Remettre en place des temps de discussion et d’échange éviterait pas mal de souffrance au travail

Revue de Presse

La qualité de vie au travail, ça n’est pas seulement installer un baby-foot dans une salle de repos et proposer des cours de sophrologie une fois par mois. Isabelle Meaume, psychologue du travail, a voulu sortir des clichés, hier, à Guéret.

« Il y a pas mal de risques psychosociaux dans le monde bancaire. Nous avons déjà mis en place des choses pour améliorer le bien-être au travail, indique un manager qui travaille dans une banque dont le siège est à Limoges. Nous organisons par exemple une réunion ‘droit d’expression’ tous les deux mois. Nous fermons l’agence pendant une heure et les questions fusent. » Ce professionnel est venu hier à Guéret pour chercher de nouvelles pistes de réflexion, lors d’une journée d’information organisée par le Medef de la Creuse et l’Acist 23 (Association creusoise interentreprises de santé au travail).

1 La qualité de vie au travail, ça coûte cher ? Face à un auditoire composé d’une quinzaine de professionnels (DRH, formateurs, présidents d’associations), Isabelle Meaume, psychologue du travail et ergonome à l’Acist 23, a souhaité balayer les clichés.

Première idée reçue, la qualité de vie au travail, ça coûte cher à l’entreprise. Il faut investir pour offrir un espace de travail chaleureux, parfois réorganiser les services… « L’investissement sera très vite rentabilisé. Un employé qui se sent bien se montrera plus actif et donc plus efficace, il sera moins souvent absent », souligne Isabelle Meaume. Et d’ajouter : « L’INRS estime que le coût annuel du stress professionnel en France peut aller jusqu’à trois milliards d’euros, sans parler des accidents du travail et des maladies professionnelles ».

2 Et ça prend du temps ? Deuxième idée reçue, la qualité de vie au travail, ça prend du temps. « Ça n’est pas une perte de temps, tranche Isabelle Meaume. Au bout du bout, l’employeur aura gagné du temps. Il y aura moins d’accidents, moins de maladies professionnelles, moins d’absentéisme et une plus grande implication des salariés. »

3 Faut-il rétablir des espaces de discussion ? Isabelle Meaume souligne l’importance des temps de discussion. Ils se sont perdus, notamment « à cause des objectifs qui obligent à travailler dans l’urgence ». Les moments de convivialité, par exemple le café avant la prise de poste, permettent aux salariés et aux encadrants d’échanger.

« Je suis allée faire un diagnostic dans une entreprise creusoise de douze salariés. Il y avait une cafetière dans le bureau du manager, raconte la psychologue. Certains s’autorisaient à y aller et d’autres non. Certains étaient privés de cet espace de discussion. Ça avait un impact sur le travail. » Isabelle Meaume a tout simplement préconisé au chef d’entreprise d’installer une cafetière accessible à l’ensemble des salariés.

Les repas de fin d’année, qui ont disparu dans certaines entreprises, font également leur retour car ils ont démontré leurs bénéfices. « 90 % des problèmes dans une entreprise sont liés à la communication », indique la psychologue. Créer des temps d’échanges permettrait donc de résoudre une grande partie des problèmes.

Ces espaces de discussion se jouent à deux. « Ce n’est pas parce que l’employeur le met en place que ça va marcher. Il faut restaurer la confiance avec les salariés. Les gens ne sont plus habitués à parler et encore moins au travail. Ça fait des années qu’ils sont devenus des exécutants. »

4 Et multiplier les réunions ? Selon Isabelle Meaume, les espaces de discussion sont importants mais « trop de réunion tue la réunion ». Elle donne l’exemple d’une entreprise creusoise de 110 employés où les temps de réunion représentaient l’équivalent de dix salariés qui n’étaient pas au travail.

« Aux États-Unis, il n’y a plus de chaises dans les salles de réunion. Tout le monde est debout. Comme ça, on va à l’essentiel. En France, on a tendance à mettre en place des réunions pour tout. C’est une perte de temps réelle. »

5 Faut-il se fier à l’absentéisme ? La psychologue du travail a expliqué qu’un taux d’absentéisme faible n’était pas forcément un indicateur du bien-être des salariés. « J’ai rencontré des salariés en situation de mal-être mais qui étaient toujours au travail. Les gens restent parfois jusqu’au bout. Les Creusois sont très durs à la tâche. Ils tiennent jusqu’à ce que la situation soit intenable. Plus les gens s’enfoncent dans la souffrance, plus c’est difficile de rebondir. »

Source : lamontagne.fr (01 décembre 2017)