurs (fabrication et transport des boxes, des antennes 4G-5G…) et leurs clients (consommation électrique des smartphones, etc.) Chez Orange, ces émissions sont six fois plus importantes que le scope 1 et 2. Elles représentent 96 % des émissions de Bouygues Telecom.

Pour cela, les opérateurs travaillent sur des box plus «  vertes », avec du plastique recyclé, des circuits gravés plus finement… «  Nous avons réduit la consommation énergétique de nos boxes de 30 % », explique Anthony Colombani chez Bouygues Telecom. Autre initiative, des bornes en boutique pour récupérer les vieux smartphones. Ceux hors d’usage sont recyclés par des partenaires. Les autres peuvent être reconditionnés et revendus sur des plateformes comme BackMarket.