Opérateurs télécoms : « structurellement, le secteur peut fonctionner à quatre », estime le patron de l’Arcep

Revue de Presse

L’année 2017 s’illustre par d’importantes évolutions dans le marché des opérateurs télécoms. Si Orange consolide sa place de leader, Bouygues Telecom rebondit, SFR se redresse enfin et Free perd pour la première fois des plumes. Et dans le même temps, les prix continuent à baisser suite à la guerre commerciale acharnée que se livre les acteurs alors que les investissements sont toujours à la hausse.

Les faiblesses ont changé de camps. Bouygues Telecom n’est plus la cible privilégie tandis que SFR, s’il regagne des clients est fragile financièrement. De quoi relancer les idées de concentration et d’un retour à trois avec comme objectif l’amélioration de la rentabilité ? Chez Orange, le discours est le même depuis plusieurs années, chez Bouygues, une année c’est oui, la suivante c’est non. Et les rumeurs de discussions entre les uns et les autres repartent de plus belle.

Pour le régulateur au contraire, tout cela est inutile et surtout contre-productif. Dans un entretien à la Tribune, son président Sébastien Soriano n’y va pas par quatre chemins, renvoyant ces opérateurs si prompts à casser les prix à leurs responsabilités.

‘Ce qui tend le marché aujourd’hui, c’est une guerre des prix’

‘Je voudrais commencer par rebondir sur les propos de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, qui a récemment jugé « inéluctable » [ « inévitable », en fait] une consolidation sur le marché français. Je ne suis pas d’accord avec lui. Structurellement, le secteur peut fonctionner à quatre. Il n’y a aucune impossibilité. Ce qui tend le marché aujourd’hui, c’est une guerre des prix.

Mais cette bataille, c’est bien les opérateurs qui l’ont choisie… C’est leur décision. Et c’est cette situation qui leur fait dire, maintenant, que les investissements que le gouvernement et l’Arcep les poussent à faire ne sont plus soutenables ! Or, depuis mon arrivée, nous ne leur avons jamais dit que leurs prix étaient trop élevés.

On peut, en outre, s’interroger : est-ce que cette guerre des prix ne vise pas à faire trébucher un maillon faible pour pousser à une consolidation ? Il y a un aspect potentiellement stratégique dans ce que nous observons sur ce marché, avec un effet possiblement autoréalisateur. Et je partage l’opinion des secrétaires d’État Delphine Gény-Stephann et Mounir Mahjoubi, qui estiment que les pouvoirs publics n’ont pas à désirer une consolidation’.

Et de poursuivre : ‘Aujourd’hui, certains n’ont d’yeux que pour la consolidation… Or le bon chiffre dont il faut discuter, ce n’est pas trois ou quatre, mais cinq, comme 5G !’

En mai dernier déjà, le régulateur trouvait la consolidation injustifiée. ‘La consolidation n’est ni nécessaire, ni souhaitable. Une fenêtre se referme. Il y a deux acteurs forts qui investissent beaucoup : Orange va bien, SFR tend à se renforcer. La situation est un peu différente pour Bouygues Telecom et Free. Le premier est entré tardivement dans le fixe, et le second, dans le mobile. Lorsque sur un marché à quatre, deux avaient un handicap, la consolidation pouvait avoir du sens. Mais la part de marché de Bouygues Telecom a dépassé les 10 % dans le fixe et Free Mobile affirme avoir atteint ses objectifs de déploiement de la 3G avec un an d’avance et poursuit ses efforts dans la 4G’ disait Sébastien Soriano. 

Même tonalité quelques mois plus tôt :  ‘Alors que le marché trouve enfin sa dynamique à quatre, j’ai du mal à comprendre ce que les Français auraient à gagner d’une consolidation. Le seul intérêt des actionnaires n’est pas suffisant. Et un tel cas de figure pourrait être très dangereux pour l’investissement. Un nouveau cycle de négociations entre opérateurs ferait à nouveau perdre deux ans au secteur. Or c’est le moment d’investir dans la fibre. Si des négociations devaient reprendre, l’Arcep serait très vigilante et exigeante’.

Source :   zdnet.fr (14 septembre 2018)