Maladie professionnelle : une députée veut plus de reconnaissance pour les télé-opérateurs

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Source : nextinpact.com (23 novembre 2016)

Brouhaha quasi-permanent, casque vissé sur les oreilles toute la journée… Afin de protéger les employés des centres d’appels, une députée de la majorité propose d’inscrire les troubles dont souffrent ces salariés (problèmes auditifs, fatigue mentale…) dans le tableau des maladies professionnelles.

« Le fait d’être constamment au téléphone expose le télé-opérateur à des chocs acoustiques et présente des risques auditifs importants sur le long terme » fait valoir la députée Sandrine Doucet, à l’appui d’une question écrite transmise aujourd’hui au ministère de la Santé. « Le manque d’isolation phonique génère un bruit ambiant qui peut conduire à une fatigue auditive, la perception d’acouphènes, un risque de lésions auditives voire de déficit auditif » insiste-t-elle.

D’après l’élue PS, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail (INRS) aurait « constaté qu’un tiers des centres d’appels en France proposaient des environnements de travail dont les niveaux sonores dépassent les seuils admissibles ». Nous n’avons pour notre part retrouvé qu’une étude (PDF) de la fameuse association, datant de 2007 et indiquant que pour « environ un quart » des centres d’appels, les seuils n’étaient pas respectés (actuellement 80 décibels maximum pour une exposition quotidienne de 8 heures), « ce qui ne peut qu’entraîner à terme des surdités ».

Une reconnaissance facilitée, mais pas automatique

Aux yeux de Sandrine Doucet, il est désormais « primordial d’exercer une vigilance médicale en amont afin d’éviter que des problèmes auditifs ne se développent ». Son idée ? « Intégrer l’activité de télé-opérateur comme maladie professionnelle reconnue par la médecine du travail ».

Aujourd’hui, il y a deux options pour obtenir une telle reconnaissance : soit la maladie dont on souffre est inscrite au tableau des maladies professionnelles, sinon, à défaut, un comité régional peut être amené à statuer sur la question, sous couvert de répondre à certaines conditions assez strictes (un taux d’incapacité permanente partielle d’au moins 25 % par exemple). Autrement dit, en automatisant le recours à la première solution, les victimes pourraient être plus facilement indemnisées. Il n’en demeure pas moins que la reconnaissance comme maladie professionnelle resterait soumise à l’instruction d’un dossier par la Sécurité sociale.

En attendant la réponse du ministère du Travail – qui devrait théoriquement arriver sous deux mois, signalons que ce dernier préconise à titre préventif aux responsables de centres d’appels de bien espacer les postes de travail (10m2 minimum), de favoriser l’alternance des tâches des salariés, de choisir des appareils peu bruyants, etc.