Source : lesechos.fr (14 janvier 2019)
Michaël Trabbia est le patron d’Orange Belgique depuis 2016. (Crédits : DR) Michaël Trabbia, le patron de la filiale belge du géant français des télécoms, estime que la question de la pérennité du groupe dans le plat pays se pose. Et ce, dans un contexte où le gouvernement a donné son feu vert, cet été, à l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile.
Orange sera-t-il toujours en Belgique ces prochaines années ? La question se pose, si l’on en croît Michaël Trabbia, le patron de la filiale belge du géant français des télécoms, qui a récemment été interrogé à ce sujet dans l’émission ‘C’est pas tous les jours dimanche’, sur la chaîne RTL-TVI. À cette occasion, un journaliste a demandé au dirigeant si les « ses actionnaires » ne souhaiteraient pas, « un jour […] abandonner le marché belge ». « C’est un vrai sujet, absolument », a répondu Michael Trabbia.
Pourquoi ? Parce que l’opérateur est aujourd’hui dans une situation délicate sur le front du mobile comme de l’Internet fixe. Dans la téléphonie mobile, son cœur de métier en Belgique, Orange dispose d’une solide part de marché. En 2017, celle-ci s’élevait, selon le document de référence du groupe, à près de 27%, derrière l’opérateur historique Proximus et son rival Telenet.
Mais sur ce marché, les affaires d’Orange sont menacées. De fait, le gouvernement du plat pays a donné son aval, cet été, à l’arrivée d’un quatrième opérateur pour faire baisser les prix. Aujourd’hui, personne ne sait quel acteur pourrait endosser ce costume. Mais son arrivée, qui devrait intervenir au printemps prochain au terme d’enchères pour de nouvelles fréquences mobiles, impactera sans nul doute l’activité des acteurs en place.
Un très cher accès aux réseaux câblés
Le problème pour Orange, c’est que contrairement à ses rivaux, il n’est que très peu présent dans l’Internet fixe. Sur ce marché caractérisé par un duopole entre Proximus (spécialisé dans le VDSL dans tout le pays) et les cablô-opérateurs régionaux Telenet/Voo, l’opérateur français n’a pas de réseau propre. Si le régulateur lui a permis d’utiliser les réseaux câblés de ses rivaux, Telenet (en Flandre) et Voo (en Wallonie), il paye cet accès au prix fort. C’est-à-dire « 20 euros par ligne et par utilisateur par mois », peste Michael Trabbia. « C’est un prix qui est encore trop cher, qui doit baisser », lance-t-il. Car « aujourd’hui, nous vendons nos offres à perte », affirme-t-il.
Cette sortie de Michaël Trabbia intervient alors que la Belgique s’est émue, la semaine dernière de l’annonce de Proximus, qui veut supprimer 1.900 emplois, soit 15% de ses effectifs, ces trois prochaines années. Pour justifier ses coupes d’effectifs, l’état-major de l’opérateur historique a notamment argué « des conditions de marché agressives », en référence à l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile.