Stéphane Richard (Orange) : « Il est clair que le digital est un facteur d’inclusion »

Revue de Presse

Source : challenges.fr (3 décembre 2018)

A l’occasion du Sommet de l’économie, organisé par Challenges les 6 et 7 décembre à Paris, le PDG d’Orange, prône pour une réduction de la fracture numérique au niveau planétaire.

On parle volontiers de fracture numérique. Cela voudrait-il dire que le numérique, c’est tout bénéfice?

Stéphane Richard, PDG d’Orange : En tout cas, il est clair que le digital est un facteur d’inclusion. Et quand on parle de la fracture numérique, c’est au niveau de la planète qu’elle est béante : la moitié de sa population n’est pas connectée, comme je le rappelle dans le livre que je viens de publier, Human Web. En Afrique, c’est 80% de la population qui n’a pas accès un réseau. Et les 750 opérateurs télécoms que compte la planète ne peuvent pas, à eux seuls, lutter contre cette inégalité. J’en ferai un de mes leitmotivs quand je prendrai dans quelques semaines la présidence de l’organisation mondiale du secteur.

Pourquoi parler d’inégalités?

Parce que je suis fermement convaincu que ne pas lutter contre cette situation, c’est priver les pays les moins avancés d’une opportunité de décollage et d’amélioration des conditions de vie de leur population. A Orange, nous voyons bien comment, en Afrique, le mobile banking, la santé connectée ou l’éducation via les MOOC, ces cours en ligne ouverts à tous, sont des facteurs de progrès.

Et, en France, existe-t-il une fracture numérique?

L’exclusion en France prend deux formes : les ‘zones blanches’ pour lesquelles nous investissons dans les réseaux afin de ne pas donner ce sentiment d’abandon des territoires; et les accords de type ‘new deal’ vont dans le bon sens. Mais il y a un sujet qui n’est pas lié à l’infrastructure : le dernier sondage BVA sur les Français et le digital nous apprend que 13 millions de personnes ne savent ni envoyer ni recevoir un mail…

Que fait Orange pour cette population?

La fondation Orange a créé des Maisons du numérique –il y en a plus de 200 sur tout le territoire– qui proposent des formations de bases, qui interviennent dans les Ephad… Voir le visage d’une personne âgée se transformer en découvrant un message de ses petits-enfants sur une tablette, c’est juste incroyable; et cela vaut bien tous les tracas que parfois les réseaux sociaux apportent.

Comment faire pour que la technologie ne soit pas un facteur d’exclusion?

Travailler sans relâche l’ergonomie et prévoir des modalités d’accompagnement. Quand nous avons travaillé sur Orange Bank l’an dernier, j’ai souvent dit d’une fonctionnalité qu’elle était trop compliquée. Et c’est pour arriver à une simplification la plus parfaite possible que nous avons décalé le lancement l’an dernier.

La digitalisation de l’administration n’accélère-t-elle pas aussi les inégalités?

Il ne faut pas en effet se contenter de mettre du digital dans le process en espérant en tirer des économies, notamment dans les services publics. Cela demande que chacun fasse des efforts, à commencer par l’Education nationale.