Procès France Télécom : non mais allô, quoi !

Revue de Presse

Source  : charliehebdo.fr (18 mai 2022 )

Le procès en appel de plusieurs anciens dirigeants de France Télécom s’est ouvert à Paris la semaine dernière. Ils contestent notamment leur condamnation en 2019 pour «  harcèlement moral institutionnel ».

Jusqu’au 1er juillet, la cour d’appel de Paris va juger les deux anciens dirigeants de France Télécom (devenu Orange), pour «  harcèlement moral institutionnel », et quatre autres ex-responsables pour «  complicité de harcèlement moral ». L’entreprise, personne morale, elle aussi condamnée en première instance, n’a pas fait appel. Contrairement aux patrons, qui jugent leurs condamnations trop injustes, et ­clament leur innocence.

Petit rappel des faits  : de 2007 à 2010, France Télécom, privatisée depuis 2004, vise 22 000 départs et 10 000 «  mobilités ». Cette politique répondait à «  la nécessité de poursuivre la transformation du groupe » face aux défis technologiques de l’évolution vers le numérique et à «  une concurrence exacerbée », a gémi Didier Lombard, ­ex-P-DG, devant les juges. À l’époque, il est bien moins sensible et ne donne à voir que sa morgue. Il parle alors d’une «  mode du suicide » chez les salariés, pour expliquer la vague qui, dans ces années-là, pousse plusieurs dizaines de salariés à se foutre en l’air ou à tenter de le faire, à cause du harcèlement exercé par les cadres dirigeants. C’est que, pour pousser vers la porte les salariés sans avoir à les licencier – et à leur verser des indemnités –, France Télécom élabore des tas de plans. Et devient même le symbole de ces entreprises au management toxique qui encouragent le harcèlement moral et la déshumanisation au travail. Or ce système, jadis nié par les dirigeants de la boîte, sert aujourd’hui de prétexte pour les dédouaner de leurs responsabilités. Petit conseil aux avocats des plaignants  : évitez de plaider «  c’est la faute à la société » et à son économie mondialisée. Ça fait un peu trop gauchiste. ●