Très haut débit : mis sous pression, les opérateurs télécoms donnent des gages

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Source : lesechos.fr (23 janvier 2017)

A l’approche des élections, les opérateurs veulent montrer leur mobilisation. Les déploiements dans la 4G et la fibre optique s’accélèrent.

L’avertissement a été lancé dès les premiers jours de 2017, par le gendarme des télécoms lui-même. « Aujourd’hui, la priorité absolue c’est de renouer avec les investissements », déclarait alors Sébastien Soriano, le président de l’Arcep, dans une interview aux « Echos » . Tout en dénonçant le classement « désastreux » de la France dans le très haut débit.

Un sujet éminemment politique, qui plus est, l’année de l’élection présidentielle. On ne compte plus les élus locaux qui se plaignent de ne pas avoir la 4G ou la fibre optique, cette technologie qui offre une connexion plus rapide que l’ADSL. Le déploiement du très haut débit sera l’une des principales thématiques de l’année dans le secteur.

Attaqués par Sébastien Soriano, les « telcos » répondent qu’ils en font déjà beaucoup. En 2016, Orange, le bon élève de la classe, aurait investi 3,3 milliards d’euros, SFR environ 2,3 milliards, Iliad 1,3 milliard et Bouygues 800 millions. Si en valeur absolue Orange dépasse de loin les trois autres, en pourcentage de chiffre d’affaires investi, c’est Iliad qui en fait le plus (27 %). Chacun des opérateurs multiplie les annonces pour démontrer ses engagements. SFR a même organisé une conférence de presse, lundi, pour détailler ses avancées dans le très haut débit.

Course à la couverture 4G

Dans le mobile, la guerre de la 4G fait toujours rage. Les quatre grands opérateurs ont accéléré le déploiement des antennes dédiées au très haut débit mobile. En 2016, plus de 6.600 sites ont été activés, un record. Et de nouvelles fréquences ont été mobilisées.

Bouygues Telecom et SFR ont notamment mis un coup d’accélérateur. Le premier, qui a fait de la 4G un vrai argument commercial, a dépassé les 10.000 antennes allumées en 2016 et couvre à ce jour 85% de la population. La majorité des efforts sont consacrés aux zones peu denses, là où l’opérateur investit en commun avec SFR. Celui-ci a d’ailleurs multiplié par deux son nombre d’antennes 4G et porté sa couverture de la population à 81 %.

Comme le rappelait Fabienne Dulac, la patronne d’Orange France, sur son compte Twitter vendredi, Orange garde néanmoins une tête d’avance : il couvre désormais 88% de la population. Pour sa part, Free reste bon dernier (73 % au 30 septembre 2016), même s’il a activé lui aussi un nombre record d’antennes.

Leadership disputé dans le fixe

Dans le fixe, Orange et SFR se disputent le leadership. SFR totalise 2 millions de clients très haut débit, et Orange 1,3 million. Mais la différence entre les deux, c’est que chez Orange, on installe la fibre jusque dans les logements (FTTH), tandis que chez SFR, pour près de 90 % des clients, la fibre reste au bas de l’immeuble et les abonnés sont raccordés au câble.

Du côté d’Iliad, après avoir clairement ralenti la cadence, l’opérateur accélère à nouveau depuis deux ans dans le FTTH ; il compterait près de 300.000 clients à ce jour. Bouygues Telecom, qui compte seulement 100.000 abonnés FTTH, tente de combler son retard. « C’est la technologie du futur », a rappelé la semaine dernière Olivier Roussat, le pdg de l’opérateur , qui a promis des annonces en termes d’investissement dans la fibre à l’occasion de la présentation des résultats annuels, en février.

Pressés par le régulateur comme par les clients, les opérateurs sont aussi obligés d’investir pour conserver leur place sur un marché à quatre acteurs. « Les entreprises qui investissent beaucoup moins que les autres seront à terme évincées du marché », assure un haut cadre des télécoms. Investir ou fusionner, les « telcos » pourraient bien avoir fait leur choix.